Papaye/Hinche (Haïti), 2 déc.06 [AlterPresse] --- Décentralisation véritable, participation des paysans au processus de production nationale, dispositions urgentes de protection de l’environnement, telles ont été quelques-unes des revendications issues de la troisième assemblée générale de la Plate-forme nationale des organisations paysannes haïtiennes (PLANOPA) tenues à Papaye (Hinche, à 128 kilomètres au nord-est de la capitale), du 23 au 25 novembre 2006, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Les travaux, effectués par 160 délégués nationaux de 221 organisations réparties dans 97 communes de 9 des départements géographiques d’Haïti, ont été clôturés à l’aube du 26 novembre 2006 dans une ambiance de fatigue, mais de sentiment de labeur bien accompli.
La dernière journée, le samedi 25 novembre, a été marquée par un intense débat, notamment des délégués de l’Artibonite (Nord), sur les modes de représentation des organisations paysannes de ce département géographique à la coordination nationale et au comité exécutif de la PLANOPA.
Le problème s’est situé dans la fonction des représentants artibonitiens désignés à ces deux instances, qui diffère des prescriptions statutaires que venaient de voter les délégués à la troisième assemblée générale.
Les tentatives de trouver une entente entre les délégués de l’Artibonite s’étant révélées infructueuses, pendant une suspension des travaux, le comité exécutif nouvellement ratifié a décidé de demander aux délégués de ce département d’aller régler le différend au sein de la coordination régionale.
Il demeure entendu que la place des représentants de l’Artibonite, à la coordination nationale et au comité exécutif de la PLANOPA, sera occupée au terme de la décision qui sera adoptée par la coordination régionale. A cette rencontre régionale, devront participer les membres du comité exécutif nouvellement élu.
« L’unité paysanne est la force indispensable au changement social » a été le thème central des trois journées de la troisième assemblée générale de la PLANOPA.
Les délégués paysans ont exprimé des desiderata en faveur de la souveraineté alimentaire, de la décentralisation et de la déconcentration, de la justice sociale, des réformes au sein de l’appareil judiciaire national, mais contre la vie chère, la pauvreté, l’injustice, le kidnapping, les produits alimentaires importés, la privatisation, le Fonds Monétaire International (FMI).
Pour les cinq années à venir, la Plate-forme nationale des organisations paysannes haïtiennes se propose de s’investir dans un renforcement organisationnel et d’entreprendre des actions pertinentes sur le plan économique, social et politique.
« Bien souvent, les organisations qui élaborent sur le papier des programmes alléchants arrivent difficilement à présenter des bilans probants », avertit Philefrant Saint-Naré, le nouveau coordonnateur élu de la PLANOPA, pour justifier les grandes lignes d’action définies par le regroupement pour les cinq années à venir.
Côté économique, la PLANOPA compte réaliser un inventaire de l’ensemble des terres possédées par l’Etat, une action qui entre dans le champ de travail de l’Institut National de la Réforme Agraire (INARA) dont le directeur général Bernard Ethéart a pris part à une partie de la troisième assemblée générale les 24 et 25 novembre.
Développer une agriculture organique au sein des organisations membres, faciliter la formation dans la gestion des micro entreprises et dans les coopératives, encourager l’élevage et la commercialisation de produits entre les organisations membres, œuvrer à la protection de l’environnement, forment aussi des perspectives d’intervention de la PLANOPA jusqu’en 2011.
Sur le plan social et politique, la PLANOPA envisage d’exercer des pressions sur le Parlement en vue du vote de lois favorables au secteur des paysans et conformes à leurs revendications.
Outre la solidarité organisationnelle, la plateforme paysanne s’efforcera de recenser les sites historiques d’Haïti de manière à susciter la commémoration d’événements y relatifs, tels les journées nationales en faveur des paysans, des femmes, des jeunes et la commémoration de la fête de l’agriculture et du travail le 1er mai de chaque année. Des sessions de formation seront adressées aux jeunes dans le sens d’un encadrement / accompagnement des organisations paysannes.
Déroulés au Centre Lakay du Mouvement des Paysans, les travaux ont mobilisé des ressources financières importantes, dont les frais de transport, de séjour et de nourriture des participantes et participants, y compris les invités spéciaux, a appris AlterPresse.
Le comité exécutif, élu pour 3 ans à la tête de la PLANOPA, est composé de : Philefrant Saint-Naré du Mouvement des Paysans de Papaye (MPP, Centre) comme coordonnateur, Félix Saint-Pierre du Mouvement des Paysans Travailleurs du Sud comme coordonnateur adjoint, Fed Blema de Konbit Peyizan Nip (KPN, Nippes) comme Secrétaire, Assancio Jacques du Réseau des Associations Commerciales Paysannes du Bas Artibonite (RACPABA, Artibonite) comme Secrétaire Adjoint, Yvette Michaud du Mouvement des Paysans Nationaux du Congrès de Papaye (MPNKP, Ouest) comme Trésorière, Taléus Christophe du Rassemblement des Paysans de Milot (RPM, Nord) comme porte-parole, de Joseph Jean Germane d’un mouvement de paysans dans l’Ouest comme porte-parole adjoint, Alta Prophète du Mouvement des Paysans Agricoles de Grand Bassin (MOPAG, Nord-Est) comme membre, Junette Hilaire de Oganizasyon Peyizan Tèt Ansanm Mawotyè (OPETMA, Nord-Ouest) comme membre, de Joseph Saint-Clair de Oganizasyon peyizan Rezistans pou Devlopman Kay Jakmèl (OPRDKJ, Sud-Est) comme membre. [rc apr 2/12/2006 6 :00]