P-au-P., 6 févr. 07 [AlterPresse] --- L’International Crisis Group, un « think tank » en matière de sécurité internationale, estime, dans son dernier rapport sur Haiti, que « le crime organisé et la violence criminelle menacent de submerger » le pays.
Dans ce document consulté par AlterPresse, le groupe anglo-saxon soutient que « le système judiciaire haïtien est faible et est complètement dépassé par la vague croissante d’enlèvements, de trafic de drogue et de personnes, d’agressions et de viols qui frappe le pays ».
« Il faut agir de toute urgence », poursuit l’International Crisis Group, qui met l’emphase sur le rôle que doivent jouer les dirigeants haïtiens et la communauté internationale pour freiner cette dégradation.
« Avant tout, le gouvernement haïtien doit faire preuve de véritable volonté politique. Mais la communauté internationale elle aussi doit jouer un rôle important de soutien ».
Dans ce rapport en date du 31 janvier dernier, l’International Crisis Group propose la création en urgence de deux tribunaux spéciaux, dont « une chambre criminelle qui jugerait des principaux actes criminels commis en Haïti ».
En même temps, « les donateurs et la MINUSTAH (Mission de l’ONU pour la Stabilisation d’Haiti) devraient veiller à ce que leurs programmes soient prolongés d’au moins cinq ans et, avec le gouvernement et les autres membres du marché commun de la Communauté caribéenne (CARICOM), créer un tribunal hybride composé de juges haïtiens et d’autres nationalités de la région pour juger les cas de criminalité transnationale ».
Le groupe invite le gouvernement et le parlement à adopter « un code d’éthique destiné aux magistrats et créer un conseil de la magistrature indépendant chargé de mettre en œuvre ce code et de l’opposer aux juges corrompus ».
Le rapport préconise aussi des dispositions pour « assurer la protection des témoins ainsi que le versement de salaires plus élevés pour les juges ».
En ce qui concerne les donateurs et la MINUSTAH, ils devraient « coordonner leurs actions avec la stratégie nationale du ministère de la Justice, (…) envoyer sur place des formateurs et apporter un financement pour l’infrastructure, la protection des témoins, les capacités médico-légales et l’aide juridique ».
Sur le plus long terme, l’International Crisis Group estime, entre autres, qu’il faudrait « modifier » la constitution haïtienne « afin de mettre en place des procédures plus rationnelles et plus efficaces pour la nomination des hauts magistrats ».
Un précédent rapport de l’International Crisis Group, publié en octobre dernier, avait indiqué que la sécurité demeure le plus grand défi dans la société haïtienne et que la nouvelle administration a seulement « une petite fenêtre d’opportunité » de rétablir l’autorité de l’État. [gp apr 06/02/2007 09:00]