P-au-P, 24 Janv. 07 [AlterPresse] --- Une nouvelle mobilisation, entamée à l’aube ce mercredi 24 janvier 2007, par 300 casques bleus de la Mission de Stabilisation des Nations Unies en Haïti (MINUSTAH), équipés d’une vingtaine de chars blindés, de bulldozers et d’hélicoptères a permis la récupération d’une maison, servant de repaire aux bandits de Cité Soleil (périphérie nord de Port-au-Prince), apprend l’agence en ligne AlterPresse de sources onusiennes.
« Pour l’heure, la maison, qui a été utilisée à des actes criminels contre les postes de la MINUSTAH, est sous contrôle des forces des Nations Unies », indique le colonel Abdesslam Elamarti dans une interview téléphonique à AlterPresse.
Cette maison est très importante pour les casques bleus. Ces derniers ont reçu le feu vert des autorités gouvernementales haïtiennes pour traquer les bandits armés qui sèment le deuil au sein des familles haïtiennes, souligne le porte-parole militaire de la MINUSTAH.
Aucune victime n’est jusqu’ici enregistrée du côté des casques bleus. Cependant, le colonel Elamarti déclare ne pas disposer de bilan pour le camp adverse, celui des présumés criminels qui opèrent à Cité Soleil, grande agglomération se trouvant à la sortie nord de la capitale.
La première phase de l’opération onusienne, débutée à l’aube ce 24 janvier 2007 dans le quartier de Boston à Cité Soleil, a été « couronnée de succès », avait auparavant signalé, sans autre précision, le colonel Alfonso Pedrosa.
Le déploiement de la MINUSTAH à Boston vise à déloger des bandits qui avaient pris refuge dans des bâtiments stratégiques du plus grand bidonville de Port-au-Prince.
Dans une deuxième étape, les casques bleus chercheront à consolider leurs positions pour rétablir la sécurité dans le vaste bidonville volatile de Cité Soleil.
Selon des résidents de Cité Soleil, des hélicoptères des Nations Unies survolaient la zone
durant toute la nuit du mardi 23 au mercredi 24 janvier 2007. Les casques bleus ont également fait usage de bulldozers pour atteindre leur objectif.
Une opération du même genre s’était déroulée le 22 décembre 2006 dans le quartier de Bois Neuf aux trousses des membres du gang de Bélony, ainsi connu. L’opération s’était soldée par des morts et des blessés dans les rangs des bandits et de la population civile.
Cette nouvelle opération des casques bleus de la MINUSTAH intervient dans un contexte de regain « latent » d’insécurité, dont des assassinats et des actes d’enlèvement de personnes, dans différents quartiers de la zone métropolitaine, y compris le centre-ville de la capitale haïtienne.
Des cas de violence, enregistrés en janvier 2007 dans divers quartiers de Port-au-Prince, sont volontairement tus par les victimes, de peur de représailles.
Plusieurs résidents de la banlieue sud (sur les hauteurs de Martissant) ont fui leurs domiciles pour échapper aux menées de bandits qui tuent impunément depuis au moins juin 2006, sans que les autorités nationales aient pu, à date, mettre frein au climat de terreur installée dans le secteur des 2e, 3e, 4 e, 5e avenues Bolosse et quartiers de Ti Bwa et Gran Ravin, contrôlés par des groupes armés dénommés « lame ti manchèt et baz pilat ».
Cette situation n’a pas favorisé la réouverture des classes dans de nombreux établissements scolaires de la zone, menacés de « châtiments » par les bandits, suivant les témoignages parvenus à AlterPresse.
Dans l’intervalle, certains parents ont décidé de quitter précipitamment le pays à la suite de violence subie, y compris kidnapping, attentats et autres actes d’agression sur leurs familles.
AlterPresse apprend que des bandits, qui auraient bénéficié de largesses de certaines autorités, seraient « replacés », depuis fin 2006, dans des bureaux de l’administration publique haïtienne.
D’autres sources, contactées par AlterPresse, font état de possibles troubles en préparation dans certaines municipalités de la zone métropolitaine, comme Pétionville (à l’est de Port-au-Prince) où un responsable d’une compagnie privée de sécurité a été abattu le 23 janvier 2007.
L’incertitude continue encore de planer chez les habitants de la capitale, malgré le déploiement remarqué, depuis fin décembre 2006, de nombreux agents de la police nationale d’Haïti (PNH) un peu partout à Port-au-Prince. [do rc apr 24/01/2007 13:00]