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Haïti/Carnaval 2007 : « Le Soleil se lève » et retourne à son horizon

Au moins 3 morts et plus de 700 blessés pendant les 3 jours gras 2007

La grande participation de la population aux trois jours gras 2007 vient confirmer le carnaval comme la fête la plus populaire en Haïti. Le bilan d’au moins 3 morts et de plus de 700 blessés, comptabilisés à Port-au-Prince pendant l’événement, n’a pas terni la plus grande manifestation populaire de la république caribéenne déroulée avec un fort dispositif de sécurité de la part de la police nationale d’Haïti (PNH).

Beauté, décors, déguisements, animation musicale, figurent parmi les aspects ayant concouru pour projeter une nouvelle image du pays à l’échelle nationale et internationale durant les trois jours gras qui ont drainé des centaines de milliers de spectatrices et spectateurs. (un reportage photos suivra.)

Actualisé à 14:00

P-au-P, 22 Fév. 07 [AlterPresse] --- Une vingtaine de groupes musicaux montés sur des chars, quinze bandes à pied, onze chars allégoriques, ont créé l’ambiance à Port-au-Prince durant les trois jours gras (dimanche 18, lundi 19 et mardi 20 février 2007) et au cours desquels 3 morts et plus de 700 blessés ont été enregistrés, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Ces festivités carnavalesques déroulées, cette année autour du thème Solèy Leve (Le soleil se lève), en hommage à l’artiste-peintre haïtien Jean-Claude Garoute dit Tiga (décédé en décembre 2006), ont attiré des centaines de milliers de spectatrices et spectateurs de tout acabit.

Des compatriotes venus de l’étranger ont également fait acte de présence au Champ de Mars, le site de l’évènement pour se défouler au rythme des formations musicales de toutes tendances confondues. Quatre beautés de la diaspora haïtienne des Etats-Unis d’Amérique (Miami, New York et Boston) et du Canada étaient, elles aussi, montées sur le char allégorique du Ministre des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE).

Les images du Carnaval 2007 ont été retransmises par satellite et sur le site Internet du Comité organisateur conçu en la circonstance. Les mélomanes se trouvant à l’étranger ont pu vivre en direct l’ambiance qui régnait à Port-au-Prince durant les trois jours gras.

Une guerre de décibels au Champ de Mars

Les disc-jockeys d’entreprises commerciales haïtiennes, de stations de radiodiffusion et de télévision ayant des stands au Champ de Mars, la plus grande place publique de Port-au-Prince à proximité du palais présidentiel, assuraient l’animation musicale tout au cours de l’événement, en attendant l’arrivée progressive des chars musicaux stationnées dans les parages du Stade Sylvio Cator à la sortie sud de la capitale.

Le Carnaval « Solèy Leve » c’était une affaire de son, de beauté et de couleurs. La guerre des décibels s’était inlassablement intensifiée. Une situation de cacophonie a résulté du mélange sonore des haut-parleurs des stands et des chars mobiles de groupes musicaux.

Les meilleures performances étaient celles des groupes « Kreyòl La » de Joseph Zenny Junior (Ti Joe Zenny), « T-Vice » des frères Roberto et Reynaldo Martino, « Djakout Mizik » emmené par Auguste Duverger (Pouchon), Sweet Micky de Michel Martelly qui s’autoproclame le président du Konpa Direct, « Rasin Mapou » de Lenor Fortuné (Azor), « Krezi Mizik » de Michael Benjamin et de David Dupoux.

« Kreyòl La » a bénéficié du service d’anciens musiciens de Digital Express, dont le chanteur Lesly Guillaume Patchouko, dont la présence était remarquée sur le char de la bande à Ti Joe Zenny.

La folie furieuse des centaines de milliers de mélomanes, plus d’un million selon les organisateurs, en train de se divertir, a produit un embouteillage considérable. Plus d’une centaine de « Carnavaliers » ont été soignés pour la première journée, d’autres ont failli mourir étranglés, selon des témoignages recueillis par AlterPresse.

Selon le constat d’AlterPresse, des brigadiers pour la Paix, vêtus de maillots jaunes, ont été déployés sur le parcours du Carnaval au nom de la Campagne pour la Réduction de la Violence en Haïti en vue de prévenir la violence au cours des trois jours gras.

Ces jeunes volontaires, qui ont voulu porter un message de non-violence à la foule, participaient au défilé des trois jours gras aux côtés d’autres organisations de jeunes.

Des unités de secours et d’urgence étaient placées le long du parcours officiel retenu au centre de la capitale haïtienne, dont le Champ de Mars, la plus grande place publique à proximité du palais présidentiel.

Un Carnaval sans les forces de sécurité des Nations Unies

Le défilé du Carnaval 2007 s’est déroulé au Champ de Mars, à Port-au-Prince, sans la présence des soldats de la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH). A aucun moment de la durée, aucune patrouille de la MINUSTAH n’a été remarquée dans les zones environnantes du Champ de Mars.

« C’est un bon signe pour le pays, le peuple haïtien veut montrer à la communauté internationale qu’il n’est pas un peuple violent », a relevé un carnavalier, en liesse.

Les policiers nationaux occupaient des points stratégiques pour sécuriser les manifestantes et manifestants, mais aussi différents quartiers non concernés par le défilé carnavalesque pour permettre, sans obstacles, le retour à leur domicile des Carnavaliers. Les véhicules de la police nationale d’Haïti (PNH) ne pouvaient pas circuler à l’intérieur du défilé, contrairement aux années précédentes.

« Ce carnaval augure un avenir prometteur pour le pays », a affirmé Luc Eucher Joseph, Secrétaire d’Etat à la Sécurité publique qui était, lui aussi, sur le macadam pendant les trois jours gras.

Pour la deuxième journée de ce Carnaval 2007 riche en beauté et en couleurs, au moins un mort a été enregistré au niveau de la Grand-Rue. Il s’agit d’un jeune homme qui a été tué à l’arme blanche lors du passage du char de la formation Sweet Micky, un grand ténor du Konpa Direct. La police nationale n’avait pas l’identité de ce jeune homme de 18 ans.

En termes de participation, les trois journées du Carnaval 2007 ont été une réussite, selon des observateurs.

Les consignes des autorités concernées ont été suivies presque à la lettre. En dépit de toutes ces mesures, la cellule médicale du Comité organisateur du Carnaval 2007 a soigné plus de 700 blessés divers.

Un budget de 80 millions de gourdes (37.50 gourdes pour un dollar américain), voté par le parlement haïtien, a été mis à la disposition du ministère de la culture et de la Communication (MCC) pour ce carnaval 2007. [do rc apr 22/02/2007 09 : 00]