P-au-P, 3 déc. 06 [AlterPresse] --- Au moins deux personnes sont mortes, l’une dans le Nord, l’autre dans l’Ouest d’Haïti, à l’occasion des municipales et locales du dimanche 3 décembre 2006, marquées par une faible participation d’électrices et d’électeurs, suivant un ensemble d’informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Divers incidents ont marqué la journée électorale, notamment dans des communes de la zone métropolitaine de la capitale, de l’Artibonite, du Nord, du Nord-Ouest, du Nord-Est et du Sud-Ouest (Grande Anse). Des partisans de candidats se sont lancé des pierres en différents bureaux de vote (BV), des barricades de pneus usagés enflammés ont même été dressées à la sortie nord de la capitale, à Croix des Missions, dans la commune de Tabarre.
A Tabarre, peu avant la fermeture des BV, des électeurs se plaignaient de n’avoir pas pu voter, du fait qu’ils avaient retiré leurs cartes d’identification nationale (CIN) ou cartes électorales dans une autre municipalité. Dans des bureaux visités par AlterPresse, seulement les membres et des mandataires de partis politiques avaient voté, environ une heure avant la clôture des opérations.
D’autre part, des tirs d’armes d’origine non encore déterminée, ont été entendus en début de journée à Martissant, banlieue sud de la capitale. Aucune précision n’a pu être obtenue quant aux conséquences directes ou indirectes de ces rafales sur le vote des électeurs.
Beaucoup plus que les électeurs, les mandataires des partis politiques se sont retrouvés en très grand nombre dans les centres de vote, beaucoup de policiers nationaux et de militaires de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (MINUSTAH), accompagnés d’agents de sécurité électorale, y ont assuré une présence significative.
Côté organisationnel, les managers, superviseurs et membres des bureaux de vote (BV) ont paru mieux maîtriser le processus, comparativement aux présidentielles et législatives des 7 février et 21 avril 2006. Les listes électorales étaient affichées par ordre alphabétique, de manière à ce que les votants puissent repérer les BV où ils devaient remplir leur devoir civique.
Une amélioration a été observée dans la gestion du processus, particulièrement en ce qui concerne la ponctualité sur les lieux des membres de bureaux de vote et la disponibilité du matériel de vote. Dans les villes, les électeurs devaient choisir un cartel municipal et un délégué de ville, tandis que, dans les sections communales, le choix devait porter sur un cartel municipal, un cartel de conseil d’administration de section communale (CASEC) et un cartel d’assemblée de section communale.
Des observateurs mettent l’absentéisme des votants sur le compte de l’absence de motivation réalisée par les partis politiques, vis-à-vis des enjeux véritables des consultations municipales et locales. D’autres, plus prudents, déclarent attendre la fin du processus de vote avant d’analyser le comportement des électeurs pour ce dimanche 3 décembre, d’autant que plusieurs votants ont préféré aller prier dans les églises en début de journée.
Le rôle des collectivités territoriales est mis en évidence en relation, spécialement, aux réponses concrètes à apporter dans la gestion de réalités quotidiennes apparemment complexes, comme les questions de l’assainissement, des résidus solides, de transport public et autres.
Pendant la journée de vote du 3 décembre 2006, les responsables sortants des collectivités territoriales ne semblaient pas se préoccuper outre mesure de ces problèmes, tant les faiblesses administratives étaient patentes. Par exemple, un état d’insalubrité a été observé dans plusieurs bureaux de vote non nettoyés préalablement au démarrage des opérations de vote.
Différents grands axes routiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince étaient animés avec la circulation de véhicules de transport en commun et l’ouverture du commerce informel. Cependant, la circulation globale demeurait beaucoup plus fluide que les jours d’intenses activités régulières.
La veille du jour du vote, le président du Conseil Electoral Provisoire (CEP), Max Mathurin, prévoyait une participation d’environ 40% de l’électorat au scrutin municipal et local du 3 décembre 2006.
3.5 millions de citoyennes et citoyens ont été convoqués dans 834 centres de vote, logeant 9 mille 228 bureaux. Ils devaient choisir un total de 1420 élus aux Conseils d’Administration des Sections Communales (CASEC), Assemblées de Sections Communales (ASEC), Mairies et Délégations de ville.
29 mille candidats étaient en lice dans la compétition électorale qui doit aussi permettre, par des élections indirectes, l’établissement d’un Conseil Électoral Permanent et le renforcement du système judiciaire, 19 années après la ratification de la Constitution nationale le 29 mars 1987.
Ces élections ont occasionné des dépenses chiffrées à 16.9 millions de dollars, fournis majoritairement par la communauté internationale. Le gouvernement a offert une aide d’un million 700 mille dollars aux partis politiques pour soutenir leurs campagnes électorales.
Les élections municipales et locales du 3 décembre 2006 se sont déroulées dans un contexte de recrudescence de la violence et de l’insécurité, marquée particulièrement par une série de kidnappings, dont ceux d’enfants et de personnalités politiques durant les mois d’octobre et de novembre 2006. [rc apr 03/12/2006 15 :30]