Lettre de Cyril Brocard, lecteur français d’AlterPresse
En réaction à l’article « Nicolas Sarkozy, un ami du tiers monde ! », de Christophe Wargny [1]
Document soumis à AlterPresse le 27 mars 2007
Fidèle lecteur français de l’information haïtienne sur votre site (AlterPresse), j’ai été extrêmement surpris par la teneur de l’article de monsieur (Christophe) Wargny concernant la candidature de notre ex ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, aux élections présidentielles.
Bien que je ne sois pas du tout un supporter de ce candidat, il semble nécessaire, si l’on veut se montrer crédible, de le critiquer avec un minimum, surtout au sein d’un organe de presse qui, je cite votre charte, « accorde un intérêt particulier à des articles documentés, fondés sur des arguments rationnels et rédigés avec soins. »
Or l’article de monsieur Wargny, s’il appuie son opinion toute personnelle, présente une version extrêmement discutable, orientée, et partielle des faits. Lu par une personne pas très au fait de l’actualité politique française, cet article ne peut porter qu’a une conclusion abrupte : la France est un pays fasciste et xénophobe, et Sarkozy un avatar de Hitler et Mussolini.
Si tel était vraiment le cas, pensez-vous que les 60,000 Haïtiens ou Franco-Haitiens cités par monsieur Wargny comme vivant dans mon pays resteraient ici, alors que le vaste monde semble leur tendre les bras ? Je ne nie pas l’importance du problème migratoire aux yeux des Français en général ni le rôle qu’on veut lui faire jouer dans cette campagne. Mais peut-être, au lieu de s’auto-mandater directeur de la conscience politique de ces Haïtiens de France au point de leur donner des consignes de vote, monsieur Wargny devrait-il d’abord s’enquérir de leur opinion concernant le pays où ils vivent ?
Ce n’est pas la première charge musclée contre la France ou ses politiciens que je relève dans votre site, mais celle-ci me semble très injuste. Et ce manque de nuance, d’honnêteté intellectuelle et de déontologie me surprend d’autant plus qu’il vient d’un homme dont j’avais beaucoup apprécié le livre « Haiti n’existe pas » précisément en raison de la finesse de son analyse et du refus de la polémique simpliste et facile.