Services publics d’électricité à Port-au-Prince, gestion des ressources humaines de l’Etat, efficience du secteur financier en Haïti sont concernés par ces contrats de prêts conclus entre la BID et les autorités nationales.
P-au-P, 07 Fév. 07 [AlterPresse] --- Haïti et la Banque interaméricaine de développement (BID) ont signé le 6 février 2007 trois contrats de prêts à des taux privilégiés pour un montant de 53.1 millions de dollars américains, souligne un communiqué transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Avec ces prêts, le gouvernement haïtien doit exécuter, à la fois, un projet de renforcement des services électriques à Port-au-Prince, un programme d’amélioration de la gestion des ressources humaines dans le cadre de la modernisation du secteur public et un programme pour augmenter l’efficience du secteur financier.
Selon les clauses évoquées par la BID, le délai d’amortissement des trois prêts octroyés est de 40 ans, avec une période de grâce de 10 ans pour le paiement de la dette. Le taux d’intérêt sera de 1 pour cent durant la première décade et de 2 pour cent à partir de la deuxième.
« Ces ressources s’ajoutent au portefeuille en exécution de la BID en Haïti, incluant des projets d’infrastructure comme la construction et l’amélioration des routes principales, des routes rurales, des ports et des aéroports, des programmes sociaux dans des secteurs comme l’éducation, la santé, l’eau potable et l’assainissement ; ainsi que des projets d’appui à la production agricole, de prévention des inondations, de formation professionnelle et de modernisation de l’Etat », lit-on dans ce communiqué.
Selon un calcul d’AlterPresse, ces 53.1 millions de dollars américains constituent la somme des prêts libéraux de la BID approuvés pour Haïti en décembre 2006.
De ce montant, 18.1 millions de dollars vont pouvoir aider à améliorer la qualité du service électrique, à réduire les pertes du système et à augmenter les recettes de l’Électricité d’Haïti (Ed’H).
« Le projet aidera l’Ed’H à démarrer un processus de récupération financière et administrative, et à se préparer pour de futures initiatives de plus grande envergure visant à maintenir le service et à augmenter la couverture », précise le communiqué de la Banque interaméricaine de développement.
Ces 18 millions de dollars doivent servir au financement de la réhabilitation de certains réseaux de distribution de l’électricité pour réduire les pertes techniques, ainsi que l’amélioration de la gestion du service à la clientèle pour inciter plus de consommateurs à payer pour les services.
Le deuxième prêt, de l’ordre de 10 millions de dollars, est un appui à la gestion des ressources humaines dans le secteur public.
Ce prêt aidera Haïti à créer un programme de motivation visant à garder et recruter, dans le secteur public, des professionnels qualifiés pour occuper des postes dans cinq ministères clés : Travaux Publics, Transports et Communications ; Santé publique et Population ; Éducation et Formation professionnelle ; Agriculture, ressources naturelles et développement rural ; Planification et Coopération Externe.
Le troisième prêt de 25 millions de dollars vise à appuyer la république d’Haïti dans ses efforts visant à renforcer et à améliorer l’efficacité du secteur financier.
Les ressources du prêt seront décaissées en deux tranches, la première de 10 millions de dollars et la deuxième de 15 millions de dollars, au fur et à mesure que le Gouvernement haïtien progresse dans son programme de réformes, précise la Banque interaméricaine de développement.
Le programme soutiendra également des mesures visant à renforcer la supervision bancaire, basée sur une analyse des risques et la supervision des coopératives d’épargne et de crédit.
Cette dernière disposition tombe dans un contexte de « faillite financière » dénoncée par la Banque centrale d’Haïti chez une banque commerciale dénommée Société caribéenne de banque (SOCABANK), dont les actifs et passifs sont cédés à la banque commerciale d’Etat " Banque nationale de crédit" (BNC), suivant une résolution adoptée le 3 février 2007 par les actionnaires de la SOCABANK.
Cette résolution du 3 février 2007 est contestée par les avocats d’un groupe d’actionnaires de SOCABANK, aux yeux de qui la Banque centrale d’Haïti n’aurait pas pris les mêmes dispositions vis-à-vis d’autres banques commerciales en difficulté.
Sur le même dossier, au Sénat de la république d’Haïti, une commission a été créée le 6 février 2007 pour faire le jour, jusqu’au 15 février 2007, sur d’éventuels « pots de vin » qu’auraient encaissés des membres de la chambre haute pour voter, le 31 janvier 2007, une résolution déclarant nulles les dispositions prises par la Banque centrale en relation à la SOCABANK.
A signaler que la Banque de promotion commerciale et industrielle (PROMOBANK, anciennement Banque de Paris), qui éprouvait des contraintes financières, a été acquise en septembre 2006 par la banque commerciale privée Société générale de banque (SOGEBANK), laquelle avait racheté, il y a quelques années, une autre banque commerciale privée en difficulté dénommée Banque intercontinentale.
En 2003, de nombreuses épargnantes et épargnants, attirés par des profits « juteux » de 10 à 12% d’intérêts mensuels, ont vu leurs avoirs disparaître dans la faillite des coopératives d’épargne et de crédit, qui a fait l’objet d’un remboursement partiel du Trésor public d’Haïti à une partie des sociétaires victimes, mais dont les responsables attendent d’être poursuivis en justice. [do rc apr 07/02/2007 10 :00]