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Haiti : Plus d’une trentaine d’enlèvements d’élèves en une semaine… « Il nous faut agir vite et agir maintenant ! », selon l’OPC

Communiqué de l’Office de Protection du Citoyen (OPC)

Soumis à AlterPresse le 16 décembre 2006

L’Unité de Protection de l’Enfant (UPDE) de l’Office de la Protection du Citoyen condamne avec véhémence les actes de violence qui dominent la vie nationale, actes commis avec une fréquence alarmante ces derniers jours, sous les formes les plus viles.

L’UPDE constate avec indignation que la société haïtienne est à une phase d’auto-destruction. Elle sacrifie ses propres enfants, l’avenir du pays.

L’émergence d’une nouvelle société, caractérisée par la violence et la criminalité est comme une fatalité, un glas s’abattant sur la catégorie la plus vulnérable : les enfants.

Le Droit d’être enfant a été enlevé à un grand nombre d’entre eux. Ils sont utilisés comme des outils pour la perpétration de crimes et de délits par les gangs. Ils sont aussi les plus facilement appréhendés alors que leurs recruteurs et leurs corrupteurs courent les rues, bénéficiant d’une impunité illimitée.

La centaine d’enfants, aujourd’hui en conflit avec la loi qui croupissent dans les différents commissariats et établissements pénitentiaires du pays, sont en première loge de cette violence qui sévit déjà depuis trop longtemps dans notre pays. Il n’ont pas la chance d’être protégés par leur famille, d’être protégés par la société, par l’Etat. Le Droit d’être un enfant leur a été enlevé.

Ne se contentant plus de les droguer afin de les utiliser dans des actions malhonnêtes, on s’acharne sur les enfants du pays en faisant d’eux des cibles de meurtres, d’enlèvements, de séquestrations, de viol, de trafic d’organes pour ne citer que les crimes les plus redoutables et les plus visibles commis ces derniers jours contre l’Enfant Haïtien. Les petits écoliers en route pour l’école ou y revenant se retrouvent parmi les cibles favories. Déjà plus d’une trentaine d’enlèvements d’élèves enregistrés cette semaine du lundi 11 au jeudi 14 décembre 2006 !. Il nous faut agir vite et agir maintenant ! Les Droits à la Protection, à la vie et à l’Education de l’enfant haïtien sont sérieusement attaqués alors que nous ne sommes pas en guerre ! Aucune structure étatique ne s’est jusqu’à présent révélée apte à honorer l’engagement de protéger les enfants pris par Haïti en ratifiant la Convention Internationale sur les Droits de l’Enfant.

L’UPDE en cette occasion de Noël interpelle la conscience de tous, invitant chaque haïtien à faire la paix avec soi-même, avec la société. Il est encore temps que la société haïtienne se donne une chance. Pour paraphraser le Dr. Martin Luther King Jr : « Apprenons à vivre comme des frères ou nous périrons tous comme des bêtes »

L’Unité de Protection de l’Enfant de l’Office de la Protection du Citoyen encourage chacun à rechercher ce qui lui reste d’humain, de dignité. Elle prête sa voix aux enfants actuellement séquestrés ou vivant dans la peur de l’être, aux familles affligées, endeuillées par la violence et appauvries par les rançons, pour adresser ses questions et ses recommandation à toutes les forces vives de la Nation haïtienne.

Aux Autorités Gouvernementales : D’où nous viennent toutes ses armes ? Comment arrivent-elles sur notre territoire ? Sortez de votre mutisme pour redonner confiance à la population. Adoptez en toute urgence des stratégies adéquates à cette situation et prenez des mesures de prévention et de répression contre toute cette criminalité qui sévit déjà depuis trop longtemps dans notre pays. Il est temps que les conflits entre la Police et la Justice, qui ne sont profitables qu’aux criminels cessent. Que les efforts déployés dans des rivalités et des luttes intestines aux seins des différents organes de l’appareil étatique se convergent vers un Plan d’action efficace. Ce plan devra garantir une meilleure protection aux citoyens, particulièrement aux plus vulnérables, les enfants et les femmes. Il est temps que les bandits commencent à s’inquiéter d’avoir à rendre compte de leurs actes !.

Aux législateurs, Rappelez-vous des promesses faites aux enfants par vos partis politiques respectifs lors de la signature de l’Agenda des partis pour l’Enfant. Vous devez accorder une attention particulière à cette situation d’insécurité qui sème le deuil dans les familles haïtiennes et ne fait qu’augmenter le nombre d’orphelins. Il est impératif que la priorité soit donnée à la création de cadres légal et institutionnel devant garantir de manière efficace et durable la protection de l’Enfant haïtien.

