Lettre ouverte à tous les candidats à l’élection présidentielle française
Par Claudette Duhamel, Secrétaire Nationale du Mouvement des démocrates et écologistes pour une Martinique souveraine (MODEMAS)
Document repris par AlterPresse le 5 avril 2007
Mesdames, Messieurs,
Durant la période esclavagiste les représentants de l’Etat français en
MARTINIQUE et à SAINTE LUCIE ont pris le 4 août 1766 une ordonnance
pour imposer aux propriétaires de vaisseaux de bâtiments et goélette de
ces deux îles un drapeau.
Ce décret prévoit que :"Tous les propriétaires de vaisseaux, bâtiments,
goélettes et bateaux de la Martinique et de Sainte-Lucie feront
pourvoir leurs bâtiments d’un pavillon bleu avec une croix qui partagera
le dit pavillon en quatre ; dans chaque carré bleu, et au milieu du
carré, il y aura la figure d’un serpent en blanc, de façon qu’il y aura
quatre serpents en blanc dans le dit pavillon, qui sera reconnu
dorénavant pour celui de la Martinique et de Sainte-Lucie."
A partir de cette date, ce drapeau a flotté sur les navires de ceux qui
se livraient à la traite négrière transatlantique, devenant ainsi l’un des
symboles les plus évidents de l’esclavagisme chez nous tout comme la
croix gammée est devenue le symbole du nazisme en Europe et dans le
monde.
Ce drapeau flotte sur toutes les habitations des descendants des
esclavagistes communément appelés békés qui constituent une caste blanche
raciste pratiquant l’endogamie et l’apartheid social.
Mais il se trouve également apposé sur les édifices publics de la
république française tels celui de la préfecture et de l’hôtel de
police où il est même gravé dans le mur.
Pire, depuis quelques temps, les gendarmes présents en Martinique
portent des costumes spéciaux sur lesquels ce symbole honni a été apposé.
On imagine mal la république française offrir à ces représentants de
l’ordre un costume comportant une croix gammée symbole du nazisme.
Alors pourquoi cette exception martiniquaise ?
Au nom de quoi, la république française nous impose t-elle de souffrir en
permanence la présence sur des édifices et des hommes censés faire régner
l’ordre un symbole esclavagiste ?
Pourquoi la république française estime-t-elle nécessaire de faire ainsi
l’apologie de la traite négrière et de l’esclavage des noirs qu’elle a
reconnu elle-même comme étant un crime contre l’humanité.
Le MODEMAS n’a cessé de dénoncer ces pratiques attentatoires aux droits
fondamentaux des martiniquais quotidiennement insultés, bafoués et
néantisés par l’Etat français.
D’ailleurs c’est quand le MODEMAS a demandé le retrait de ce drapeau
esclavagiste sur les édifices publics que le Ministre de l’intérieur l’a
fait apposer sur le costume des gendarmes présents en Martinique dans le
même esprit qui a présidé la loi de la honte sur les effets positifs de
la colonisation.
L’élection présidentielle française est l’occasion pour les petites
filles et petits fils d’esclaves que nous sommes, d’interpeller tous les
candidats de quel bord qu’il soit sur cette question et de leur demander
au nom des droits de l’homme de s’engager à retirer et à faire retirer
où qu’ils se trouvent en Martinique ces symboles esclavagistes afin de
mettre fin à cet infini mépris à l’encontre de notre peuple.
Martinique, 4 avril 2007