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Haïti - Sécurité : 1 blessé par balle au cours d’une protestation citoyenne contre les preneurs d’otages

P-au-P, 20 Déc. 06 [AlterPresse] --- Au moins une personne a été blessée par balle, un journaliste atteint d’une pierre et un véhicule de l’Organisation des Nations Unies (ONU) incendié.

Tel est le bilan provisoire d’un mouvement de protestation, ce mercredi 20 décembre 2006, de riverains qui voulaient pénétrer l’enceinte du sous-commissariat de police de Delmas 62 (nord-est de Port-au-Prince) pour récupérer deux présumés kidnappeurs arrêtés par la police, ont constaté les journalistes à la mi-journée.

Des unités spécialisées de la force de sécurité publique d’Haïti ont vite fait d’évacuer, vers un autre centre de détention, les présumés preneurs d’otage interceptés à Delmas au moment où ils tentaient de s’enfuir avec des personnes qu’ils venaient d’enlever.

Fortement en colère, des citoyennes et citoyens haïtiens ont érigé des barricades de pneus enflammés sur la chaussée paralysant ainsi la circulation des véhicules sur la principale artère de la grande agglomération de Delmas. Ils ont même menacé d’incendier le sous-commissariat de police au cas où les policiers refuseraient de livrer les malfrats et tireraient sur eux.

« La police ne veut pas nous livrer les kidnappeurs qu’elle a appréhendés et qui sont gardés au sous-commissariat », dit l’un des manifestants interrogés par la presse.

Des pare-brise de véhicules ont été cassés par les citoyens protestataires qui voulaient à tout prix avoir raison des kidnappeurs. Des jets de pierre ainsi que des tessons de bouteilles ont été lancés dans toutes les directions, mais les policiers ont réagi en lançant des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.

D’autres agents de la Police nationale d’Haïti (PNH) ainsi que des membres du Corps d’intervention et du maintien de l’Ordre (CIMO), une unité spécialisée de la PNH, sont venus donner du renfort à leurs pairs de Delmas 62. Des militaires de la MINUSTAH ont tiré plusieurs rafales d’armes pour disperser la foule des manifestants.

22 présumés kidnappeurs ont été interpellés en moins de 48 heures à Haïti, tandis que 4 victimes ont été libérées lors des opérations conjointes menées par la police haïtienne et les forces de la mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH).

Une opération, conduite pendant plus de six heures le 18 décembre 2006, qui a mobilisé 100 représentants des forces nationales et internationales dans quatre quartiers du Cap-Haïtien (deuxième ville du pays à 248 kilomètres au nord de la capitale), a permis l’interpellation de 9 personnes suspectées de kidnapping. Dans la foulée, 2 armes de poings et 50 cartouches de 7.62 ont été saisies, selon un communiqué de la mission onusienne transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Depuis début novembre 2006, les actes d’enlèvement de personnes, y compris d’écolières et d’écoliers, sont en nette augmentation à Port-au-Prince et s’étendent sur des villes de province.

Cette situation a provoqué la fermeture prématurée des établissements scolaires à la fin de la semaine dernière et créé un sentiment d’angoisse et de révolte chez la population, qui exige des dispositions immédiates pour mettre fin aux actes de kidnapping.

Le lundi 18 décembre 2006, plus de 48 heures après l’enlèvement suivi de la libération du sénateur Andris Riché, une soixantaine de personnes ont été enlevées dans deux autobus assurant le trajet Port-au-Prince / Saint-Marc (à 96 kilomètres au nord). Ces Haïtiens sont pour l’instant séquestrés à Cité Soleil (nord de la capitale) où les ravisseurs exigent des rançons en échange de leur libération.

Les syndicats d’enseignants ont dénoncé le 19 décembre le laxisme et l’irresponsabilité du gouvernement face à la recrudescence du phénomène du kidnapping. Dans la soirée, le secrétariat d’Etat à la sécurité publique a annoncé un train de mesures, dont un renforcement des perquisitions de véhicules y compris des fouilles de piétons, certaines restrictions concernant le port d’armes et la circulation des motocyclettes ainsi que l’interdiction de vitres teintées sur les véhicules non autorisés, pour faire face aux actes d’enlèvement de personnes en nette augmentation depuis début novembre 2006 en Haïti. [do rc apr 20/12/2006 12 :48]