Communiqué de la POHDH
Soumis à AlterPresse le le 29 décembre 2006
L’année 2006 a été entre autres une année de douleur, de peine, de turpitude et d’adversité. Que l’année 2007 apporte à tous ses fils et toutes ses filles la joie, la paix, la sécurité et la prospérité.
L’année 2006 a été une année extrêmement difficile pour le peuple haïtien en ce qui a trait au respect de ses droits. En raison de son insouciance et de sa mauvaise foi, le gouvernement Alexandre/Latortue n’a pas pu apporter des solutions aux problèmes sociaux et au climat d’insécurité auxquels faisait face le pays au cours de l’année précédente. Et la population haïtienne s’est réveillée en 2006 dans la même tourmente : taux d’inflation très élevé d’un côté, assassinat et kidnapping de paisibles citoyennes et de citoyens de l’autre. L’unique point positif du gouvernement provisoire était l’organisation des élections présidentielles, législatives et sénatoriales.
Dans sa lutte continuelle pour une amélioration de ses conditions d’existence, le peuple haïtien a élu, le 7 février 2006, de nouveaux dirigeants à la tête du pays, avec l’espoir que ces derniers allaient enfin travailler à une réduction du taux de chômage, l’éradication du phénomène d’insécurité et une baisse du coût de la vie. Chimère ! Les nouvelles autorités n’ont fait montre d’aucune volonté ou de capacité d’œuvrer en ce sens. Et la population a plutôt assisté à une aggravation de sa situation, tant au point de vue social, qu’au point de vue économique, politique et sécuritaire.
Les prix des produits de première nécessité et de certains services tels que les soins sanitaires, l’éducation, le transport public ont été multipliés par 3 sur le marché, ce qui a empêché certains individus d’y avoir accès. Selon un rapport d’enquête publié par la Plate-forme sur la situation éducative en Haïti le 14 septembre 2006, plus de cinq cent milles enfants en âge scolaire n’ont pas pu se rendre à l’école cette année [1]. Un autre rapport d’enquête publié par cette même organisation sur le droit à l’alimentation à la veille de la journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre 2006, a révélé que la majorité de la population n’a pas pu jouir de ce droit en raison du coût élevé des produits alimentaires dans le pays [2].
Sur le plan sécuritaire, s’il est vrai que les groupes qui semaient la terreur avaient observé une trêve durant la campagne électorale, ils allaient reprendre service quelques mois après la proclamation des résultats des élections. Ainsi, de nouveaux actes de violence, encore plus cruels et plus barbares, allaient être enregistrés peu de temps après l’accession au pouvoir des nouveaux élus. Mêmes les enfants, les élèves et les étudiants n’ont été épargnés cette fois-ci. On se rappelle l’assassinat de Farrah Dessources, (20 ans), étudiante enlevée en Plaine, à l’entrée de sa maison. On se souvient également de celui de Carl Roobenz Francillon (6 ans) kidnappé devant la barrière de son école.
En définitive, les actes d’assassinat ont été nombreux pour cette année. D’après un rapport publié par la Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (JILAP), une Institution Membre du regroupement, deux cent huit (228) personnes ont trouvé la mort à Port-au-Prince, la Capitale du pays, durant la période allant du mois de juin au mois de septembre 2006 [3]. Mêmes les forces publiques chargées d’assurer la sécurité des vies et des biens, ont été impliquées dans des actes de violation. On peut prendre comme exemples les diverses interventions faites par la Police nationale et la MINUSTAH dans certains quartiers populaires de la capitale. Elles se sont toutes soldées par des morts au niveau de la population civile. La dernière en date est celle effectuée le 22 décembre à Cité Soleil, plus précisément à Bois-Neuf. Et ce carnage n’a servi qu’à assouvir les appétits mesquins et l’individualisme des uns et des autres au mépris du bonheur de la population, particulièrement de celui des plus pauvres.
A quelques jours de l’année 2007, la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits humains (POHDH) demande à tous les secteurs de la société d’œuvrer en vue de permettre au peuple haïtien de connaître des jours beaucoup plus heureux au cours de l’année qui vient. Cette demande s’adresse particulièrement aux groupes et individus armés qui sèment le deuil dans les familles pour qu’enfin ils remettent leurs armes aux autorités et commencent à travailler en vue du retour de la paix et de la sécurité dans le pays, condition indispensable au progrès et à la prospérité de toute nation.
La Plate-forme des Organisations haïtiennes des Droits Humains (POHDH), fidèle à sa mission de promotion et de défense des Droits de la personne, exhorte les autorités actuelles à travailler de leur côté en vue de permettre à l’Etat haïtien d’avoir la confiance de la population. En ce sens, nous les invitons à prendre des mesures dans les jours qui viennent en vue de :
a) Favoriser la création de beaucoup plus d’emplois dans le pays afin de permettre à tous les citoyens et toutes les citoyennes d’y avoir accès,
b) Stopper la hausse excessive et vertigineuse sur le marché des prix des produits de première nécessité et de certains services tels les soins sanitaires, l’électricité, l’eau potable,
c) Contrôler la circulation et le trafic d’armes à feu dans le pays en poursuivant tous les détenteurs et tous les trafiquants d’armes illégales,
d) Assurer la sécurité de tous et de toutes, dans les bidonvilles comme dans les quartiers riches,
e) Mettre fin à l’impunité en arrêtant et punissant toutes les personnes impliquées dans des actes de destruction de biens publics et privés, de viol, de vol, de kidnapping et d’assassinat,
f) Accorder réparation pleine et entière aux victimes de ces actes et assurer leurs prise en charge.
Dans cette société où certains ont tendance à justifier l’injustice et l’inégalité sociale, l’unité des forces progressistes et démocratiques constitue le seul rempart contre de telles allégations. Ainsi, à l’occasion de l’année 2007, la POHDH invite-t-elle les autres organisations qui luttent pour une société plus juste à s’unir à elle pour qu’ensemble elles puissent accompagner la population dans sa lutte pour le triomphe des idéaux de justice sociale et de progrès pour tous et pour toutes dans le pays.
Bonne et heureuse année 2007 à tous et à toutes !
Que cette nouvelle année apporte à tous les fils et toutes les filles du pays la joie, la paix, la sécurité et la prospérité !
Pour la POHDH :
COLAS Jocelyne, Secrétaire Général
JEAN CHARLES Jean Evrard, Secrétaire Exécutif