P-au-P, 25 Janv. 07 [AlterPresse] --- Quatre présumés bandits ont été tués et six autres personnes blessées par balles à Cité Soleil lors d’une opération militaire, lancée le mercredi 24 janvier 2007 par les soldats de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) dans un quartier dénommé Boston, confirme à la presse le colonel Abdesslam Elamarti.
Débutée à l’aube de mercredi, cette opération a permis à quelques 250 soldats onusiens, dont des militaires sud-américains équipés de 20 blindés, de prendre le contrôle du « Bâtiment bleu », une maison qui se trouve sur la route nationale numéro 1 (sortie nord de la capitale) utilisée par des individus armés pour diriger des actions criminelles.
Aucune victime n’est à déplorer dans les rangs des forces onusiennes, indique le porte-parole militaire de la MINUSTAH.
« Selon les informations disponibles jusqu’à présent, quatre criminels sont morts dans les échanges de tirs après qu’ils ont attaqué les forces de la MINUSTAH. Il y a six blessés qui ont été traités par des médecins locaux », a tenu à préciser le colonel Abdesslam Elamarti lors de la conférence de presse hebdomadaire de la Mission onusienne qu’a suivie un Journaliste de l’agence en ligne AlterPresse.
Tout en soulignant que « 4 criminels ont été tués », le colonel Elamarti affirme ne pas avoir l’ « identification de ces bandits ».
Le porte-parole militaire de la MINUSTAH ajoute que « l’opération du 24 janvier s’inscrit aussi dans le cadre de l’élimination de la marge de manœuvre des groupes criminels et dans la perspective d’offrir un climat de sécurité à la population pour de meilleures conditions de vie ».
« Les criminels ont essayé de reprendre le bâtiment vers 18 heures locales (23 :00 GMT), mais sans succès. Les casques bleus ont utilisé cette position pour continuer leur travail en vue de l’établissement d’un climat de sécurité à Cité Soleil », dit-il devant un parterre de Journalistes.
La MINUSTAH n’a toutefois pas fait état d’armes confisquées lors de cette descente des lieux. Les porte-parole de cette mission signalent seulement que le « Bâtiment bleu » était déjà vidé de ses occupants lors de cette opération d’envergure.
Parallèlement, huit présumés bandits ont été arrêtés dans d’autres opérations conjointes des forces de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et de la police nationale d’Haïti (PNH) dans des villes de province.
Le 22 janvier 2007, à Hinche, dans le Plateau central, trois individus impliqués dans les enlèvements de personnes ont été mis aux arrêts, contre trois autres appréhendées aux Gonaïves pour les mêmes causes, le 24 janvier 2007. A Port-au-Prince, deux présumés criminels, membre d’un gang opérant à Martissant (banlieue sud de Port-au-Prince) dénommé Lame Ti Manchèt, ont été capturés, précise Fred Blaise, porte-parole de la police des Nations Unies (UNPOL).
« C’était un bon coup de filet pour la PNH et les UNPOL à Hinche, le 22 janvier. Une autre opération conjointe a été menée le même jour à Port-de-Paix (Nord-Ouest), au cours de laquelle deux membres de Lame Ti Manchèt ont été appréhendés. Ils sont impliqués dans un cas de meurtre », a fait savoir Fred Blaise.
Le porte-parole de la UNPOL a également mentionné la présence permanente des agents de sécurité dans le quartier de Martissant, considéré depuis quelque temps comme une zone de non-droit où des inconnus armés font la pluie et le beau temps.
« Nous avons une présence permanente 24/24 à Martissant pour décourager les bandits dans leurs activités visant à terroriser la population », a indiqué le porte-parole de la police des Nations Unies, s’exprimant clairement en Créole, la langue de tous les Haïtiens.
Selon Sophie Boutaud de la Combe, cette présence à Martissant est dissuasive.
« Sur la base d’informations que nous recevons, nous sommes là pour dissuader », a lâché la porte-parole de la Mission onusienne.
Sophie de la Combe invite la population à fournir des informations aux forces de l’ordre, seules autorisées à mettre les bandits hors d’état de nuire.
Regain « latent » d’insécurité
Cette présence dissuasive ne semble pas, pour le moment, calmer les intentions criminelles des bandits qui ont abattu de deux balles, dans la matinée du jeudi 25 janvier 2007, un agent de la PNH, Romuald Blanchard, à Brochette 97 sur la route de Carrefour (sortie sud de Port-au-Prince).
Les inconnus armés, qui ont eu le temps de prendre la fuite, ont emporté l’arme de service de l’agent de police nationale, alors que plusieurs personnes ont été interpellées, selon des sources policières contactées par la station privée Radio Kiskeya.
Cet incident a provoqué, en début de matinée du 25 janvier, un déploiement d’agents de la PNH et des embouteillages sur le seul axe routier qui relie Port-au-Prince aux départements du Sud-Est, du Sud, des Nippes et de la Grande Anse (Sud-Ouest).
A rappeler que des cas de violence, enregistrés en janvier 2007 dans divers quartiers de Port-au-Prince, sont volontairement tus par les victimes, de peur de représailles.
Les témoignages, parvenus à AlterPresse, rapportent un regain « latent » d’insécurité, dont des assassinats et des actes d’enlèvement de personnes, dans différents quartiers de la zone métropolitaine, y compris le centre-ville de la capitale haïtienne.
Plusieurs résidents de la banlieue sud (sur les hauteurs de Martissant) ont fui leurs domiciles pour échapper aux menées de bandits qui tuent impunément depuis au moins juin 2006, sans que les autorités nationales aient pu, à date, mettre frein au climat de terreur installée dans le secteur des 2e, 3e, 4 e, 5e avenues Bolosse et quartiers de Ti Bwa et Gran Ravin, contrôlés par des groupes armés dénommés « lame ti manchèt et baz pilat ».
De nombreux établissements scolaires de Martissant n’ont pas réouvert les classes en janvier 2007, en raison de menaces faites par les bandits.
Certains parents ont décidé de quitter précipitamment le pays à la suite de violence subie, y compris kidnapping, attentats et autres actes d’agression sur leurs familles.
AlterPresse apprend que des bandits, qui auraient bénéficié de largesses de certaines autorités, seraient « replacés », depuis fin 2006, dans des bureaux de l’administration publique haïtienne.
D’autres sources, contactées par AlterPresse, font état de possibles troubles en préparation dans certaines municipalités de la zone métropolitaine, comme Pétionville (à l’est de Port-au-Prince) où un responsable d’une compagnie privée de sécurité a été abattu le 23 janvier 2007.
L’incertitude continue de planer chez les habitants de la capitale, malgré le déploiement remarqué, depuis fin décembre 2006, de nombreux agents de la police nationale d’Haïti (PNH) un peu partout à Port-au-Prince.
Entre-temps, des séances de formation à l’intention de 50 enquêteurs de la police haïtienne et d’une centaine d’officiers de police se poursuivent, selon les explications de Fred Blaise de la UNPOL.
D’autres formations en matière de droits humains pour des policiers nationaux ont été signalées par Dieudonné Munyinga de la Section des droits humains de la MINUSTAH. Ces séances portent sur les techniques d’investigation en matière de droits de la personne humaine. [do rc apr 25/01/2007 13 :00]