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Haiti salue la nomination d’une de ses filles comme porte-parole du secrétaire général de l’ONU

P-au-P., 4 janv. 07 [AlterPresse] --- Plusieurs secteurs de la société haïtienne saluent la nouvelle de la nomination, le 31 décembre 2006, de l’ex directrice de l’information de Radio Haiti Inter, Michèle Montas, comme porte-parole du nouveau secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-Moon.

C’est une nomination très méritée compte tenu de sa haute préparation, sa lutte en faveur de la liberté de la presse et son histoire personnelle, de l’avis de Jean Claude Bajeux, cousin de Michèle Montas.

Le doyen des dirigeants de défense de droits humains en Haïti inscrit cette promotion dans la tradition de l’apport non négligeable d’Haiti à l’ONU.

Jean Claude Bajeux cite entre autres le rôle que Max Dorsainvil eût à jouer, au sein de cette organisation, en faveur de la décolonisation de l’Afrique.

« C’est un très grand honneur pour la Presse Haïtienne. C’est réconfortant que Michèle Montas ait pu bénéficier d’une reconnaissance internationale à défaut d’avoir pu obtenir justice, sur le plan local, pour son mari assassiné le 3 avril 2000 », estime pour sa part le journaliste Marvel Dandin, un ancien de Radio Haïti.

La militante féministe Olga Benoît y voit une nouvelle illustration de la lutte menée par les femmes depuis des décennies. « Les femmes haïtiennes sont fières de Michèle Montas, comme elles l’ont été pour Michaëlle Jean, cette canadienne d’origine haïtienne devenue gouverneure générale du Canada ».

Michèle Montas est la veuve de Jean Dominique, Président Directeur Général de Radio Haiti, qui a été assassiné en avril 2000, dans la cour même de sa station. Elle a pris deux fois le chemin de l’exil avec son époux. Elle a quitté Haïti et sa radio après que son propre garde du corps a été assassiné en 2002.

« Cette histoire fait partie de moi », a-t-elle dit dans une interview à la radio de l’ONU, indiquant qu’en la nommant porte-parole le Secrétaire général en avait certainement conscience.

« La liberté c’est quelque chose que l’on porte en soi, même si l’on porte son pays dans les semelles de ses chaussures », a-t-elle expliqué.

A son nouveau poste, Michèle Montas entend rendre accessible l’information sur les crises les plus sensibles.

« Nous parlons de sang, nous parlons de gens qui meurent, nous parlons aussi de gens qui meurent de faim, de réfugiés », a-t-elle souligné.

« J’ai été porte-parole du président de l’Assemblée générale, mais c’est très différent. A ce poste, il s’agit d’être porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, de traiter, à côté de lui, de dossiers, d’écouter ses proches collaborateurs, de débattre de questions extrêmement difficiles et sensibles et de voir comment fonctionne un peu un gouvernement du monde », a-t-elle affirmé.

« Mon rôle n’est pas de déguiser ou d’habiller la vérité, mais de la rendre plus accessible. Je crois que le Secrétariat est au service des 192 Etats Membres, et que son rôle est de faire face aux crises qui ne peuvent être réglées qu’au niveau international », a-t-elle ajouté.

« Je ne pense pas que le fait d’être porte-parole fasse de vous automatiquement un des personnages les plus importants des Nations Unies », a-t-elle estimé en réponse à une question sur la place du porte-parole dans la hiérarchie de l’ONU, ajoutant que son rôle était de « donner accès à l’information à d’autres journalistes ».

Interrogée sur la tendance à employer la « langue de bois » du côté du Secrétariat, Michèle Montas a préféré souligner son rôle visant à attirer l’attention sur les crises oubliées.

Michèle Montas était jusqu’à présent rédactrice en chef de l’unité francophone de la radio de l’ONU. [vs gp apr 04/01/2007 14:10]