P-au-P., 15 juil. 03 [AlterPresse] --- Michèle Montas, veuve du journaliste Jean Dominique, assassiné en avril 2000 à Port-au-Prince, s’oppose à toute séance sur cette affaire lors des assises criminelles attendues ce 15 juillet à la capitale haïtienne.
Depuis son refuge aux Etats-Unis, la Directrice de l’Information de Radio Haiti Inter a adressé ce mardi une lettre ouverte au Commissaire du gouvernement, Me Josué Pierre-Louis, pour réitérer son refus de tout procès sur la base de l’ordonnance prononcée le 20 mars 2003 par le juge d’instruction Bernard St-Vil.
« Alors que la Cour d’appel doit se prononcer sur l’ordonnance du juge St Vil, vous évoquez un procès éventuel en séance spéciale d’assises criminelles sur le meurtre de Jean Dominique, meurtre apparemment sans motifs et sans commanditaires, si l’on en croit l’ordonnance », écrit Michèle Montas dans sa lettre, dont copie a été transmise à AlterPresse.
« S’agit il de calmer les inquiétudes de personnes riches et puissantes inculpées par les juges Sénat Fleury, Gassant et St Vil lui même, de rassurer les présumés auteurs intellectuels ou complices, exonérés par l’ordonnance, ou dont les noms ont mystérieusement disparu de cette ordonnance ? », s’est interrogée la veuve de Jean Dominique. « S’agit il de bâcler un procès pour mettre fin au tollé international persistant autour de l’assassinat emblématique d’un journaliste ? Pour amadouer certains bailleurs de fonds réticents ? », s’est encore demandée Michèle Montas.
Elle a rappelé la requête de son avocat par devant la cour d’appel de Port au Prince, d’« infirmer » l’ordonnance du Juge St Vil, de « dire que l’information ouverte sur le double assassinat de Jean L. Dominique et de Jean Claude Louissaint n’est pas en état de recevoir un règlement définitif » et d’ « ordonner un supplément d’instruction ou une nouvelle information ».
« Nous rejetons tout procès sur la base de cette ordonnance éhontée », a insisté la journaliste, affirmant sa disposition a passer par toutes les étapes de la justice haïtienne jusqu’à une Cour Internationale. « Il ne sera pas dit que Jean Dominique et avec lui tout ceux qui ont été assassinés pour la démocratie, ne peuvent pas trouver justice dans notre pays », souligne Michèle Montas, qui exige « un vrai procès ».
La veuve de Jean Dominique a également critiqué le traitement antérieur donné au dossier par le Commissaire du gouvernement qui, a travers « un soi-disant réquisitoire définitif adressé au juge d’instruction », s’était « drapé dans la toge d’un Ponce Pilate », malgré la reconnaissance de « lacunes incroyables de l’ordonnance du juge instructeur ».
Selon Michèle Montas, Me Josué Pierre Louis avait aussi « reculé devant ses responsabilités » suite à l’assassinat de son garde du corps Maxime Seide, lors d’un attentat contre elle le 25 décembre 2002. En dépit de l’enquête promise, « pas un mot depuis plus de six mois », écrit-elle.
En février dernier, suite a de persistantes menaces, Michèle Montas avait du laisser le pays, après avoir éteint les émetteurs de Radio Haiti Inter, qui demeure encore en silence. [gp apr 15/07/2003 01:40]