P-au-P., 20 août. 02 [AlterPresse] --- Le journaliste Israà« l Jacky Cantave maintient toutes les explications qu’il a fournies jusqu’ici à la presse concernant son enlèvement et déplore l’entêtement des autorités à faire passer celui-ci pour "un montage".
Joint au téléphone par AlterPresse, le confrère de Radio Caraïbes FM, qui est soutenu dans sa version des faits par son directeur Patrick Moussignac, relève des contradictions majeures entre les déclarations faites par le directeur central de la police judiciaire la semaine dernière et celles tenues lors d’un point de presse le lundi 19 août.
Jeannot François avait en effet admis que le journaliste et son cousin, Frantz Ambroise, avaient subi des sévices corporels, avant de se rétracter en précisant que les rapports médicaux ne concordent pas avec les dépositions des deux concernés au sujet de leur état de santé. Les rapports n’ont révélé aucun "dommage mesurable", a soutenu le directeur de la DCPJ.
Israà« l Jacky Cantave et son directeur Patrick Moussignac ne s’expliquent pas ce revirement vu que le commissaire François était déjà en possession des rapports médicaux, dont il fait mention, depuis sa première conférence de presse, la semaine dernière.
Israà« l Jacky Cantave note plusieurs graves omissions dans les "éléments de l’enquête" présentés par la police judiciaire. Le directeur de la DCPJ n’a pas dit, précise le journaliste, que les autorités venues les rejoindre (Cantave et son compagnon) après leur libération avaient encouragé le directeur de la station à les emmener à l’hopital du Canapé-Vert en lieu et place de Citymed (non loin de Delmas) pour lequel il avait opté.
Jeannot François n’a pas dit non plus, poursuit Jacky Cantave, que c’est le médecin personnel du secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Patrick René Pierre, que celui-ci a fait passer indûment pour le médecin de service ce soir-là , qui a rédigé l’un des trois rapports (médicaux). "Un deuxième rapport est dressé par le médecin légiste du gouvernement, le docteur Darang". Le directeur central de la police judiciaire a omis enfin de signaler, ajoute le journaliste, que la direction de Radio Caraïbes a dû hausser le ton pour que le médecin que la station avait requis sur le dossier, en l’occurrence le docteur Paul Berne, puisse effectivement analyser l’état de santé des deux patients. Le rapport du docteur Berne diffère des deux autres.
Le présentateur du journal "Dernière Occasion" maintient par ailleurs que sa voiture a été percutée au niveau de l’une des portières par un deuxième véhicule qui les suivait le soir de l’enlèvement. Lors de sa conférence de presse lundi, le commissaire Jeannot François a fait état de l’implication du véhicule du confrère dans un accident dans la matinée du 15 juillet, tout en précisant que l’expertise de la police scientifique révèle qu’il n’y a pas eu deux accidents. Jeannot François dit détenir l’information (de l’accident de la matinée) d’un garage alors que le directeur de Radio Caraïbes FM affirme, dans une conversation téléphonique avec AlterPresse, que c’est la station qui avait signalé ce fait à la police.
Israà« l Jacky Cantave dément les allégations du directeur central de la police judiciaire selon lesquelles son ami et lui n’étaient pas seuls dans la voiture le soir de l’enlèvement. Le jeune confrère se montre enfin sceptique par rapport aux six témoins que le directeur de la DCPJ prétend avoir interrogés et dont les dépositions n’auraient pas permis de confirmer l’enlèvement. "Pourquoi ne pas nous confronter ? (ces prétendus témoins et moi-même)", se demande le journaliste.
C’est le deuxième rapport, en l’espace d’une semaine, que la direction centrale de la police judiciaire soumet au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince autour de l’affaire Jacky Cantave.
Si le commissaire Jeannot soulève d’ores et déjà beaucoup d’interrogations, il évite, dit-il, de tirer des conclusions hâtives. Il dit attendre d’autres éléments en vue de conclure l’enquête.
Israà« l Jacky Cantave assimile ces sorties fracassantes dans la presse du directeur de la DCPJ à une mise en scène dont la trame avait été esquissée par certaines personnalités influentes du régime en place. Le confrère fait référence à la ministre de la culture, Lilas Desquiron, qui avait déclaré, avant même l’ouverture de l’enquête, que celle-ci réservait des "surprises", et au président contesté de la chambre des députés, Rudy Hérivaut, qui avait renchéri en parlant de "mauvais scénario".
Israà« l Jacky Cantave, 28 ans, marié récemment, et son ami, Frantz Ambroise (employé municipal) avaient été enlevés dans la soirée du 15 juillet 2002, et retouvés 24 heures après à Petite Place Cazeau, Est de Port-au-Prince.
Cet enlèvement avait suscité une grande émotion au sein d’une corporation déjà fortement éprouvée par l’assassinat du PDG de Radio Haïti Inter (et de son employé Jean Claude Louissaint), le 3 avril 2000, et celui du directeur de l’information de Radio Echos 2000 à Petit Goâve, Brignol Lindor, le 3 décembre 2001.[vs apr 20/08/02 06:20]