P-au-P, 4 Déc. 06 [AlterPresse] --- L’organisation internationale Action Contre la Faim déclare voler au secours des familles haïtiennes sinistrées après de fortes intempéries enregistrées, en novembre 2006, dans plusieurs régions du pays, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Ce soutien consiste, notamment, en la distribution de l’eau potable dans des quartiers vulnérables afin de préserver un accès à l’eau de la population, de contenir la situation et d’éviter toute dégradation supplémentaire.
« Ces distributions vont permettre d’assurer un minimum de 5 litres d’eau par jour à 10 000 personnes. 2000 jerrycans, 4000 seaux et 2000 savons seront également distribués afin de limiter les conséquences sanitaires de la situation et préserver des conditions d’hygiène décentes aux populations sinistrées », précise l’organisation dans un communiqué consulté par AlterPresse.
Action contre la Faim rappelle que depuis une dizaine de jours, Haïti connaît de fortes intempéries où les régions du Nord-Ouest, de la Grande Anse (Sud-Ouest d’Haïti), sont les plus touchées. L’organisme souligne que plus de 2500 familles sont déjà sinistrées, une partie de la ville de Port de Paix (chef-lieu du département du Nord-Ouest) est privée d’eau potable, tandis que le secteur agricole a subi de larges pertes.
« Ces pluies ont notamment endommagé l’adduction principale du réseau de la ville de Port-de-Paix : 30 000 personnes seraient ainsi privées d’accès à l’eau », indique Action contre la Faim dans ce communiqué.
Selon cette organisation non gouvernementale internationale, les acteurs du marché informel de l’eau ont déjà commencé à augmenter leurs prix, dans une ville où les plus vulnérables n’ont pas forcément les moyens de collecter beaucoup d’eau de pluie. Pour les familles qui disposent de citernes, les fortes pluies ont rempli leurs réservoirs de boue.
Outre les distributions effectuées, les équipes de Action contre la Faim entendent apporter un soutien technique aux autorités haïtiennes pour remettre en état les réseaux d’eau endommagés par les pluies à Port de Paix et Jérémie (chef-lieu de la Grande Anse).
Un événement représentatif de la situation en Haïti
Le moindre désordre climatique a de fortes conséquences humaines en Haïti, du fait de la déficience des infrastructures et du désastre écologique en cours dans le pays, rappelle Action contre la Faim.
« Les infrastructures en eau et assainissement d’Haïti sont pour une large part déficientes, notamment en zone urbaine. Ceci conjugué à une forte croissance démographique et à un très fort exode rural, les installations existantes (points d’eau, pompes, canaux de drainages, latrines etc.) sont souvent sur-sollicitées et - en l’absence d’entretien - souvent dans un état déplorable », écrit l’organisme dans son communiqué.
Action contre la Faim estime que l’accès à l’eau potable en Haïti doit être considéré aujourd’hui comme un problème de « santé publique » qui entretient une véritable « urgence silencieuse ».
D’autre part, poursuit-elle, Haïti présente les caractéristiques d’une véritable catastrophe écologique.
Entre 1970 et 2004, la couverture forestière originelle haïtienne est passée de 15% à 1,5%, selon Action contre la Faim faisant référence au rapport de « International Crisis Group » intitulé « Une nouvelle chance pour Haïti ».
« Les premières conséquences sont une érosion accélérée, un appauvrissement des sols cultivables ainsi qu’une perturbation importante du cycle de l’eau. Les populations vivant en contrebas de ces « monts pelés » sont donc plus qu’exposées aux colères météorologiques, l’eau dévalant les collines pour s’amonceler dans les « vallées », conclut Action contre la Faim. [do rc apr 04/12/2006 10 :30]