P-au-P, 5 Avril 07 [AlterPresse] --- Le projet de loi qui devra régir l’Office
national de partenariat en éducation (ONAPE), n’est pas bien vu par plusieurs associations, qui appellent le Sénat haïtien à le rejeter, tandis que la Chambre des députés lui a déjà donné son aval.
La Plate-forme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (POHDH), la
Plate-forme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (PAPDA),
l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH) et le Mouvement démocratique et
populaire (MODEP) font partie des organisations opposées au vote de ce
projet de loi.
Lors d’une conférence de presse, ce 4 avril 2007, des représentants de ces
organisations sociales ont sévèrement critiqué le projet de loi ONAPE, dont elles redoutent les conséquences sur le système éducatif haïtien en général et sur les écoles publiques en particulier.
« Nous voulons lancer une mise en garde aux sénateurs pour qu’ils n’entrent pas dans la
la logique de trahison des députés. Nous appelons tous les secteurs organisés à se mobiliser contre le vote de ce projet de loi », lance le syndicaliste Josué Mérilien de l’UNNOH.
Le projet de loi dont il est question contient 31 articles et vise la création
d’une institution dénommée ONAPE qui aura pour tâche de développer un partenariat
en matière d’éducation entre les secteurs privé et public. « La mission de l’ONAPE
c’est de permettre au secteur privé de contrôler à 100% le système éducatif du
pays puisqu’il l’occupe déjà à 95% », estime Jean-Charles Jean-Euvrard de la POHDH.
Josué Mérilien rappelle que « l’éducation est une charge de l’Etat ». Il rappelle qu’en son article 32.1, la Constitution de 1987 stipule que « l’éducation est une charge de
l’Etat et des collectivités territoriales ».
« Cette loi pourrait augmenter le nombre d’enfants non scolarisés. C’est une loi
qui encouragera l’exclusion sociale à l’intérieur du pays, favorisera une augmentation du taux de
délinquance juvénile et entravera le développement du pays », pense le
dirigeant de l’UNNOH qui demande à la population de se mobiliser contre toute
velléité des sénateurs à voter cette loi.
« Au cas où elle serait votée par le Sénat, il faudrait empêcher son application », préconise pour sa part Guy Numa du MODEP. Le porte-parole du MODEP indique que le pays n’a pas besoin d’une autre
Institution, à côté du Ministère de l’Éducation nationale, pour gérer les affaires éducatives. Numa pense que ce
Ministère a la capacité de s’occuper du partenariat secteur public/secteur privé
dont il est question dans cette loi.
« C’est une loi qui va à l’encontre des intérêts du pays, elle va renforcer la
capacité du secteur privé en matière d’éducation, elle va renforcer le caractère
négatif que notre système éducatif a connu au cours des dernières années où le
contrôle de la qualité de l’éducation échappe à l’Etat », ajoute Camille Chalmers
de la PAPDA.
Le professeur Chalmers déclare qu’il reste beaucoup de choses à faire pour
faciliter la scolarisation universelle dans le pays. Dans ce sens, les représentants des organisations ont formulé un ensemble de recommandations visant à doter le pays d’un système éducatif qui tienne compte des principales revendications de toute la population. [do gp apr
05/04/2007 00:05]