La mise en application de programmes de cantines scolaires dans les écoles fondamentales constitue un ouf de soulagement pour certains pères et mères de familles haïtiennes qui gagnent difficilement leur vie dans des conditions, parfois, dégradantes.
P-au-P, 15 Mai 07 [AlterPresse] --- A Carrefour-Feuilles, au sud-est de Port-au-Prince, les dépenses de cheffes et chefs de ménage pour donner à manger aux enfants se voient progressivement diminuer durant les jours de classe, à cause, notamment, d’un programme de cantines scolaires mis en œuvre dans la zone, suivant les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
À l’École paroissiale St-Gérard, plus de 1 500 élèves bénéficient d’un plan soutenu par les Nations Unies à travers le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Selon la religieuse Yola Norélus, directrice pédagogique de cet établissement scolaire, cela est déjà une satisfaction pour des centaines de mères et pères de familles misérables.
« Ils n’ont pas à se casser la tête, car ils savent que leurs enfants trouveront de quoi manger à l’école », déclare, à AlterPresse, la Sœur Yola Norélus.
Le « Programme de Cantine Scolaire » du PAM s’inscrit dans le cadre des efforts de promotion de l’éducation universelle préconisée par les Nations Unies à travers ses objectifs du Millénaire pour le développement.
Pour se faire une idée globale de ce projet à court d’exécution dans les départements du Nord, du Nord-Est, de l’Ouest et de l’Artibonite, les responsables des Nations Unies en Haïti ont organisé, le 14 mai 2007, une visite guidée à Carrefour Feuilles, à laquelle ont pris part une dizaine de Journalistes haïtiens.
Convenablement assis, les élèves reçoivent, chacune et chacun, à partir de leurs salles de classe, un plat chaud : une assiette de riz, mélangé avec du pois rouge et de la sauce de saumon. Une petite cotisation leur est réclamée pour avoir accès à cette nourriture offerte gratuitement.
« Nous exigeons d’eux seulement une gourde haïtienne par jour », précise Sœur Norélus.
« Nous sommes très satisfaits. Les rations proposées aux écoles et aux centres de santé ainsi que les critères de préparation sont respectés », se félicite Darline Jeanty, agente de suivi du projet.
En Haïti, le programme de cantines scolaires des Nations Unies vient en aide à environ 290, 000 élèves de niveau primaire, dont les enfants des régions les plus vulnérables et difficiles des quatre départements susmentionnés.
L’École St-Gérard de Carrefour Feuilles figure parmi les 700 établissements scolaires qui bénéficient de ce programme.
« Nous recevons l’assistance du Programme Alimentaire Mondial depuis 6 ans. Nous en sommes très satisfaits », renchérit la Religieuse, entourée de Journalistes.
Dans les établissements scolaires haïtiens [privés ou publics], les salles de classe sont très surchargées. Entassés comme des sardines, écolières et écoliers ne sont pas disponibles et disposés, certaines fois, à l’apprentissage.
A l’École paroissiale St-Gérard, la situation n’est pas différente. 180 enfants se rencontrent chaque jour dans une salle de classe construite pour accueillir 80 élèves.
« Les classes sont trop pleines, nous travaillons maintenant sur un projet de décongestionnement des classes », explique la directrice pédagogique de cette école qui fonctionne en deux vacations.
Pour la prochaine rentrée académique 2007-2008, la direction de l’École St-Gérard, qui compte actuellement 11 salles de classe, envisage d’ouvrir un troisième cycle fondamental à côté des deux autres [préscolaire et primaire].
Sœur Yola Norélus ajoute que les demandes d’admission à cet établissement scolaire se multiplient à longueur de journée.
« Nous ne recevons jusqu’à présent aucune aide de l’Etat, le PAM est notre seul partenaire », indique la directrice pédagogique.
Par contre, soutient-elle, des frais annuels de plus de 1 000 gourdes sont exigés aux élèves.
« Avec ces frais scolaires, nous organisons le paiement des professeurs, des gardiens, l’entretien de l’école et l’acquisition de matériels didactiques », dit-elle.
A travers ce programme de cantines scolaires, l’ONU ambitionne de favoriser l’accès à l’éducation et de réduire l’inégalité entre les sexes, notamment par l’acquisition de nouvelles compétences. En Haïti, selon les statistiques, environ 500, 000 enfants n’ont aucune éducation de base.
En réduisant la faim à court terme et en ne favorisant pas l’utilisation des micronutritions, l’aide alimentaire encourage la fréquentation scolaire. Et, selon les Nations Unies, le programme d’alimentation scolaire assure une amélioration des compétences du personnel au niveau de la santé scolaire et de l’éducation. [do rc apr 15/05/2007 11 :00]