Prise de position du Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), à l’occasion du 18 décembre 2006, Journée Internationale de Solidarité avec les Migrants
Document soumis à AlterPresse le 18 décembre 2006
A l’occasion de la Journée Internationale de Solidarité avec les Migrants, célébrée dans le monde le 18 décembre, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) appelle à l’arrêt du phénomène de l’insécurité qui sévit en Haïti depuis quelques temps et qui pousse de plus en plus d’Haïtiens à se tourner vers d’autres pays, comme seule alternative de survie et d’une amélioration de leurs conditions de vie.
La situation de terreur que des groupes armés font planer sur toutes les couches sociales évoluant en Haïti a de graves conséquences sur les immigrants haïtiens à l’étranger, tant sur le plan économique que psychologique. La diaspora haïtienne qui, déjà, finance en grande partie la vie économique du pays à hauteur de plus d’un milliard de dollars américains de transferts chaque année, se voit maintenant obligée de payer des sommes faramineuses à des ravisseurs en contrepartie de la libération des membres de leur famille ou de leurs amis-es kidnappés. Aujourd’hui, presque tous les émigrés-es haïtiens évoluant à l’étranger vivent dans la peur quotidienne, sachant qu’à n’importe quel moment, ils-elles peuvent être informés de l’enlèvement ou de la disparition d’un-e proche.
Ce phénomène d’insécurité a également obligé beaucoup d’entre eux qui avaient planifié de visiter leurs familles à l’occasion des fêtes de fin d’année à annuler leurs projets de voyage en raison de cette flambée de violence. Le pays a ainsi de nouveau perdu une autre opportunité de rentrer des devises que généralement les membres de sa diaspora apportent à l’économie, à l’occasion des fêtes de fin d’année.
Ceux et celles, qui malgré les mauvaises nouvelles, prennent le risque de rentrer en terre natale, ne trouvent à l’aéroport international aucun dispositif de sécurité pour les rassurer à leur arrivée. Les voyageurs, à leur sortie de la douane, font face à une meute de gens qui les agressent, les harcèlent de toute part, sans qu’aucune autorité ne semble s’en soucier. A la frontière, particulièrement à Ouanamithe, Belladère et aussi à Malpasse, les haïtiens et haïtiennes qui reviennent de la République Dominicaine sont accueillis par un environnement insalubre et dégradé, marqué par des immondices éparpillées ici et là et/ou par des routes défoncées qui n’ont subi aucun aménagement depuis des années.
Le GARR rappelle que le climat de tension, marqué par des kidnappings spectaculaires, le manque de sécurité et les conditions socio-économiques dans lesquelles se trouvent la majorité de la population haitienne sont les principaux facteurs qui font accroître chaque jour le taux de départ définitif d’haïtiens et d’haïtiennes vers l’étranger, aggravant ainsi notre déficit en ressources humaines indispensables pour le développement du pays.
Le GARR presse les autorités haïtiennes à prendre des mesures concrètes et efficaces pour stopper l’insécurité et créer un climat favorable à la quiétude d’esprit et à l’épanouissement tant pour les Haïtiens de l’intérieur que ceux de l’extérieur conformément à l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits Humains qui exige de chaque état la garantie des droits à la vie et à la sécurité de toute personne se trouvant sur son territoire.
Le GARR profite de l’occasion pour exhorter le Pouvoir Exécutif et le Parlement à mettre tout en œuvre pour ratifier dans le plus bref délai la Convention Internationale pour la Protection des Droits de tous les Travailleurs Migrants et des membres de leurs familles. En tant que pays accusant un fort taux d’émigration (plus d’un quart de la population se trouve à l’étranger), un tel geste témoignera de l’intérêt et de la reconnaissance des pouvoirs publics envers cette population.
En cette journée du 18 décembre 2006, le GARR exprime sa solidarité avec tous les immigrants et immigrantes haïtiens-nes, quel que soit le pays où ils/elles se trouvent, particulièrement ceux et celles en République Dominicaine qui, malgré les conditions de vie difficile, demeurent attachés à la terre natale. Le GARR salue également le courage de tous les immigrants et immigrantes dans le monde qui luttent pour le respect de leurs droits.
Colette Lespinasse
Coordonnatrice