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Haiti : Bref survol de l’année 2006

P-au-P., 4 janv. 07 [AlterPresse] --- Le premier événement majeur de l’année 2006 est l’organisation de la présidentielle et des législatives du 7 février.

Le Conseil Electoral Provisoire (CEP), des observateurs nationaux et internationaux se félicitent du bon déroulement de ces élections.

CEP pressuré et Préval président

Moins d’une semaine après, des partisans du candidat de la Plateforme Espoir, René Préval, manifestent et dressent des barricades dans diverses rues de la capitale et des villes de province en vue d’exiger du CEP la publication des résultats.

Ce mouvement paralyse plusieurs secteurs d’activités pendant trois jours consécutifs.

Des manifestants en colère envahissent un hôtel luxueux, situé dans la périphérie Est de la capitale, à la recherche du directeur général du Conseil électoral provisoire, qu’ils accusent d’entraver la victoire de leur candidat au premier tour.

René Préval, crédité dans un premier temps de 48,76% des suffrages, se dit convaincu que des fraudes massives ou des erreurs grossières entachent le processus électoral.

Selon la constitution haïtienne, pour être élu au premier tour, un candidat à la présidence doit obtenir 50% plus une voix.

Le suivant le plus proche de Préval, Leslie François Manigat, souhaite l’application de la règle du jeu démocratique et un deuxième tour si personne ne dépasse la barre de 50 pour cent.

Une partie de la communauté internationale s’active, en sous-main, à trouver un moyen qui permette de proclamer René Préval vainqueur de la présidentielle dès le premier tour.

Mi-février, le Conseil électoral provisoire déclare le candidat de la plateforme Espoir victorieux, avec 51,15% sur 96 pour cent des procès verbaux étudiés.

L’heure est à la fête dans les rangs des partisans de René Préval. Des manifestations de joie se tiennent un peu partout dans le pays. Le président élu donne à découvrir ses talents de danseur depuis sa résidence à Marmelade (Nord-Ouest d’Haïti), sous les feux des caméras de (télévisions internationales).

Leslie François Manigat dénonce une comédie machiavélique alors qu’un autre candidat malheureux, Charles Henri Baker, déplore le non respect par le CEP de l’article 185 du décret électoral relatif au vote blanc.

La Communauté internationale promet d’ores et déjà son soutien au nouveau président haïtien.

Les premiers voyages de Préval

Début Mars, le président élu effectue une visite en République Dominicaine. « C’est une nouvelle étape dans les excellentes relations que nous avons maintenues avec le gouvernement provisoire », déclare le ministre dominicain des Affaires étrangères.

René Préval entreprend plus d’une semaine après une tournée latino-américaine. Il veut s’assurer, dit-il, de la volonté de coopération de l’Amérique Latine avec Haïti relativement à l’établissement d’un cadre de gouvernement et d’un plan de développement.

La prochaine escale du président élu est, à la mi-avril à Cuba. Il y est opéré d’une hernie. René Préval fait quelques mois plus tard d’autres révélations sur son état de santé. De nouvelles analyses montrent qu’il ne souffre pas de cancer de la prostate, affirme-t-il de retour d’un nouveau voyage (pour raison médicale) à la Havane (Cuba).

Haïti renoue avec la vie parlementaire… Mission accomplie pour le gouvernement provisoire

Mai 2006, Haïti renoue avec la vie parlementaire. Erick Jean Jacques de la Plateforme Espoir devient président du bureau définitif de la Chambre des députés alors que Joseph Lambert du Sud-Est, membre du même regroupement, préside celui du Sénat.

L’administration intérimaire sortante du président provisoire Boniface Alexandre et de son premier ministre Gérard Latortue se décerne un satisfecit pour la bonne conduite des deux années de transition.

Préval aux commandes

Le nouveau Chef de l’Etat prend investiture le quatorze mai. Des personnalités internationales de haut rang assistent à son intronisation dont la gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean (d’origine haïtienne).