Aux élus des différentes collectivités territoriales, lesquels seront les principaux responsables du chantier de construction d’environnements surs et sécuritaires pour les enfants dépendant de leur juridiction. Votre proximité avec les citoyens des communes et des sections communales, devra contribuer à parfaire votre compréhension de cette gangrène qui ravage les familles en affectant de façon particulière les enfants.

Aux ONGs de défense des Droits de l’Homme, Développez des programmes d’appuis légal et psychologique à l’intention d’enfants victimes d’une façon ou d’une autre de la violence. Contribuez à l’éducation à la Paix, à la Non-Violence et à la démocratie en continuant à accompagner la poupulation dans sa quête de justice.

A la Communauté internationale, Aidez l’Etat Haïtien concrètement à lutter de façon systématique contre l’insécurité, la violence et le banditisme aussi bien que l’exploitation des enfants dans toutes ses dimensions.

Aux structures morales de références : les écoles, les églises, les familles, les organisations de la Société Civile, Ne baissez pas les bras. Prenez vote responsabilité et jouer votre partition dans cette lutte pour l’éradiction de cette violence devenue innaceptable.

A la population en général, ne vous laissez pas allez à la passivité et à la résignation. Commencez à vous organiser en vue de participer activement à l’établissement d’un climat de paix et de sécurité pour vos enfants et pour vous-mêmes.

A ceux qui sont impliqués dans des actes de criminalité, particulièrement ceux commis contre les enfants, ceux qui ont déjà mis leur plan à exécution que ceux qui projettent de le faire. Rappelez-vous que vous aviez été vous-mêmes des enfants, vous en avez déjà, ou vous êtes appelés à en avoir. Quel pays voulez-vous leur laissez ? Quels enfants laisserez-vous à ce pays ? Ou, comptez vous les exterminer tous ?

Il est encore temps que vous vous donniez une chance ! La chance de redevenir un être humain à part entière. De voir en chaque enfant que vous détruisez, ou que vous avez l’intention d’éliminer, votre image, votre propre enfant. Vous devez savoir que vous aurez quand même des comptes à rendre plus tard à la société, à vous-mêmes, aux enfants, à la nature et au créateur. Prenez le chemin de la droiture, en ayant à l’esprit qu’en enlevant ou en séquestrant un enfant ; qu’en lui otant la vie, soit en le brulant vif, ou en le hachant à coups de machette, soit en le jettant sur des détritus, le blessant ou le tuant par balle, l’amputant d’un ou de plusieurs membres, vous vous détruisez progressivement, vous créez vos propres tombes.

Sachez que votre destiné est lié à celle des enfants. Si vous parvenez à vivre assez longtemps pour le voir, le peu d’enfants qui réussiront à survivre de ce cahos créés par cette situation de violence, seront des adultes impuissants qui ne seront bons qu’à vous assister croupissant dans la vieillesse, dans un payé abandonné, ravagé, dévasté par la pauvreté et la terreur.

Aux enfants d’Haïti, qui sont orphelins de cette situation, tant ceux qui en ont déjà été victimes que ceux qui vivent dans la peur de l’être. Du courage ! Il ne faut jamais oublier que vous êtes les poumons du pays. Ceux par lesquels il vit. A ceux qui sont exploités et utilisés, ne vous laissez plus manipuler car vous serez les seuls à payer le prix du sang versé. Ce sera votre manière de contribuer à la réduction de la violence et de l’insécurité.

Enfin ces conseils du Dr. Martin Luther King aux noirs américains à une période bouleversée de leur histoire semblent aujourd’hui judicieux, appropriés à tous, victimes ou auteurs de crimes, Etat et Société Civile : « Ne cherchons pas à étancher notre soif de liberté en buvant la coupe de l’amertume et de la haine. Nous devons à jamais livrer notre bataille sur les hauts plateaux de la dignité et de la discipline. Il ne faut pas que notre revendication créatrice engendre la violence physique. Encore et encore, il nous faut nous dresser sur les hauteurs majestueuses afin d’opposer à la force matérielle la force de l’âme. »

Joyeux Noël 2006, Bonne et heureuse année 2007
Que la Paix soit sur Haïti et en particulier sur nos enfants !

Unité de Protection de l’Enfant
Office de la Protection du Citoyen
13 décembre 2006