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Saut d’eau : la tradition tient bon

P-au-P 15 juil. 03 [AlterPresse]--- Saut-d’eau ou Ville Bonheur (Centre), accueille des milliers de fidèles venant d’un peu partout à travers le pays et des communautés haïtiennes de l’étranger, à l’occasion de la fête patronale (Mont Carmel) le 16 juillet.

Toutes les raisons sont valables pour se rendre à Saut-d’eau. Dans les prières à Mont Carmel on entendra des demandes de travail, d’argent et même de mari ou de femmeÂ… « Mes prières sont exhaussées. C’est une question de foi. Si les gens n’avaient pas trouvé des réponses concrètes à leurs prières ils ne continueraient pas à s’y rendre », estime Celimène, une habituée interrogée à Port-au-Prince par AlterPresse.

Cependant, Nadine, une fidèle catholique déclare : « je n’y suis jamais allé, car je
considère la Mont Carmel à Saut d’Eau comme une fête païenne, avec la participation des pratiquants du vaudou (religion ancestrale haïtienne, d’origine africaine) ».

Les adeptes du vaudou se font en effet remarquer dans des cérémonies en l’honneur des loas (dieux du vaudou), surtout aux alentours de la chute, transformée en vaste espace de syncrétisme religieux où des invocations différentes et multiples s’entremêlent dans une cacophonie indescriptible.

C’est, par ailleurs, une occasion comme une autre de s’amuser. Les fêtards sont nombreux et transportent beaucoup de provisions, parfois même des cabris, car un de leurs plats préférés est « banane pressée et cabri boucané », qui supportent des gorgées de rhum fort. « J’aime la musique, les sons du tambourÂ… bref, j’aime l’ambiance », déclare à Alterpresse Guy Joseph, un homme d’age mur, au moment de faire sa valise.

Cette fête est aussi une période fructueuse pour les transporteurs, surtout de Port-au-Prince vers Saut-d’eau. Ce circuit passe de 100,00 gourdes à 125,00 gourdes et on assiste à un doublement du nombre de voyages par jour, indiquent des chauffeurs à AlterPresse.

Les habitants de Saut-d’eau en tirent également un peu d’argent en louant leurs maisons aux pèlerins. Ces derniers, dans beaucoup de cas, se mettent à plusieurs pour payer les frais durant 2, 3 jours ou une semaine.

Le voyage de Port-au-Prince à Saut-d’eau (moins de 100 kms) parait très long, tant la route est cahoteuse et, par endroit, fortement escarpée. Mais, une fois à Ville Bonheur, on oublie tout ou on cultive l’espoir que, pour le moins, dans sa vie personnelle ou familiale « ca va changer ». [ijb gp apr 15/07/2003 22:05]