P-au-P, 8 Mai 07 [AlterPresse] --- « Esclaves au paradis », c’est le nom d’un important événement artistique et culturel, avec tenue de colloque et projection de documentaires, qui se tiendra, à Paris (France), du 15 mai au 15 juin 2007 dans le but de faire la lumière sur les réalités de l’ « esclavage contemporain en République dominicaine », suivant un programme d’activités transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Le lancement officiel du programme est annoncé pour le 16 mai 2007 par un Colloque intitulé « Sang, Sucre et Sueur » qui réunira des activistes, intellectuels et travailleurs sociaux intéressés par les relations haïtiano-dominicaines.
L’Historien Marcel Dorigny fera le point sur l’ « Historique des relations haïtiano-dominicaines autour de la canne à sucre », le Géographe haïtien basé à Paris Jean-Marie Théodat interviendra sur « Le sucre aux Amériques ». « Problématiques et état de la recherche » seront abordés par l’Anthropologue Natacha Giafferi.
L’économiste Camille Chalmers de la Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) articulera un exposé autour de l’« Économie et esclavage, des bateyes aux zones franches ». Olivier Geneviève, Président de Sucre Éthique, accentuera son intervention sous le thème « Pour un sucre éthique ».
Le Sociologue et diplomate haïtien Guy Alexandre interviendra sur la « Diplomatie et migration internationale ».
D’autres exposés, portant sur le droit et la citoyenneté en République Dominicaine par la juriste Noemie Mendez, les perspectives et recommandations autour de l’immigration haïtienne en République Dominicaine par la travailleuse sociale Colette Lespinasse du Groupe haïtien d’appui aux réfugiés et rapatriés (GARR) ainsi que des témoignages (des prêtres catholiques romains Christopher Hartley et Pierre Ruquoy, qui ont dû laisser la République dominicaine, respectivement en octobre 2006 et en novembre 2005, à cause de persécutions politiques) clôtureront cette série de conférences.
L’événement « Esclaves au paradis » rassemble aussi une exposition photographique de Céline Anaya Gauthier, un support sonore réalisé par Esteban Colomar, les deux saisis et recueillis lors d’un reportage spécial, composé essentiellement de chants haïtiens, auprès des populations des bateyes (champs de canne-à-sucre) et des coupeurs de canne à sucre.
Cet événement vise à dénoncer les conditions de vie dans les bateyes, tant pour les coupeurs saisonniers que pour les familles.
Il a également pour vocation de soutenir l’œuvre réalisée en République dominicaine par les Pères anglais Christopher Hartley et belge Pierre Ruquoy, (1) qui ont travaillé là-bas pendant plusieurs années et vécu les conditions difficiles d’existence des habitants des bateyes formés principalement de travailleurs recrutés en différents points de la frontière et de descendantes et descendants (filles et garçons de plusieurs générations d’origine haïtienne) de ces travailleurs nés en territoire dominicain.
Les organisateurs placent cette activité dans une démarche de dénonciation globale de l’esclavage sous toutes ses formes et sur tous les continents.
Durant tout ce mois consacré à l’événement, trois documentaires inédits permettant d’approcher la vie dans les bateyes et le quotidien des braceros haïtiens, travailleurs de la canne à sucre, en République Dominicaine, seront projetés. [do rc apr 08/07/2007 11 :00]
(1) NDLR : Le prêtre anglais Christopher Hartley, qui travaillait avec une communauté de migrants haïtiens à San Jose de los llanos (Est de la République dominicaine), a été transféré en octobre 2006 dans une église à Bronx (New York, Etats-Unis d’Amérique) après huit années de pastorale.
Père Hartley s’est révélé un grand défenseur de la cause des enfants et jeunes migrants haïtiens. A cause de ses prises de position, ayant dénoncé les abus et l’exploitation des migrants haïtiens, il a reçu beaucoup de menaces de la part du secteur ultranationaliste dominicain qui l’ont accusé de ternir l’image de la République dominicaine.
En novembre 2005, sous la pression du secteur ultranationaliste dominicain, le prêtre belge Pierre Ruquoy a été lui aussi transféré en Zambie (Afrique) après 30 années de pastorale, notamment dans les bateyes en République dominicaine.
(Source : Ayiti-Dominikani Oktòb 2006)