Collaboration spéciale de Antonal Mortimé
Nairobi, (Kenya) 29 janv. 2007 [AlterPresse] --- Le bilan de la 7ème édition du Forum Social Mondial (FSM), tenu à Nairobi, tenu à Nairobi, capitale du Kenya, du 20 au 25 janvier 2007, est satisfaisant déclare le président du comité organisateur, Dr Edward Oyugyi.
Il se réjouit d’avoir vu cet événement mondial se réaliser pour la première fois en Afrique, mais ne cache pas les faiblesses organisationnelles qui ont occasionné quelques ratés. « Nous n’avons pas bien géré la traduction, ce qui est un gros handicap dans l’organisation d’un événement comme celui-ci. Il y aussi la distribution des programmes qui ne s’est pas faite comme prévue », admet Oyugyi.
Il estime aussi que « la communication ne s’est pas bien déroulée, principalement dans les médias locaux, pour expliquer aux populations ce qui se passait, les changements voulus et attendus à travers ce forum, etc. Il est clair que certains aspects ne dépendaient pas de notre compétence, mais dans l’ensemble, les choses sont bien passées », souligne le président du comité.
Aminata Traoré, membre du secrétariat du FSM, pense qu’il y a eu « une bonne participation africaine. Nous étions là à la première édition du Forum social mondial (Porto Alegre en 2000), où nous étions une quarantaine d’Africains sur 16 000 participants. Aujourd’hui nous pouvons voir qu’il y a le monde entier présent à Nairobi, avec une majorité d’Africains venant d’un peu partout », fait-elle remarquer.
Des délégations ont toutefois reproché une faible participation des couches défavorisées kenyanes au forum. « Nous n’avions pas assez de ressources pour donner une dimension tout à fait populaire à cet événement, mais cela ne veut pas dire que le principe de la participation locale était exclu », répond Traoré.
A Nairobi, les délégués ont beaucoup mis l’accent sur la grande vulnérabilité du continent africain, les processus de démocratisation africaine et la faiblesse, dans les pays africains, d’une société civile critique quant à la nature des rapports Nord/Sud.
Voix haïtiennes au FSM
Le FSM de Nairobi a été l’occasion pour les Haitiens de présenter un panorama de la situation haitienne sur le plan social, économinique et culturel.
En présence des membres de la délégation haitienne (une douzaine de délégués issus de divers secteurs du mouvement social) Didier Dominique de l’organisation Batay Ouvriye (Lutte Ouvrière) a traité le 24 janvier le théme « Haiti : Resistance, souveraineté et dignité ».
Dominique a retracé pour le public, composé de délégués de plusieurs pays, « l’histoire unique » du peuple haitien, engagé, selon lui, dans la lutte pour l’auto-determination et le respect des droits humains. Il a aussi fait état de « la résistance haitienne face au système capitaliste et les politiques néolibérales ayant des conséquences désastreuses sur les classes marginalisée du pays, dont les ouvriers, les paysans, les femmes et les jeunes des quartiers populaires ».
Selon Didier Dominique, cette situation est liée à l’implication de « l’impérialisme nord-américain et de l’occident sous le couvert de la communauté internationale, particulièrement l’Organisation des Nations Unies (ONU), dans les affaires internes du pays et la volonté de la classe possédante haïtienne de maintenir la majorité de la population à l’écart ».
Les autres membres des délégations haïtienne et latino-américaine sont intervenus à leur tour pour exiger « le départ immédiat de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTHA) et l’annulation inconditionnelle de la dette d’Haiti envers les institutions financières internationales et des pays du nord ».
Le prochain FSM est prévu en 2009. Le Conseil International du FSM en a discuté lors d’une réunion à Nairobi où il a également évalué les activités du forum de cette année.
Le professeur haitien Camille Chalmers, qui est membre du Comité International, a fait savoir à AlterPresse que le FSM ne sera pas organisé en 2008 « pour éviter trop déplacements des organisations de bases du sud, qui disposent de faibles moyens ». Il a cependant souligné que l’année 2008 sera une occasion pour tous les mouvements sociaux de la planète entière d’articuler leurs luttes et de continuer à se mobiliser contre le capitalisme mondialisé. [am gp apr 29/01/2007 09:50]