P-au-P, 16 Fév. 07 [AlterPresse] --- A deux jours de la mise en branle officielle de la plus grande fête populaire nationale, qui draine chaque année plusieurs milliers de personnes notamment dans les rues de Port-au-Prince, les différentes structures, impliquées dans l’organisation du Carnaval 2007 baptisé « Solèy Leve » (Le soleil se lève), mettent la touche finale dans la préparation des trois jours gras annoncés pour les dimanche 18, lundi 19 et mardi 20 février 2007, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Le comité du Carnaval 2007 rend compte à la Presse d’un ensemble de consignes en vue de la bonne tenue et du bon déroulement des festivités, dont le parcours verra 4000 personnes déguisées, le défilé de 25 chars musicaux (toutes tendances confondues, du rythme populaire national « compas direct », en passant par la tendance rap, pour arriver au style « racine »), 11 chars allégoriques, et de 15 groupes à pied.
Des unités de secours et urgence seront placées le long du parcours officiel retenu au centre de la capitale haïtienne, dont le Champ de Mars, la plus grande place publique à proximité du palais présidentiel.
Les policiers nationaux occuperont des points stratégiques pour sécuriser les manifestantes et manifestants, mais aussi différents quartiers non concernés par le défilé carnavalesque pour permettre, sans obstacles, le retour à leur domicile des carnavalières et carnavaliers. Les véhicules de la police nationale d’Haïti (PNH) ne pourront pas circuler à l’intérieur du défilé, contrairement aux années précédentes.
Le commandement de la PNH a passé des instructions formelles pour prévenir la répression de la foule par les policiers nationaux, qui, en plus de l’uniforme réglementaire, porteront des brassards distinctifs. Cependant, les manifestants qui s’aviseront d’agresser d’autres personnes en train de danser auront maille à partir avec la PNH.
Le stationnement des véhicules est interdit sur les artères proches du défilé, de manière à faciliter toute évacuation d’éventuelles victimes qui seront conduites dans des postes de secours déjà établis non loin de l’aire des festivités.
Les chauffeurs, qui conduiront les chars musicaux et allégoriques, recevront des consignes spéciales la veille du défilé, de manière à prévenir des accidents éventuels.
Les spectatrices et spectateurs disposeront de trottoirs « libérés » pour l’occasion en vue d’assister au défilé, en plus des stands construits pour la circonstance. Un site internet est disponible pour l’ensemble des informations relatives au Carnaval d’Haïti.
Au Champ de Mars, où la circulation est très dense, tous les indices montrent que cette manifestation populaire s’annonce grandiose cette année : ébénistes, peintres, dessinateurs, entre autres, sont tous à pied d’œuvre.
Différents établissements scolaires ont réalisé, ce vendredi 16 février 2007, des manifestations précarnavalesques pour leurs écolières et écoliers, parés à l’occasion de divers déguisements et masques. D’autres écoles n’ont pas travaillé, renvoyant la réouverture des classes au jeudi 22 février.
L’ambiance est au carnaval, dans toutes les rues et dans tous les quartiers de la capitale, avec des festivals de circonstance ainsi que de la musique spécifique diffusée sur les stations de radio ou appareils installés par des mélomanes de carnaval.
L’habillement des reines en fonction du thème choisi
« Le carnaval est une fête nationale, populaire et obligatoire », déclare à AlterPresse, la styliste Murielle Leconte, en charge de l’habillement des reines qui défileront dans le cadre de ce Carnaval 2007.
La modéliste Murielle Leconte forme le vœu en faveur de différents changements et corrections dans l’organisation future du carnaval en Haïti.
En dépit du lancement des préparatifs du Carnaval 2007 depuis le 6 décembre 2006, les structures chargées de réaliser ces festivités semblent être prises par le temps à cause de certains problèmes logistiques, note-t-elle.
« Je souhaite, dans le futur, un comité de gestion institué en permanence, afin que nous puissions à l’avenir pouvoir vendre ce produit qui rapporte gros dans les pays étrangers. Il y a trop de chefs, trop de parti pris, les gens doivent se mettrent ensemble pour exécuter et réaliser les choses point par point, avec un programme bien établi », souligne Murielle Leconte, au four et au moulin dans les préparatifs pour l’habillement des reines pour le Carnaval 2007.
Pour cette grande fête populaire, Murielle Leconte affirme avoir proposé des vêtements allant dans le sens du thème choisi.
Le thème « Solèy Leve », retenu pour les trois jours gras, s’inspire de l’un des tableaux de Prospère Pierre-Louis représentant une femme qui enveloppe le soleil avec ses bras.
Le thème du soleil, qui représente un élément central dans les tableaux des peintres du « mouvement Saint-Soleil », a été désigné pour rendre hommage au chef de file du mouvement, l’artiste-peintre haïtien Jean-Claude Garoute (Tiga) décédé en décembre 2006.
« Accessoires, chaussures, sous-vêtements, nourriture et autres sont à la charge de la Styliste qui s’occupe de la reine », précise Murielle Leconte, aux yeux de qui un budget devrait être alloué à la préparation des reines.
L’autre problème évoqué par Murielle Leconte est le retard mis par les responsables dans le décaissement des fonds alloués au carnaval.
La Stylise haïtienne demande à toutes et à tous de ne pas mettre en avant l’argent, lorsqu’il faut faire quelque chose au bénéfice de toute la population et pour la promotion de la culture haïtienne.
« Avant, on ne doit pas avoir l’esprit de faire de l’argent. Mais le travail d’artiste qui va être réalisé pour satisfaire le public, c’est un travail de patience : acheter des tissus, dessiner les modèles, matériels de décoration pour les vêtements de reines, car il faut que les filles soient imposantes à travers les costumes », signale Murielle Leconte qui milite dans cette voie depuis une dizaine d’années.
Les stylistes, qui participent dans la préparation des reines pour le Carnaval 2007, sont au nombre de douze.
« Tout le monde a sa quote-part de participation, mais il y a des gens toujours présents dans tous les domaines », indique Murielle Leconte dans cet entretien à AlterPresse.
Après Jacmel (chef-lieu du département géographique du Sud-Est d’Haïti), dont le Carnaval national a eu lieu les 10 et 11 février 2007, ce sera au tour de Port-au-Prince et des autres régions excentrées d’Haïti de briller de joie, de couleurs et de créativités artistiques et culturelles, à l’occasion de ce Carnaval où des milliers de gens sont attendues.
Du côté de la police haïtienne, de nombreuses dispositions sont déjà arrêtées pour faciliter le bon déroulement de cette manifestation populaire, comme le retrait du permis de port d’armes pendant la période carnavalesque.
Parallèlement, des institutions oeuvrant dans le domaine de la santé ont déjà pris des mesures de sensibilisation sur les risques des infections sexuellement transmissibles / Syndrome de l’immuno-déficience acquise (IST/SIDA).
Le respect du corps de la femme est aussi exigé par les autorités gouvernementales, via le Ministère des femmes, qui demande aux chaînes de télévision, aux animateurs et animatrices de « ne pas diffuser les vidéo-clip montrant le corps des jeunes filles comme des objets, comme des animaux » lors des festivités carnavalesques.
Un budget de 80 millions de gourdes (37.50 gourdes pour un dollar américain), voté par le parlement haïtien, a été mis à la disposition du ministère de la culture et de la Communication (MCC) pour ce carnaval 2007. En 2006, les autorités du gouvernement de transition de Gérard Latortue avaient décaissé 70 millions de gourdes pour cette même manifestation. [do rc apr 16/02/2007 15:10]
Consulter +
