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Scandale des coopératives : un pavé dans la mare

P-au-P., 17 juin. 03 [AlterPresse] --- La langue du Président Directeur Général de Cœurs-Unis, David Chéry, se délie. Dans une cassette enregistrée depuis sa cachette et diffusée par la station privée Radio Kiskeya, David Chéry, un des plus importants responsables de coopératives en faillite, qui était en résidence surveillée, confirme avoir échappé à la surveillance de la police.

David Chéry dénonce les pressions qu’il a subies pour ne pas rembourser les sociétaires de la coopérative. Selon ses dires, « ces pressions émanaient du pouvoir et avaient commencé depuis la sortie d’un spot de Cœurs-Unies disant que c’est seulement un patriote qui peut réaliser autant de belles choses dans le pays ».

David Chéry ne cite pas beaucoup de noms. Mais ses propos laissent croire que les pressions provenaient du pouvoir, par le biais notamment du Conseil National des Coopératives (CNC) et de la Police Nationale d’Haïti (PNH). Il tient toutefois à préciser que ce ne sont pas tous les policiers qui sont mauvais. Le PDG de Cœurs-Unis « salue chaleureusement » ceux des policiers qui ont eu à l’aider d’une manière ou d’une autre.

Par ailleurs, David Chéry révèle que, en septembre 2002, quand la police disait l’avoir arrêté à la frontière haïtiano-dominicaine, il n’en était rien. David Chéry précise qu’il « séjournait dans un hôtel, au Cap Haïtien » (nord du pays), lorsqu’il a été « appréhendé par des policiers qui l’ont emmené à la frontière pour faire leur montage ».

Le PDG de Cœurs-Unis indique qu’il « n’avait jamais envisagé, même une fois,
de quitter le pays, comme ont eu à le faire d’autres responsables de coopératives en faillite ». S’il le voulait, il aurait pu, en complicité avec les autorités, le faire sans difficultés, confie David Chéry.

« J’ai été contraint d’agir sous la dictée des autorités. Celles-ci m’indiquaient, de manière systématique, tout ce que je devais dire dans le dossier des coopératives et le visage de circonstance (grimaçant, enjoué ou triste) que je devais afficher lors de mes sorties dans la presse ».

En prison, David Chéry dit avoir été l’objet de « pressions » pour donner de l’argent à des autorités non précisées. C’est ainsi, explique-t-il, qu’il a dû « payer trente mille dollars (américains) pour l’élargissement de sa mère et de son père », arretés en meme temps que lui en septembre 2002. Il a dû ensuite, ajoute-t-il, « verser quatre-vingt mille dollars
(américains) pour qu’on le mette en résidence surveillée », 2 mois plus tard.

Dans la bande sonore qu’il a fait parvenir à Radio Kiskeya, le PDG de Cœurs-Unis annonce au public que sa vie est en danger. Il dit craindre pour la sécurité de sa famille et des employés de Cœurs-Unis. David Chéry dit remettre la vie de ces gens aux mains des
autorités haïtiennes.

David Chéry salue, « de manière toute spéciale », le dirigeant de la Confédération Nationale des Sociétaires Victimes (CONASOVIC), Rosemond Jean, qu’il dit « comprendre ». « Nous sommes tous les deux à bord du même bateau », lance David Chéry à l’endroit de l’un des fers de lance du mouvement des sociétaires escroqués et qui a été, pendant plusieurs mois, emprisonné.

David Chéry demande aux sociétaires de comprendre qu’il est « important qu’il demeure en vie ». Car ceci peut contribuer, selon lui, à l’aboutissement du processus de remboursement des sociétaires.

Le scandale des coopératives remonte au début de l’année 2002, lorsqu’une série de coopératives d’épargne et de crédit a commencé a déclaré faillite, suite a des opérations de rémunération des parts sociales à 12%. Les pertes étaient estimées a plus de 250 millions de Dollars.

Le président Jean-Bertrand Aristide, qui avait toujours encouragé ces activités de coopératives, est tenu pour responsable de cette situation, par des milliers de victimes à travers le pays. Il avait promis le remboursement des fonds aux sociétaires victimes. Jusqu’à présent, le dossier est en cours et seule une faible portion de la population concernée a pu récupérer une partie de son argent. [vs apr 17/06/2003 17:30]