De notre envoyé special
Santo Domingo, 15 Janv. 07 [AlterPresse] --- La gestion de la frontière haïtiano-dominicaine semble n’être pas une priorité pour les autorités haïtiennes qui s’occupent d’autres problèmes relatifs à la sécurité des zones réputés volatiles, affirme l’américain Daniel O’Neal de la Fondation panaméricaine pour le développement (PADF), un organisme intéressé à étendre ses actions sur des points frontaliers communs entre les deux pays qui partagent l’île.
Invité à prendre la parole à la clôture du forum des parlementaires frontaliers haïtiens et dominicains, organisé les 11 et 12 janvier 2007 par le Dialogue haïtiano-dominicain des églises, le fonctionnaire de la PADF explique que la frontière entre les deux pays est une région qui nécessite beaucoup d’investissements et de considérations.
« Pour les Dominicains, la frontière est une région privée de service, mais qui offre des possibilités. Beaucoup de projets ont été identifiés dans la zone », précise le cadre de l’ONG américaine en présence d’un Journaliste de l’agence en ligne AlterPresse.
O’Neal souligne ainsi l’existence de plusieurs organisations non gouvernementales, tant nationales qu’internationales, qui oeuvrent dans cette partie de l’Île. A titre d’exemple, il a cité les projets financés par l’Union européenne et d’autres institutions internationales dans la zone frontalière.
« Du côté dominicain, la priorité est accordée à la frontière. Il y a plusieurs organisations nationales et internationales qui interviennent dans la région. Pourtant, Haïti n’a pas ces mêmes priorités pour la zone », signale le fonctionnaire de la PADF.
Du côté haïtien, Daniel O’Neal note que la priorité est de préférence accordée à la sécurité dans les quartiers de non-droit.
« Les bailleurs de fonds internationaux s’occupent de préférence de ces zones. De plus, l’Exécutif haïtien ne vise pas la frontière, parce qu’il a des problèmes de sécurité à Cité Soleil, aux Gonaïves et même au Cap-Haïtien », dit O’neal, qui s’exprimait devant une dizaine de parlementaires haïtiens, dont les sénatrices Évelyne Chéron de l’Ouest et Edmonde Supplice Beauzile du Plateau Central.
Daniel O’Neal se déclare prêt à appuyer les deux pays dans la mesure où ces derniers décideraient de négocier avec les bailleurs de fonds internationaux pour une meilleure prise en charge de la frontière.
« Créer un mécanisme de Coordination et d’exécution des activités à entreprendre, à travers la création de deux blocs de parlementaires Haïti République dominicaine ayant comme organismes de coordination centrale la PADF et le Dialogue Haitiano-dominicain des Églises évangéliques », est l’une des résolutions adoptées à ce forum de deux jours.
O’Neal se déclare favorable à la tenue prochaine d’une table ronde autour de la question frontalière qui pourrait être convoquée par les parlementaires des deux pays en partenariat avec le Dialogue haïtiano-dominicain des églises.
« Une démarche parlementaire sur la question pourrait aider à l’amélioration des conditions de vie des populations respectives », pense le fonctionnaire de la PADF.
De sources combinées, AlterPresse apprend que le président dominicain Leonel Fernandez Reyna discute régulièrement de sujets frontaliers avec plusieurs organisations non gouvernementales, établies de l’autre côté de l’île et intervenant à la frontière, à l’idée de mieux coordonner les actions gouvernementales dans la région.
Du côté haïtien, un bloc parlementaire réunissant députés et sénateurs de la zone frontalière est déjà constitué en vue de redorer le blason du pays par une valorisation des points frontaliers d’Haïti avec la République dominicaine.
En maintes circonstances, les autorités nationales paraissent ne pas maîtriser les dossiers sur la problématique insulaire, se contentant d’adopter un profil bas voire d’improviser dans les rencontres bilatérales et multilatérales avec leurs homologues dominicaines. Le même constat a été fait chez certains parlementaires haïtiens représentés au forum des 11 et 12 janvier 2007 à Santo Domingo avec des parlementaires dominicains.
Différents observateurs s’interrogent sur l’absence de réponses concrètes, du côté d’Haïti, vis-à-vis des enjeux financiers importants dans la mise en oeuvre de projets conjoints binationaux et / ou touchant la frontière entre les deux pays, réclamés par des institutions internationales comme l’Union européenne.
Ils rappellent, en ce sens, l’impact sur la production agricole régionale, d’une zone franche installée en août 2003 sur des terres fertiles du Nord-Est d’Haïti au profit d’une multinationale de la République Dominicaine, ainsi que celui des contrats juteux en faveur d’entreprises dominicaines au détriment d’Haïti.
A date, la partie dominicaine semble mieux identifier les intérêts économiques possibles pour ses ressortissants, contrairement à la partie voisine haïtienne qui affiche plutôt une attitude passive et laxiste. [do rc apr 15/01/2007 12 :45]