P-au-P, 14 Fév. 07 [AlterPresse] --- La chanteuse Barbara Guillaume, candidate à la municipalité de Cité Soleil, attire l’attention des autorités haïtiennes sur la situation qui prévaut dans ce vaste bidonville du nord de Port-au-Prince qui sert de repaire aux individus armés.
Selon Barbara Guillaume, ces individus veulent rendre leurs armes pour intégrer la structure du Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (DDR) mis en place par le gouvernement haïtien de concert avec la Mission des Nations Unies (MINUSTAH). Pour l’aspirante mairesse de Cité Soleil, les autorités concernées devraient prendre en considération cette velléité de ces hommes considérés comme dangereux pour le pays.
La MINUSTAH a intensifié ces derniers jours ses actions à Cité Soleil, particulièrement deans le quartier de Boston, où se trouvait loger le présumé chef de gang connu sous le nom de Evans. La population de Boston peut, à présent, vaquer normalement à ses occupations, sans crainte d’être terrorisée par les gangs armés, selon un communiqué de la MINUSTAH publié le 12 février 2007.
Selon Barbara Guillaume, des membres de la population sont blessés par balles, d’autres sont morts, suite à des raids des casques bleus dans le quartier de Boston. « Le plus grand dilemme est que ces hommes armés veulent remettre leurs armes au gouvernement haïtien, pourtant personne ne veut rentrer en contact avec eux », explique Barbara Guillaume dans une note transmise à AlterPresse.
La candidate aux municipalités du 3 décembre 2006 demande aux autorités haïtiennes de saisir l’opportunité qui leur est offerte, afin de rétablir la paix dans ce bidonville en récupérant les armes de ces individus armés.
A en croire Barbara Guillaume, le chef de gang Evans aurait menacé de se donner la mort à cause de l’intervention musclée des casques bleus. Opposée à cette décision, la population l’aurait dépouillé de toutes ses armes et les aurait caché dans un lieu non précisé.
« Ce sont des choses qui doivent nous porter à réfléchir sur ce qui pourrait arriver avec ces armes », a souligné Barbara Guillaume.
Parallèlement, le sénateur Jean Hector Anacacis questionne l’intensification des opérations des soldats onusiens à Cité Soleil à l’approche de l’expiration du mandat de la MINUSTAH. Selon le parlementaire, membre du parti au pouvoir, ces interventions ont coûté la vie à des civils, notamment des enfants. « Les Nations Unies préconisent le respect des droits humains, pourtant des enfants meurent à Cité Soleil », a dénoncé, le 13 février 2007, Jean Hector Anacacis.
« Tous ceux-là qu’ils [les casques bleus] qualifient de bandits, ce sont des gens qui savaient jouer au football avec eux (…) Les démonstrations pour rétablir l’ordre à Cité Soleil, c’est du bluff », a lâché le parlementaire.
Jean Hector Anacacis, qui dit n’être pas opposé au renouvellement du mandat de la MINUSTAH, prône la création d’une force de sécurité nationale aux côtés de la force de police, pour remplacer la mission onusienne après son départ.
Jean-Jacques Simon, porte-parole adjoint de la MINUSTAH, a fait état, le 8 février dernier, d’une intensification d’attaques de bandits contre les casques bleus, à Cité Soleil. Pour une simple attaque, le porte-parole adjoint de la mission onusienne indique que les casques bleus ont reçu environ mille coups de feu. « Cela veut dire que les gangs continuent à recevoir du financement » parce qu’ « ils ont encore accès à des munitions comme ils veulent », a affirmé le porte-parole.
La force de sécurité de l’ONU en Haïti est composée de 7 200 soldats, dont quelques 6 600 militaires et plus de 1 700 policiers, et d’une centaine de civils. Le conseil de sécurité a jusqu’à ce 14 février 2007 pour plancher sur le renouvellement, ou non, du mandat de la Minustah qui prendra fin, ce 15 février 2007. [do apr 14/02/2007 12:00]