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20 ans de la constitution haitienne

Simple suggestion culturelle sur la constitution et la nature socio-étatique d’Haïti

Par Camille Loty Malebranche

Soumis à AlterPresse le 29 mars 2007

Un aspect malheureusement négligé de la constitution haïtienne est sans doute, le rôle voire la mission de l’État et des secteurs de communication sociale, dans l’amélioration de la culture et l’élévation du niveau culturel des Haïtiens. Cela ne doit pas être qu’une affaire d’écoles et d’universités, lesquelles souvent reprennent dans leur fonction de reproduction du schéma social en vogue, les mêmes tares de notre société malade et doivent être réformées, mais aussi, un engagement à édifier un nouveau type d’homme et de citoyen, capable de faire un pays et de constituer une nation véritable.

Et cela, il faut que les citoyens appelés à la réflexion sur la constitution de 1987 et à un travail de consultation en vue d’un éventuel d’amendement de ladite charte mère, pensent à inclure comme suggestion fondamentale pour une prochaine constitution, la création des maisons de la culture où sont préposés des moniteurs chargés de transmettre les nouvelles valeurs susceptibles de changer, de purifier la weltanschauung collective haïtienne et d’ériger le nouveau pays, loin de l’Haïti égrugée d’aujourd’hui par les incohérences mentales et comportementales de la société qui l’ont amené où elle est.

À cet effet, l’État se doit d’investir dans l’éducation de masse par une véritable batterie d’émissions financées et tenues dans la presse parlée et écrite et dans le multimédia - vu la facilité de leur accès et l’efficacité de l’oralité et de l’audiovisuel à façonner les comportements collectifs - pour véritablement et valablement penser la nouvelle humanité et citoyenneté haïtienne. Il est donc question pour le ministère de la culture de rompre avec l’ostentation fallacieuse, la sinécure et la politique politicienne pour devenir, alors que croule l’ancien, le fer de lance du Nouveau sans cesse différé en Haïti par une mentalité sociale et étatique vétuste, médiocre et déshumanisante.

Si la constitution définit la nature de l’État c’est-à-dire son essence républicaine, monarchique ou autre, nous devons l’armer cette fois pour qu’elle permette à la culture de rebâtir l’esprit et la nature de la société, en créant pour de vrai, l’Homme haïtien et le Citoyen haïtien qui, jusque là, comme un oiseau coincé dans son œuf, n’arrivent guère en deux cents ans de gestation, à briser leur coquille pour naître et activement contempler le ciel et emplir la terre de leur effectivité ! Ici, gare à la confusion de la culture du changement avec le folklore et le culte, car ceux-ci sont parts du mal qui aliène l’action haïtienne depuis deux siècles.

Ni le vaudou, ni le catholicisme ni les cultes réformés, ni l’islam ne peuvent rien dans leur empan hiératique pour la libération. La libération sociale est et doit être laïque et disposer de toutes les énergies sans évoquer le religieux ou le cultuel de ses intervenants. Laïcité éthique qui moralise la société en redynamisant la culture comme grand moule des mentalités collectives pur un nouvel espace public, un nouveau vivre ensemble libéré des projections malsaines d’un État moloch et d’une société de clivages grossiers et ridiculement ostracistes. Car la culture de masse, lorsqu’elle échappe au populisme par quoi des profiteurs utilisent crapuleusement le peuple, est la matrice du nouveau, la parturiente de l’émancipation.

Qu’une constitution nouvelle soucieuse d’enfanter le Nouveau, pourvoie à la dynamisation d’une autre mentalité par l’action culturelle pour une autre société plus digne et enfin humaine !