Communiqué du GARR
Soumis à AlterPresse le 3 mai 2007
Le GARR félicite l’initiative des Eglises Evangéliques Haïtiennes et
Dominicaines d’instituer, avec l’appui de l’église et du gouvernement
norvégiens, « un dialogue sur le futur des relations
haïtiano-dominicaines ». Il encourage toutes discussions visant une
amélioration des rapports entre les deux peuples de l’île sur des sujets
d’intérêt commun, tel l’Environnement.
Les échanges prévus sur ce thème, dans le cadre de la 2ème conférence
internationale du Dialogue Haïtiano-Dominicain des Eglises les 3 et 4
mai 2007, sont d’une importance capitale pour l’île, vu les nombreux
signes de dégradation environnementale observés.
Toutefois, le GARR tient à rappeler que le vrai acteur dans la quête
d’une régénération d’un environnement sain reste l’humain. Il/elle peut
disposer de son environnement à tort ou à raison en fonction de sa
situation. De ce fait, il est impératif d’analyser l’environnement
humain sur l’île, dans toutes ses manifestations.
En Haïti, la violation des Droits Socio-Economiques et Culturels de la
population et la dégradation environnementale représentent deux causes
majeures de la migration. En effet, un chômage endémique et l’absence
d’alternatives économiques ainsi qu’un environnement dégradé poussent un
grand nombre d’Haïtiens-nes à migrer vers plusieurs destinations dans la
Caraïbe dont la République Dominicaine. En général, la plupart de ces
migrants-es en territoire voisin, sont des paysans sans terre qui
viennent de zones fortement dégradées ou affectées par des catastrophes
naturelles répétées.
D’autre part, des dizaines de milliers de rapatriements d’Haïtiens-nes
sont enregistrés chaque année à la frontière. Les conditions dans
lesquelles s’effectuent ces rapatriements ont également une incidence
directe sur l’environnement. Souvent, les rapatriés expulsés de force,
sans possibilité de récupérer leurs biens, leur argent ou leur salaire,
arrivent en Haïti les mains vides. Généralement, pour survivre ils se
rabattent sur les derniers espaces verts en s’adonnant à la coupe du
bois, accentuant ainsi la dégradation environnementale existante.
Rappelons que l’environnement ne connaît pas de frontières et en ce sens
les deux parties de l’île sont également concernées. Mais au-delà de
l’environnement physique, un climat convivial entre nos deux peuples
voisins est primordial et conditionne toute initiative d’une gestion
collective du milieu ambiant. Cependant, chaque jour, cette convivialité
recherchée est rendue précaire à cause des tensions constantes liées à
la migration et qui perturbent les relations haïtiano-dominicaines.
D’un côté, les politiques appliquées par les dirigeants de l’île ne
prennent pas suffisamment en compte les besoins réels de la majorité
afin de faire diminuer la pression sur l’environnement et faciliter la
participation et une meilleure intégration des concernés-es dans la
gestion environnementale. D’un autre côté, les politiques migratoires
mises en œuvre sur l’île ne font que renforcer les injustices et les
violations des droits socio-économiques des migrants.
De nos jours, une tension liée à la migration pèse sur les relations
haïtiano-dominiciaines à travers le cas de Sonia Pierre qui illustre la
gestion qu’entend faire les autorités dominicaines du dossier des
descendants d’haïtiens. Une telle gestion risque d’entraver les efforts
pour une meilleure convivialité entre Haïtiens/Haïtiennes et
Dominicains/Dominicaines et donc pour une prise en charge commune de
cet environnement que nous partageons.
Le GARR croit que toute réflexion objective qui cherche l’instauration
d’une culture de tolérance et de paix dans les relations
haïtiano-dominicaines doit prendre en compte l’être humain dans toutes
ses dimensions afin de créer une atmosphère sereine favorable à la
collaboration pour une meilleure protection de l’environnement.
Il recommande également, dans le cadre de cette 2ème conférence
internationale, des réflexions qui apporteront des éléments de solutions
véritables à la résolution effective des problèmes environnementaux liés
à la migration.
Lisane André
Responsable
Section Communication et Plaidoyer