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Bolivie : Enjeux de l’intégration sud-américaine

A l’approche du 2e Sommet de la Communauté Sud-américaine des Nations

Par Wooldy Edson Louidor, Envoyé spécial

Cochabamba (Bolivie), 5 déc. 06 [AlterPresse] --- La Communauté Sud-américaine des Nations (CSN), dont le 2e sommet a lieu les 8 et 9 décembre 2006 à Cochabamba, est une initiative de 12 pays sud-américains qui cherchent à s’intégrer comme un bloc. De ces 12 nations, 5 font partie du Marché Commun Sud-américain (MERCOSUR-Argentine, Paraguay, Uruguay, Brésil et Venezuela), 4 de la Communauté Andine des Nations (Colombie, Équateur, Pérou et Bolivie) et 3 autres membres : Chili, Surinam et Guyanes.

Ces pays sud-américains connaissent des situations similaires : en premier lieu, ils se situent tous dans le même lieu géographique (l’Amérique du Sud). En deuxième lieu, ils adoptent des régimes présidentiels de démocratie représentative (avec plusieurs partis politiques) et le système économique de marché. En troisième lieu, ils partagent la volonté de renforcer leurs liens commerciaux entre eux en améliorant le marché intracontinental et en éliminant les taxes et autres impôts d’importation.

Cette uniformité aux niveaux politique, économique et commercial pourrait favoriser, à son tour, un ensemble de projets communs d’intégration, surtout aux niveaux économique et commercial : depuis les voies de communication jusqu’aux gazoducs (entre Venezuela, Brésil et Argentine, par exemple).

Cependant, au niveau politique, l’intégration de ces pays s’avère difficile parce que la Communauté Sud-américaine de Nations (CSN) n’est pas économiquement forte ni politiquement autonome (par exemple, l’hégémonie américaine pèse lourd sur la région).

En outre, il existe des divergences d’intérêts entre les pays membres de la CSN qui marchent, selon l’expression de l’actuel président bolivien Evo Morales, « à différentes vitesses ». Des pays comme Surinam et Guyane, outre la différence de langues, n’ont presque aucune connexion commerciale ou des voies de communication avec le reste des membres de la CSN.

Il existe aussi un contentieux idéologique entre les pays membres de la CSN. Des membres de la CSN, comme le Chili, la Colombie et le Pérou, ont déjà souscrit au Traité de ZLEA –Zone de Libre Échange des Amériques- avec les Etats-Unis d’Amérique, alors que Venezuela et Bolivie ont signé avec Cuba le Traité Commercial des Peuples. La signature de ces accords commerciaux témoigne (à l’exception du Chili où la présidente socialiste Miguel Bachelet récemment élue est en train de changer l’équation politique et idéologique) des liens idéologiques des pays de la CSN avec l’un des deux principaux rivaux du continent américain : Cuba ou les États-Unis.

Par exemple, le gouvernement colombien est l’allié de Washington, son bailleur de fonds et son allié militaire dans la lutte contre les guérillas colombiennes de tendance communiste, notamment les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) qui sont proches de Venezuela et de Cuba. Les présidents vénézuélien et bolivien, Hugo Chávez et Evo Morales respectivement, se sont présentés comme disciples du leader « máximo » communiste de Cuba, Fidel Castro.

Au-delà de toutes ces divergences et conflits, l’intégration des pays sud-américains dans un bloc pourrait faciliter la circulation du flux humain et commercial dans la région et augmenter leur capacité interne (à tous les niveaux) pour mieux défendre leurs intérêts dans les négociations des accords et traités de tous types, sur le plan international, avec les Etats-Unis, l’Union Européenne et le Japon, par exemple.

C’est lors du Deuxième Sommet de la Communauté Sud-américaine des Nations (CSN) que les 12 présidents sud-américains discuteront sur le type d’intégration qu’ils adopteront.

Simultanément avec le Deuxième Sommet de la CSN, des réseaux d’organisations et de mouvements sociaux alternatifs de la région sud-américaine réaliseront un Sommet social pour l’intégration des peuples à Cochabamba, du 6 au 9 décembre 2006, afin de réfléchir en tant que société civile sur l’intégration sud-américaine, d’élaborer des propositions « alternatives » pour une intégration solidaire, participative et équitable et de faire une incidence de telle sorte que leurs propositions soient prises en compte par les 12 présidents sud-américains. [wel gp apr 05/12/2006 10:00]