Peu après l’entrée en fonction de René Préval, Haïti devient officiellement membre du programme PetroCaribe proposé par le Vénézuéla. Ce programme permet à Haïti de se procurer du pétrole à un prix préférentiel.

Fin mai-début juin, le Parlement ratifie en chambres séparées le Premier ministre Jacques Edouard Alexis. Celui-ci annonce un programme ambitieux.

Le nouveau chef du gouvernement investit le 9 juin le nouveau Cabinet ministériel. Celui-ci comporte les représentants des principaux partis politiques au Parlement.

Le 7 juillet, le président René Préval revient au pays après un périple de onze jours aux Etats-Unis, en Europe et dans la Caraïbe.

Prisonniers lavalas libérés

Mi-Août, plusieurs prisonniers lavalas soupçonnés d’implication dans le raid sanglant contre la Faculté des Sciences Humaines et de l’Institut National d’Administration, le 5 décembre 2003, recouvrent la liberté, faute de preuve, dans le cadre des assises criminelles sans assistance de jury qui se déroulent au Palais de justice de Port-au-Prince. Les prisonniers en question sont Annette Auguste alias Sò Anne, Yvon Antoine dit Yvon Zapzap et Honoré Georges.

Les 100 jours d’Alexis… Insatisfaction du secteur des affaires

Octobre, le gouvernement Alexis franchit déjà ses cent premiers jours. Des hommes d’affaires lui disent les quatre vérités lors d’un déjeuner-débat en son honneur par la Chambre franco-haïtienne de Commerce. L’industriel Grégory Brandt dresse un bilan négatif (des 100 premiers jours du gouvernement), s’insurgeant notamment contre le laxisme des autorités face à la montée de l’insécurité et du (phénomène du) kidnapping.

Elections locales : faible participation

Le 3 décembre, des élections municipales, locales et législatives complémentaires, se tiennent à l’échelle du territoire. Le taux de participation est très faible.

Problème de l’insécurité, talon d’Achille du gouvernement

13 décembre : convocation du Conseil supérieur de la police nationale par la Commission Justice et Sécurité publique du Sénat. Le Premier ministre Jacques Edouard Alexis s’engage (selon le président de la commission, Youri Latortue) à ne plus négocier avec les bandits et à appliquer de préférence la loi, dans toute sa rigueur, contre les auteurs de tout type d’infraction.

L’incapacité à adresser le problème de l’insécurité demeure le principal talon d’Achille du gouvernement de Jacques Edouard Alexis. L’année s’achève sur une vague de cas d’enlèvements, frappant notamment des élèves, et obligeant les écoles à fermer leurs portes prématurément (jusqu’au 8 janvier 2007).

La MINUSTAH et la police en opération à Cité Soleil

Le 22 décembre, la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (MINUSTAH) et la police (haïtienne) mènent une vaste opération anti-kidnapping à Bois Neuf, un quartier de Cité Soleil, et à Drouillard, au nord de la capitale, qui se solde par une dizaine de morts. Cette intervention vise notamment le fief du chef de gang présumé, Bélony ainsi connu. Celui-ci serait le principal instigateur du récent kidnapping d’un sénateur de la République (libéré moins de 24 heures après).

Quand l’État ne parvient pas à juguler l’insécurité…

La nette aggravation de l’insécurité provoque un réveil brutal de certaines couches de la population le 20 décembre. Plusieurs centaines de personnes manifestent (ce jour-là) devant le Sous-commissariat de Musseau (Nord-Est de Port-au-Prince) pour forcer la police à leur livrer trois présumés ravisseurs dont un policier pour qu’elle puisse les lyncher. On enregistre plusieurs blessés.

Recevant des centaines d’enfants au Palais national pendant les fêtes de fin d’année, le président René Préval leur promet, en guise de cadeaux de noël, des mesures pour en finir avec le kidnapping. [vs gp apr 04/01/2007 06:30]