Note de presse du GARR
Document soumis à AlterPresse le 5 mars 2007
C’est avec douleur que le GARR a appris la disparition tragique de plus de 50 boat-people haïtiens à bord d’un bateau qui faisait route vers les Iles britanniques Turks & Caicos.
Selon divers témoignages rapportés dans la presse, ces voyageurs, pour la plupart, en quête d’emploi, ont versé, chacun, une forte somme pour cette traversée clandestine qu’ils ont, au bout du compte, payée de leur vie.
Cette nouvelle tragédie vient s’ajouter à beaucoup d’autres cas de trafic qui ont mal tourné, comme celle survenue en janvier 2006 en République Dominicaine où périrent, asphyxiés, 25 Haïtiens dans un container. Elle doit interpeller le gouvernement haïtien sur l’urgente nécessité d’adopter des mesures pour freiner ces pratiques et avancer dans la mise en oeuvre d’une politique de gestion de la migration de main-d’oeuvre. A rappeler qu’en septembre 2006, le Premier Ministre Jacques-Edouard Alexis, avait pris l’engagement d’avancer dans la mise en oeuvre d’une telle politique, en s’inspirant du document de propositions sur le sujet qui lui avait été soumis par un groupe multi-sectoriel.
Plusieurs pays de la Caraïbe sont demandeurs de main-d’oeuvre. Cependant, faute d’un cadre régulateur et d’un accompagnement de L’Etat, des migrants haïtiens voulant bénéficier de ces emplois, s’en remettent à des trafiquants sans scrupules qui mettent leur vie en danger en les faisant voyager dans n’importe quelles conditions.
Cette cruelle disparition d’une cinquantaine de boat-people haïtiens devrait convaincre les autorités haïtiennes d’adopter des instruments nationaux et internationaux de nature à élargir le cadre de protection pour les victimes. Plus spécifiquement nous les invitons à ratifier dans le plus bref délai la convention Internationale contre la Criminalité Transnationale Organisée et ses deux protocoles additionnels, respectivement contre le Trafic et la Traite de personnes
Le GARR en la circonstance, demande aux autorités de faire preuve de sensibilité et de responsabilité face à la détérioration grandissante des conditions de vie de la majorité de la population de plus en plus désespérée. Il les encourage à adopter rapidement des programmes sérieux de création d’emplois durables qui favorisent la rétention des populations dans les zones de forte migration.
Le GARR adresse ses vives condoléances aux familles des victimes.
Port-au-Prince, le 4 mars 2007