Haïti ne sortira du bourbier qu’en utilisant toutes ses ressources pour atteindre ce développement durable préconisé par plusieurs secteurs de la vie nationale. Une douzaine de femmes engagées dans cette quête de développement ont été honorées par l’organisation féministe « Fanm Yo La » qui croit que les femmes ont, en ce sens, un rôle crucial à jouer aux côtés des hommes ! Nous parlons de toutes les ressources, nous parlons de développement inclusif. Les femmes ont donc aussi leur place sur l’échiquier politique.
P-au-P, 14 Mai 07 [AlterPresse] --- L’organisation féministe « Collectif haïtien pour la participation politique des femmes » (Fanm Yo La) a salué, le 10 mai 2007, le travail de douze femmes haïtiennes qui ont contribué, d’une manière ou d’autre, à la promotion sociale en Haïti, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Des plaques d’ « honneur et mérite » ont été décernées à ces femmes lors d’une cérémonie tenue au siège de l’organisation sur la route de Bourdon (à l’est de la capitale). Dix de ces femmes représentent chacune un département.
Déroulée en présence, entre autres, de hauts fonctionnaires haïtiens, de représentants d’organismes de droits humains, cette cérémonie a eu pour objectif de rendre hommage aux femmes des régions haïtiennes pour leur contribution à la promotion de la participation politique des femmes en Haïti et de lancer les nouveaux projets de « Fanm Yo La ».
Les responsables de « Fanm Yo La » ont également profité de l’occasion pour inaugurer un nouvel espace portant le nom de Cécile Fatima, une figure emblématique dans la lutte pour l’indépendance d’Haïti en 1804.
« L’objectif de cette cérémonie, c’est de reconnaître l’importance de ces femmes dans la participation politique dans leurs régions. C’est de saluer ce leadership régional et national, motiver les femmes, inviter la communauté féminine régionale à suivre leurs modèles, promouvoir la participation politique des femmes à travers le pays », explique Marie Michelle Vernet Louis de « Fanm Yo La ».
Il a été également question de lancer le nouveau projet de l’organisation qui consiste en un soutien à la participation politique des femmes en Haïti. Ce projet a reçu l’appui financier du Fonds des Nations Unies pour les Femmes (UNIFEM).
Ce projet vise à « permettre aux élus locaux d’acquérir des outils pour renforcer leur capacité en vue de mener à bien leur mission, sensibiliser les partis politiques à présenter 30% de candidatures féminines aux prochaines élections législatives, outiller les femmes candidates afin de mener à bien leurs candidatures », indique Marie Hérolle Michel, qui fait une brève présentation de ce projet.
Des sessions de formation, en appui aux élus locaux issus des dernières élections, seront organisées, dans cinq départements, sur des thèmes, tels gestion des collectivités territoriales, bonne gouvernance et équité de genre.
Aux dernières élections de 2006 et 2007, environ 4 000 femmes s’étaient portées candidates. Pourtant, en l’an 2000, elles ne dépassaient pas 2 037.
« Il s’agit d’un pas, d’un énorme pas, cela est important, et même essentiel », se réjouit Lisa François, directrice exécutive de « Fanm Yo La », considérant ce résultat comme une avancée pertinente.
La dirigeante de « Fanm Yo La » informe que 400 femmes ont actuellement des responsabilités techniques au niveau des collectivités territoriales, du parlement et du gouvernement où elles sont d’ailleurs très peu nombreuses. Seulement deux femmes disposent d’un portefeuille ministériel au sein du gouvernement de Jacques Édouard Alexis.
« Nous avons gagné la première manche, elles ont été nombreuses à se présenter ; il nous faut maintenant gagner la seconde manche », indique Lisa François faisant allusion aux prochaines législatives visant le remplacement d’un tiers du Sénat.
« Nous encadrons les femmes candidates pour le renouvellement du tiers du sénat, nous entreprendrons une campagne de sensibilisation pour encourager les femmes à se porter candidates », poursuit Marie Hérolle Michel.
La journée du 10 mai 2007 a été l’occasion pour les dirigeantes de « Fanm Yo La » d’honorer certaines femmes ayant bataillé pour la représentation de la gente féminine aux différentes sphères de décision.
La juriste Gladys Saint-Jean, originaire de la Grande Anse (Sud-Ouest d’Haïti) ; Marie-Ange Noël (ancienne Mairesse de la Vallée de Jacmel, Sud-Est), la femme d’affaires Marie Carme Cinéas (Nippes, Sud-Ouest), l’Écrivaine Yanick Lahens ainsi que l’ancienne Ministre du Commerce Danielle Saint-Lot figuraient parmi les douze femmes honorées.
Bayyinah Bello, professeure d’universités, a, quant à elle, campé Cécile Fatima, une femme qui a bataillé aux côtés de Boukman lors du congrès du Bois Caïman ayant provoqué la révolte générale des esclaves de la colonie de Saint-Domingue.
« Il n’est pas du tout étonnant que Fanm Yo La décide de baptiser une salle du nom de Cécile Fatima », salue la professeure Bello, tout en critiquant les faits tels que rapportés par certains historiens dans les manuels d’histoire d’Haïti.
« Notre société accuse un retard immense dans la manière de voir le rôle des femmes », dit Antoine Auguste de la Fondation Haitel, une compagnie de téléphonie mobile qui a supporté cette activité de l’organisation « Fanm Yo La ».
Auguste affirme que l’ « hommage rendu à ces femmes veut insister sur le respect irréversible du principe d’égalité entre les sexes, d’égalité des chances, d’égalité des opportunités et d’avancement vers la promotion des femmes ».
La chanteuse Barbara Guillaume, ancienne candidate à la Municipalité de Cité Soleil, ainsi que la jeune Renette Désir ont eux aussi coopéré à la réussite de cette journée, déroulée en présence de parlementaires, de dirigeants politiques et d’officiels du gouvernement.
La chanteuse Emerante Despradines ainsi que l’Ecrivaine Paulette Poujol Oriol (cette dernière a fêté son 81e anniversaire de naissance le samedi 12 mai 2007) ont également fait acte de présence. [do rc apr 14/05/2007 10 :00]