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Célébration de l’Indépendance d’Haïti à Chicago

« Combattre l’esclavage psychologique en assumant nos responsabilités en Haïti »

Soumis à AlterPresse le 8 janvier 2007

Par Hertz Clyde Dézir

Plusieurs ressortissantes et ressortissants, de la communauté haïtienne résidant à Chicago (Etats-Unis d’Amérique), exhortent les compatriotes de l’intérieur et de l’extérieur du pays à endosser leurs responsabilités citoyennes pour un meilleur devenir de la première république noire indépendante du monde.

Cet appel a été lancé le 6 janvier 2007 à Chicago, à l’occasion d’une cérémonie patriotique pour commémorer le 203e anniversaire de l’indépendance de la république d’Haïti, qui fait face à une crise de sécurité marquée notamment par des enlèvements de personnes depuis plus de deux ans.

« Malgré tous les moments difficiles que traverse le pays, il faut encore être fier de cette héritage et savoir que le pays a besoin de nous tous », a affirmé Lesly Condé, Consul Général d’Haïti à Chicago.

Répétant à plusieurs reprises « Vive Haïti », Condé a insisté sur une prise de conscience nationale devant un auditoire d’environ 500 ressortissantes et ressortissants qui, attentifs à son message délivré en anglais et en créole, agitaient le bicolore bleu et rouge haïtien en signe de contentement et de fierté.

L’esprit d’unité et de réveil patriotique, pendant le rassemblement du 6 janvier 2007, n’a pas empêché l’expression de sentiments d’indignation et de reproches à l’endroit des Etats-Unis d’Amérique « qui ont laissé une marque condamnable dans l’histoire d’Haïti de 1915 à 1934 » [NDLR : période de la première occupation d’Haïti par les Etats-Unis d’Amérique].

« Nous devons reconnaître le rôle négatif des Etats-Unis d’Amérique, pays qui se fait passer pour un ami du peuple haïtien et comme un [symbole] de démocratie et de liberté, mais qui est et a toujours été à la base de tous les échecs et de tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés », a souligné avec émotion l’historien haïtien Leslie Balan-Gaubert, qui a essayé de revisiter brièvement cette époque malheureuse de l’histoire de la terre natale.

Toutefois, Balan-Gaubert a également mis en cause la responsabilité des Haïtiens dans la situation actuelle du pays, en dépit des pressions externes qui, d’après lui, secouent subtilement le pays.

« La responsabilité de restaurer le pays est entre … nos mains. Il est de notre devoir de combattre le phénomène de l’esclavage psychologique », a-t-il laissé entendre.

De son côté, le Pasteur Franco Valdémar a mis l’accent sur le support à apporter par les compatriotes de l’extérieur à leurs sœurs et frères de l’intérieur.

« Les enfants, qui vont retourner à l’école la semaine prochaine [NDLR : à compter du lundi 8 janvier 2007] aimeraient savoir que nous sommes en prière en leur faveur et que nous sommes solidaires avec eux », a-t-il souligné.

Outre un réveil patriotique, la cérémonie du 6 janvier 2007 revêt une importance particulière pour la progéniture des Haïtiens, naissant aux Etats-Unis d’Amérique, a déclaré, pour sa part, le professeur Max Gustave Joseph.

« La nouvelle génération trouve là une opportunité d’être témoin d’une image positive d’Haiti, confrontée à bien de carences dans l’esprit de beaucoup ».

Intervenant en la circonstance, la Congresswoman américaine Jan Schakowski, qui a récemment accompagné le chanteur haïtien Wyclef Jean durant son passage à Jacmel (Sud-Est d’Haïti) à l’occasion de Festival Film Jakmel en novembre 2006, a fait état de « bonnes nouvelles pour Haïti » avec le contrôle du Congrès Américain par les parlementaires Démocrates, issus des élections de novembre dernier.

En plus de pasteurs protestants de la communauté de Chicago, on a aussi noté la présence de quelques personnalités religieuses catholiques romaines, parmi les 500 ressortissantes et ressortissants, de diverses tendances politiques ou religieuses, de la communauté haïtienne résidant à Chicago (Etats-Unis d’Amérique) qui ont participé à la célébration du le 6 janvier 2007.

Au lieu du 1er janvier, la commémoration a eu lieu samedi dernier 6 janvier au Levy Center, 300 Dodge Avenue, dans la banlieue dénommée Evanston au nord de Chicago, en présence de ressortissants haïtiens du nord, du sud et de diverses banlieues de Chicago.

« C’est une première dans les annales de la communauté haïtienne de Chicago et dans toute la région… », estime le Consul Général d’Haïti à Chicago, en référence à l’ampleur donnée contrairement à une autre célébration faite la même semaine au sud de Chicago.

Le rassemblement patriotique du 6 janvier 2007 à Chicago, à l’occasion du 203 e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, s’est déroulé dans une ambiance d’animation musicale, de danses et de poésie avec la participation poétique de Enoch Sainca, Lionel Chéry et la voix d’or de Marie Mica Dory.

Les formations musicales Tchaka Roots of Haiti, D-Lux et Tambou la ont égayé l’assistance qui dansait et agitait le bicolore haïtien.

Quand le groupe Tchaka a fait vibrer le podium dans « Zansèt nou yo », le consul d’Haïti à Chicago s’est joint au groupe pour exécuter des pas de danse, voire chanter en toute liberté, sans complexe et sans timidité.

Donald Dorcilus, un membre de Tchaka, avait donné un avant-goût de la prestation du groupe, lorsqu’au début du programme il a fait résonner sublimement sa voix dans « La Dessalinienne » (l’hymne national d’Haïti) de concert avec le public.

La commémoration du 203 e anniversaire de l’indépendance d’Haïti, le samedi 6 janvier 2007 à Chicago, a été une initiative du Congrès des Haïtiens pour Fortifier Haïti (dont le principal dirigeant Lionel Jean-Baptiste est un élu local à Evanston), le Consulat Général de la République d’Haïti à Chicago, le Midwest Association of Haitian American Women (MAHAW), en collaboration avec plus d’une dizaine d’organismes haïtiens militant dans la région.