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Haiti : La SOFA recense 396 cas de violence contre des femmes et filles de 3 à 65 ans, dans 21 centres locaux, en 6 mois

Lettre ouverte de la SOFA aux instances étatiques le 6 février dernier, pour présenter son Rapport Bilan IV des cas de violence enregistrés dans ses centres Douvanjou

Document soumis à AlterPresse le 8 février 2007

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Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme
Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique
Ministère de la Santé Publique et de la Population
Ministère de la Culture et de la Communication
Parlement Haïtien – Chambre du Sénat et Chambre des Députés-es
Office de Protection du Citoyen /de la Citoyenne

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Mesdames, Messieurs les Responsables gouvernementaux et Parlementaires,

La Solidarite Fanm Ayisyen (SOFA) vous envoie son quatrième Rapport Bilan documentant les cas de violence envers les femmes et les filles accueillies dans ses 21 centres d’accueil et d’accompagnement / centres Douvanjou. Ce quatrième Rapport Bilan vous expose les cas de violation des droits de 396 femmes et filles âgées de 3 à 65 ans, accueillies par la SOFA de juillet à décembre 2006. Elles sont victimes de toutes sortes d’abus relatifs à la situation de violence structurelle et politique ciblant les femmes dans la société haïtienne.

Mesdames, Messieurs, nous faisons appel à vous en tant que Responsables afin de trouver des solutions adéquates en vue d’enrayer ce mal social qui frappe au moins 80% [1] de la population féminine haïtienne. Nous unissons nos voix au Cri de plus de 396 victimes d’irresponsabilité paternelle, d’injures, de harcèlement, de bastonnade, d’immolation, de viol et d’inceste. Elles se retrouvent d’autant plus victimes face à l’inefficacité des forces de l’Ordre et de la Justice.

Face à cette violence systématique se dressant contre l’exercice et la jouissance des droits et libertés des Haïtiennes, la SOFA demeure convaincue que, pour enrayer ce fléau, la responsabilité de l’État doit être manifeste et les actions à entreprendre concrètes. Nous insistons sur le fait que les multiples violations des droits de ces femmes restent impunies.

Effectivement, le cadre juridique non encore adéquat, le laxisme et l’inefficacité des Responsables de l’État, la corruption, les mécanismes et les structures d’intervention non appropriées ainsi que la lenteur et le dysfonctionnement de nos institutions cautionnent l’impunité dénoncée par les victimes. Ces dernières réclament également que la justice prenne ses responsabilités et que les agresseurs condamnés purgent la totalité de leur sentence. De plus, la SOFA exige que le mémorandum concernant le certificat médical ainsi que les sentences recommandées dans le Décret du 6 juillet 2005 criminalisant le viol soient appliqués.

Nous exhortons les Parlementaires à adapter le cadre juridique haïtien aux différentes conventions internationales ratifiées par Haïti relatives à la lutte contre la violence faite aux femmes telles La Convention Contre toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDAW), adoptée en 1979 et mise en vigueur en 1981 et la Convention Belem Do Para pour Prévenir, Sanctionner et Éliminer la Violence Faite aux Femmes, adoptée en 1994 et ratifiée par les Parlementaires Haïtiens-nes en 1996. Ces conventions renferment des propositions qui pourraient nous servir de guide pour la mise en place de programmes visant à combattre la violence sexo-spécifique.

Avec le Rapport Bilan IV, nous voulons d’une part, attirer votre attention sur les femmes accueillies dans nos 21 centres d’accueil et d’accompagnement au cours de la période allant de juillet à décembre 2006 et, d’autre part, vous adresser nos constats et nos recommandations.

Nous avons espoir, Mesdames, Messieurs les Responsables, que ce quatrième Rapport Bilan saura vous interpeller sur les souffrances quotidiennes des centaines de milliers de femmes et sera pris en compte par le gouvernement. Que le cri des 396 femmes et filles présentées dans le cadre de ce rapport et des autres cas exposés dans les rapports précédents sera entendu et nos recommandations considérées.

Espérant que vos réactions nous parviendront à travers les actions que vous aurez à entreprendre en réponse à la problématique de la violence faite aux femmes en Haïti, recevez, Mesdames, Messieurs les Responsables de l’État, nos salutations patriotiques.

Olga BENOIT
Responsable Axe Lutte Contre la Violence faite aux Femmes

Carole P.P. JACOB
Coordonnatrice du Bureau Exécutif

Marie Eveline LARRIEUX
Coordonnatrice Générale


[1L’État Général de la Violence faite aux Femmes et aux Filles en Haïti, CECI/SOFA, 2002.