P-au-P, 16 Fév. 07 [AlterPresse] --- La Police Nationale d’Haïti (PNH) et la Mission de stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH) paraissent, à la mi-février 2007, redoubler d’ardeur pour débusquer les bandits opérant à Port-au-Prince et mettre fin aux actes de kidnapping (enlèvement et séquestration de personnes) qui ont créé un climat de tension sans précédent dans la république caribéenne, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Après un ensemble d’arrestations et / ou d’interpellations de présumés criminels en différents endroits de la zone métropolitaine de la capitale, les policiers nationaux ont effectué, dans la soirée du 15 février 2007, une opération à Croix des Missions, à la sortie nord de Port-au-Prince. D’autres investigations seraient en cours pour appréhender des bandits mêlés à divers forfaits, comme le vol de véhicules.
De leur côté, les casques bleus, déployés depuis juin 2004 dans le cadre de la MINUSTAH, semblent apparemment plus déterminés, en février 2007, à amplifier leurs opérations sur le terrain contre les bandits, une semaine après une intervention réussie contre l’un des dangereux gangs du quartier de Boston à Cité Soleil (périphérie nord), suivant les témoignages fournis à l’agence en ligne AlterPresse.
Le vendredi 16 février 2007, les actions de reconnaissance aérienne par hélicoptères se poursuivent, alors que, à terre, les blindés légers à bord desquels sont placés beaucoup de militaires onusiens continuent de patrouiller la capitale, notamment en direction de la périphérie nord, où un foyer de criminels armés défiait, récemment, les forces de sécurité nationale et internationale.
« Ils ne jouent plus avec les bandits. C’est le même constat du côté des agents de la police nationale d’Haïti (PNH) qui entreprennent de multiples recherches pour débusquer les bandits ces jours-ci », relève un habitant de Port-au-Prince.
Un autre test significatif, de la dimension donnée par les forces nationale et internationale dans les offensives contre les bandes armées, sera effectué ce weekend avec les festivités carnavalesques du 18 au 20 février 2007, au cours desquelles plusieurs milliers de personnes, dont une masse importante de jeunes filles et jeunes hommes, gagneront les rues pour danser et se défouler.
Le guatémaltèque Edmond Mulet, représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), insiste au micro de la Presse nationale sur la volonté des casques bleus à maintenir la pression pour rétablir la sécurité.
Cette « détermination » n’a rien à voir avec le renouvellement ou non du mandat de la mission onusienne en Haïti, laisse entendre Mulet confirmant l’engagement de la MINUSTAH sur le terrain « contre les bandits ».
« La situation en Haïti continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région, malgré les progrès accomplis à ce jour », considère le Conseil de sécurité des Nations Unies dans une résolution adoptée à l’unanimité, le 15 février 2007, et prorogeant au 15 octobre 2007 le mandat de la MINUSTAH.
La résolution du 15 février 2007 convie aussi la MINUSTAH à accélérer les opérations d’appui à la police locale dans sa lutte contre les bandes armées.
« En vertu de son mandat, la MINUSTAH doit prêter un concours opérationnel à la Garde côtière haïtienne », réaffirme le Conseil de sécurité de l’ONU, lequel invite les États Membres, en coordination avec la MINUSTAH, à collaborer avec le Gouvernement haïtien pour enrayer les trafics transfrontières illicites de stupéfiants et d’armes et autres activités illégales ».
Sécurité, appui institutionnel et dispositions sociales, recommande le Conseil de Sécurité des Nations Unies
La résolution 1743 du 15 février 2007 appelle le gouvernement haïtien à adopter, en urgence, en coordination avec la communauté internationale, « un ensemble de mesures qui permettent de désarmer, démobiliser et réintégrer effectivement les éléments des bandes » [armées].
A date, la justice en Haïti tarde beaucoup à se prononcer sur les cas de présumés criminels incarcérés en relation avec des actes de kidnappings ou autres actes d’agression armée, perpétrés sur le territoire national. Les juges, sans cesse accusés de corruption ou de trafic d’influence dans leurs décisions, s’inscrivent en faux contre la lenteur ou le laxisme dénoncés chez eux par les justiciables.
