P-au-P, 06 Mars 07 [AlterPresse] --- Des pêcheurs de la Petite Rivière de Léogâne ont démarré, le vendredi 2 mars 2007, un projet pilote consistant en l’installation de dispositifs de concentration de poissons (DCP) dans cette zone côtière (deuxième section communale de Léogane), sise à une trentaine de kilomètres au sud de Port-au-Prince, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Regroupés au sein de l’organisation Union des pêcheurs de Léogâne (UPL), ces pêcheurs ont bénéficié de l’apport du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), un organisme financier de développement placé sous la tutelle du Ministère de l’économie et des finances (MEF).
« Nous espérons que la mise en œuvre de ce projet influera sur les activités génératrices de revenus dans la zone », déclare à AlterPresse Maniella Jean-Pierre Damiscar, coordonnatrice du projet exécuté par la Fondation Verte sur une période de 8 mois.
La responsable de la Fondation Verte relève un début d’enthousiasme des habitants de la zone à se regrouper après les réticences au départ, vu les perspectives se profilant avec les dispositifs de concentration de poissons.
Une soixantaine de personnes, dont seulement 6 femmes, bénéficient pour le moment du projet comme membres de l’UPL, légalement enregistrée à la municipalité de Léogane. Un processus de formation a commencé en décembre 2006 pour les membres de l’UPL qui n’ont pas encore reçu de matériels.
« En rendant accessible la capture de grands poissons migrateurs, par le développement d’une pêche rationnelle et responsable », l’installation de dispositifs de concentration de poissons à Petite Rivière de Léogane devrait avoir des incidences sur les conflits potentiels entre les communautés de pêcheurs de Petit Paradis (Grand-Goâve, non loin de Léogane) et de Petite Rivière de Léogane.
Il faut 4 heures de traversée aller-retour, à voile s’il y a du vent, ou 8 heures de traversée aller-retour à rame en l’absence de vent, de Petite Rivière de Léogane pour atteindre les côtes de Grand-Goâve où s’approvisionnaient (dans les dispositifs de poissons) les pêcheurs de Petite Rivière de Léogane pendant 12 à 24 heures de temps en moyenne.
« Tout ce qui se trouve en haute mer n’a pas de propriétaire. Les DCP constituent une garantie de prise rentable lors des sorties en mer », avançaient les pêcheurs de Petite Rivière de Léogane, interrogés sur une potentialité renforcée des conflits avec leurs homologues de Grand-Goâve.
Nomades, les pêcheurs de Petite Rivière de Léogane se retrouvent, à certaines périodes de l’année, à Petit-Goâve (à 68 kilomètres au sud de Port-au-Prince), à La Gonave (grande île en face de la capitale), à Petite Cayemite (autre île au Sud d’Haïti) et même à Anse d’Hainault (Sud-Ouest).
« La plus importante communauté de pêcheurs, bien avant Lully (Arcahaie, nord de la capitale haïtienne), Anse d’Hainault (Sud-Ouest d’Haïti) et Belle Anse (Sud-Est), la zone de Petite Rivière de Léogane est également réputée pour l’expertise en matière de construction de bateaux (plus d’une cinquantaine de bateaux construits annuellement pour les pêcheurs de toutes les côtes d’Haïti) ».
La zone de Petite Rivière de Léogane, où est implanté le projet sur bande littorale d’environ 10 kilomètres, comporte quatre villages regroupant une centaine de pêcheurs (K-Pity, Four à chaud, Bagadère et Kamonsil).
La pêche artisanale traditionnelle limitée dans la zone à cause des fonds marins qui dépassent rapidement les 1,000 mètres, la coupe accélérée des mangroves pour les guildives (usines de transformation de la canne-à-sucre en produits dérivés, dont le clairin très consommé par les paysans) et boulangeries, les faibles revenus des pêcheurs de la zone, figurent, en plus de la potentialité de conflits, parmi les problèmes identifiés dans la fiche de présentation de projet consultée par AlterPresse.
Par ailleurs, bon nombre de prises de poissons des pêcheurs de Petite Rivière de Léogane commençaient à pourrir, à cause de la durée du temps de pêche, avant d’arriver sur les lieux de vente.
Une tentative de regroupement des pêcheurs de la côte de Petite Rivière de Léogane, qui pratiquent généralement la pêche à la nasse et à la palanque, a été initiée (mais discontinuée par la suite) vers les années 1996 avec la coopération cubaine pour une pêche à la langouste.
« L’innovation technologique consistait à utiliser de vieux pneus, à percer des trous tout au long de ces pneus, à attacher une bouée et à les déposer sur une masse récifale. La production à l’époque n’était pas fameuse, puisque le massif corallien de Léogane contenait beaucoup d’alluvions provenant de différentes crues spectaculaires de la Rivière La Rouyonne de Léogane », indique la fiche technique du projet.
Le budget alloué au projet en cours dépasse les deux millions de Gourdes (2 192 136.00 Gourdes), dont un financement de 1 895 916.00 Gourdes de la part du FAES et une contribution locale (de la population en travaux d’infrastructures, dont le transport de pierres) de 296 220.36 Gourdes, selon un document transmis à AlterPresse.
Le lancement dudit projet, dont l’objectif est de contribuer à l’augmentation du niveau de vie de la population de la zone côtière de Petite Rivière de Léogâne, a eu lieu le 2 mars 2007 en présence du Député de Léogâne, Anthony Dumont, et d’un Sénateur de l’Ouest, Jean Hector Anacacis.
Organiser des séances de formation sur les techniques de pêche sur DCP, distribuer des matériels et équipements de pêche aux pêcheurs, aménager la zone de collecte des prises, organiser des ateliers sur la rédaction de statuts et des règlements internes, concevoir des outils de gestion de la pêche sur DCP, constituer un fonds pour l’entretien des DCP sont quelques-unes des activités engagées par les pêcheurs de la Petite Rivière de Léogâne dans le cadre de ce projet. [do rc apr 06/03/2007 8:00]