Montrouis, 18 Déc. 06 [AlterPresse] --- Haïti pourra bientôt se doter d’un programme unique de planification familiale (PF) qui sera exécuté par les directions départementales sanitaires du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP).
Cette politique de prévalence contraceptive sera la résultante de 10 plans régionaux élaborés par le MSPP à travers ses ramifications, apprend AlterPresse durant un colloque national sur la planification familiale déroulé à Montrouis (nord de Port-au-Prince) sur les côtes des Arcadins, du 12 au 15 décembre 2006.
« Nous aurons un plan global que le Ministère [de la Santé] aura à partager avec ses partenaires ainsi qu’avec l’État », déclare à AlterPresse la docteure Josseline Marhône Pierre du Ministère de la santé publique.
Professionnels de la santé, venus des différentes régions du pays, ont participé à ce colloque tenu sous le thème « Sauvons la vie de nos familles. » A travers ce programme, ils préconisent que chaque famille haïtienne mette trois enfants au monde, à intervalle de trois ans par enfants.
Parlant au nom du docteur Robert Auguste, titulaire du MSPP, le docteur Josseline Marhône sollicite l’engagement des partenaires nationaux et internationaux à soutenir ce programme qui, selon elle, doit aider à réduire jusqu’à 50% le taux de prévalence contraceptive d’ici aux cinq prochaines années.
Le docteur Marhône affirme qu’il revient aux décideurs de « prendre toutes les dispositions pour garder le momentum autour du repositionnement du planning familial. »
« Nous devons rechercher la participation et l’engagement de nouveaux partenaires pour le financement » de ce programme « pendant que nous allons poursuivre avec la collaboration des partenaires habituels », dit le docteur Josseline Marhone Pierre dans son message de clôture de ce colloque.
L’engagement d’autres ministères ainsi que celui d’autres partenaires sont également souhaités pour la réalisation de cette politique de planification familiale. « Nous devons marcher côte à côte avec le réseau national en population et développement qui est une structure nationale qui sert de liaison entre le secteur étatique et les partenaires », ajoute la déléguée du Ministre de la Santé Publique.
« Le mandat de l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la Population) s’inscrit bien dans cette perspective d’améliorer la santé de la reproduction en Haïti », dit le docteur Paul Adrien, cadre de cet organisme onusien.
En terme de financement, le docteur Adrien indique qu’en dehors des fonds réguliers de l’UNFPA ayant été toujours mobilisés pour soutenir la santé reproductive, Haïti doit espérer le support financier de l’Union européenne à travers un fonds de 17 millions d’Euros approuvé pour les pays de l’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique (ACP).
Un délai très court est accordé aux autorités haïtiennes pour la validation du document de planification familiale. « Vous pouvez déjà vous assurer du soutien incontournable de l’UNFPA », affirme le docteur Paul Adrien qui rappelle que de nombreux efforts sont déjà consentis dans le cadre du repositionnement de la planification familiale (PF) en Haïti.
« Cet engagement que vous êtes entrain de prendre aujourd’hui doit vous faire penser à tous ces efforts antérieurs (…) Dans le temps, il y avait beaucoup d’investissements en PF. Je pense que les ressources humaines sont encore là, il suffira de voir comment on peut les remotiver, les remobiliser à la cause de ce repositionnement », soutient le représentant du FNUAP à ce colloque.
Le docteur Pierre Mercier de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) pense, quant à lui, qu’il faut doubler le taux de prévalence contraceptive d’ici aux cinq années à venir afin d’avoir une prévalence qui avoisine les 60 et 70%.
« Il faut entrer dans une dynamique de coordination et de multisectorialité holistique et complémentaire pour éviter tout gaspillage de ressources », pense le cadre de l’USAID qui supporte ce programme de contraception.
A date, il n’y a pas de promesses et les institutions partenaires ne veulent pas avancer de chiffres. Toutefois, selon le docteur Josseline Marhône, les agences internationales impliquées dans ce programme se disent disposées à accompagner le Ministère de la Santé Publique dans cette démarche, soutenue également par d’autres institutions, dont Unicef et Profamil.
« Tous ces partenaires ont réaffirmé leur engagement à œuvrer aux côtés du Ministère en vue de permettre aux directions départementales sanitaires de trouver les moyens pour exécuter ce plan », précise la représente du MSPP interrogé par un Journaliste d’AlterPresse sur le budget alloué à l’exécution de ce programme.
La relance de ce programme constitue, selon les instigateurs, une des urgences sur lesquelles Haïti doit le plus rapidement se pencher et en faire une priorité en matière de santé reproductive, dans une perspective d’efficience et de résolution durable. Depuis 10 ans, Haïti le pays de la région (Caraibes-Amériques) où le taux de mortalité maternelle est le plus élevé. [do apr 18/12/2006 12:00]