Toujours est-il que, pour mettre fin à l’impunité, la résolution 1743, prolongeant le mandat de la MINUSTAH, « exhorte le Gouvernement haïtien, en coopération avec la communauté internationale, à poursuivre activement la réforme du secteur de la sécurité, en particulier le Plan de réforme de la Police nationale d’Haïti (PNH), la réforme de l’appareil judiciaire et pénitentiaire, notamment en luttant contre la détention provisoire prolongée et la surpopulation carcérale ».
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies enjoint le gouvernement haïtien à « établir une stratégie unifiée de réforme de la justice incluant la mise en commun des moyens et le regroupement des activités de planification ».
La création d’institutions électorales permanentes et efficaces, avec l’appui de donateurs et d’organisations régionales, est un autre vœu formé en direction des autorités haïtiennes par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
En plus de la poursuite des efforts visant à pourvoir aux besoins fondamentaux de la population haïtienne, la mission onusienne est appelée, pour sa part, à mieux coordonner son action avec celle de l’équipe de pays des Nations Unies et des acteurs du développement, notamment par la mise en œuvre, rapidement, de projets à effets rapides à forte intensité de main-d’œuvre susceptibles de générer des emplois et d’assurer les services sociaux de base.
Dans cette résolution, le Conseil de Sécurité demande à la MINUSTAH d’élargir son assistance pour renforcer les institutions de l’État, en particulier à l’extérieur de Port-au-Prince, y compris en fournissant des services spécialisés aux principaux ministères.
Dans l’intervalle, les soldats onusiens multiplient leurs opérations dans les quartiers réputés fragiles pour déloger des chefs de gangs, notamment à Cité Soleil.
La « maison luxueuse » du dénommé Evens dans le quartier de Boston est passée sous le contrôle des casques bleus depuis l’opération du week-end dernier. L’ancien repaire de ce présumé criminel est transformé en centre communautaire, où la population locale se voit offrir gracieusement des consultations médicales par les médecins et dentistes du contingent brésilien.
Dans la résolution du 15 février, le Conseil de sécurité de l’Onu exhorte la MINUSTAH à aider le gouvernement haïtien à réformer et à réorganiser la police nationale d’Haïti (PNH), notamment en accélérant le suivi, l’encadrement, la formation et l’agrément des fonctionnaires de police, ainsi que les composantes essentielles de son appareil judiciaire et pénitentiaire. La MINUSTAH est également priée de redoubler d’efforts pour réorienter son action en faveur du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration.
Aux organismes de l’Onu et à la communauté internationale, le Conseil leur demande de mettre au point un nouveau mécanisme de coordination de l’aide axé sur les besoins immédiats ainsi que sur la reconstruction à long terme et la réduction de la pauvreté. Par ailleurs, le Conseil engage la Mission à maintenir une stratégie dynamique de communication pour faire mieux comprendre à la population le rôle et le mandat de la MINUSTAH.
Entre-temps, conformément aux règles d’engagement des 18 missions de paix réparties à travers le monde, la mission onusienne envisage d’ouvrir sa propre station de radio en Haïti pour faire passer ses informations « de manière impartiale ».
« L’impartialité », que voudrait imprimer la MINUSTAH dans sa prochaine station de radio, est questionnée dans le monde de la presse locale qui s’interroge sur le degré véritable de « transparence » de la mission onusienne déployée dans le pays à propos de différents dossiers.
Les patrons de médias, regroupés au sein de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), voient d’un mauvais œil une telle initiative de la MINUSTAH qui viserait, selon eux, à déstabiliser leurs médias dépourvus de moyens « techniquement sophistiqués » pour concurrencer la « Radio MINUSTAH » et pour payer les Journalistes.
Dans un communiqué rendu public cette semaine, l’ANMH exprime son désaccord face à ce projet qui suit déjà son cours, malgré l’apparence d’un refus d’octroi à la MINUSTAH d’une fréquence FM par le Conseil national des télécommunications (CONATEL). L’ANMH critique également les déclarations de David Wimhurst, responsable de communication de la MINUSTAH, qualifiant de « partiales » les positions exprimées par les médias en Haïti.
Un autre aspect, non négligeable, qui semblerait retenir l’attention des patrons de médias, est que la MINUSTAH aurait donné des salaires intéressants aux journalistes recrutés pour sa salle de nouvelles. Certains confrères ont déjà intégré la structure de communication de la mission des Nations Unies, qui diffuse des informations à travers un site Internet spécifique. [do rc apr 16/02/2007 10 :00]