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Haïti : Un sit-in pour dénoncer l’insécurité et réclamer des actions concrètes du gouvernement

P-au-P, 12 Déc. 06 [AlterPresse] --- Des citoyennes et citoyens haïtiens ont appelé, ce 12 décembre 2006, à des actions concrètes du gouvernement en vue d’enrayer le climat de violence et les actes d’enlèvement qui s’intensifient à Port-au-Prince.

Pancartes en main sur lesquelles étaient inscrits des messages contre la criminalité et le banditisme, ces manifestants, convoqués par la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits de la femme (CONAP), ont occupé jusqu’à la mi-journée l’entrée principale du Ministère de la Justice et de la sécurité publique (MJSP).

« Arrêtez et jugez les kidnappeurs. Le pays a trop souffert de ces tueurs à gages », ont scandé ces manifestants qui empêchaient même le cortège du Secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, Luc Eucher Joseph, de pénétrer dans la grande cour de ce Ministère.

Les citoyennes et citoyens présents réclamaient justice pour toutes les victimes du kidnapping et de l’insécurité et la fin de l’impunité.

« Nous réclamons justice pour : Farah Kerbie Dessources, Jacques Roche, Karl Rubbens Francillon. Justice pour Danièle Lustin, Jean Léopold Dominique, Jean-Marie Vincent », ont-ils lancé. Certains d’entre eux portaient des t-shirt à l’effigie du poète et Journaliste Jacques Roche, assassiné en juillet 2005 par ses ravisseurs après quatre jours de séquestration.

Tout en critiquant l’attitude du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis qui faisait part récemment d’éventuelles pressions américaines sur la question des déportés, ces manifestants estiment qu’il revient aux autorités haïtiennes de prendre les mesures qui s’imposent pour garantir la sécurité des vies et des biens.

« Nous tenons ce sit-in pour demander au Premier Ministre Alexis de cesser de se lamenter pour un visa (américain). Messieurs les membres du gouvernement, faites de préférence preuve de dirigeants responsables. Le pays en a trop souffert », déclarent-ils.

La semaine dernière, le Premier Ministre Jacques Edouard Alexis avait révélé que les Etats-Unis menacent de révoquer le visa des autorités haïtiennes au cas où elles refuseraient d’accueillir les déportés en provenance des Etats-Unis. L’ambassade américaine avait démenti toute pression contre le gouvernement.

Observateurs internationaux, parmi eux un membre de l’Organisation des Etats américains (OEA), militants de droits humains, élus du peuple, entre autres, ont assisté à ce sit-in.

« La lutte contre l’insécurité et le banditisme généralisé est une action citoyenne et nous sommes là pour appuyer tout mouvement allant dans le même sens », a indiqué Vilès Alizar du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH).

En dehors de la volonté des autorités haïtiennes de combattre l’impunité dans toute son étendue, Alizar croit qu’ « on ne peut pas arriver au respect scrupuleux des droits de la personne humaine dans ce pays. »

Le militant de droits humains appelle la population à un sursaut collectif et demande au gouvernement de mettre un terme à sa politique de négociation avec les bandits. « Nous constatons que le gouvernement négocie avec les bandits, encourage les actions des bandits, nous condamnons de toutes nos forces cette politique », s’insurge-t-il.

Le député Anthony Dumont se rallie, lui aussi, à ce mouvement des femmes haïtiennes contre le climat d’insécurité qui prévaut dans le pays. « Nous sommes toutes et tous des victimes de l’insécurité. Le gouvernement admet son échec dans le domaine de la sécurité, je crois qu’il est temps de mettre un terme à ce phénomène », affirme le parlementaire qui participait, lui aussi, à ce sit-in.

« Nous exigeons un vote de non confiance pour le gouvernement lors de la prochaine session parlementaire », a affirmé Junior Alténor, porte-parole de la Coopération nationale pour la défense des droits humains (COONADH), une nouvelle organisation de promotion des droits de la personne.

L’arrivée du docteur Mirna Narcisse Théodore, directrice générale du Ministère à la condition féminine (MCFDF) était un stimulant pour les manifestantes et manifestants, qui ont exigé des actions concrètes de la part de l’État. « Trop de discours, nous en avons marre. Des actions concrètes, Madame, c’est ce que nous réclamons », ont-ils lancé à l’attention de la directrice générale du MCFDF.

Les mêmes propos ont été lancés à l’attention de Luc Eucher Joseph, Secrétaire d’Etat à la sécurité publique. [do gp apr 12/12/2006 14:30]