P-au-P, 23 Nov. 06 [AlterPresse] --- Au moins une dizaine de cas de personnes kidnappées ont été signalés ces deux dernières semaines à Port-au-Prince, où la population assiste à une recrudescence de cette forme d’insécurité qui touche presque tous les secteurs de la société haïtienne, suivant un ensemble d’informations parvenues à l’agence en ligne AlterPresse.
Ce chiffre serait largement inférieur à la quantité réelle d’actes de séquestration perpétrés à l’encontre de citoyennes et citoyens de la zone métropolitaine de la capitale et volontairement tus par les victimes, dont plusieurs souffrent de nombreux traumatismes.
Par crainte de représailles, les proches des victimes n’alertent pas souvent, sur ces cas, la Police Nationale d’Haïti (PNH) qui, de temps à autre, parvient à libérer certains otages sur un nombre vraisemblablement plus important, suivant les témoignages transmis à AlterPresse.
Dans la soirée du mardi 21 novembre 2006, des bandits armés ont semé la panique au centre-ville de Port-au-Prince en tirant de nombreuses rafales d’armes, malgré l’apparence de vigilance des agents de la PNH faisant le guet et perquisitionnant les véhicules sur différentes artères. Le 22 novembre, de petits commerçants ont été rançonnés par des bandits.
Le climat d’angoisse est tel que divers secteurs s’interrogent sur l’absence de réponses fermes aux menées et manoeuvres des bandits armés, de la part des autorités constituées. D’aucuns n’hésitent pas à parler de laxisme, voire de passivité, vu le niveau élevé de l’insécurité ou d’actes d’agression armée enregistrés quotidiennement et durant ces dernières semaines dans la capitale.
Dans la majorité des cas d’enlèvement, les ravisseurs se font de plus en plus menaçants à l’égard de leurs otages dont les parents ne sont, quelquefois, pas en mesure de livrer la rançon exigée.
Farah Kerbie Dessources est le cas le plus sanglant de personnes enlevées ayant été exécutées au cours de ces derniers jours.
Agée de 20 ans, cette jeune demoiselle à la peau claire a été enlevée, à la mi-novembre 2006, à la barrière de sa résidence à Marin, en plaine (nord de la capitale) par des kidnappeurs qui exigeaient une forte rançon de 30 000 dollars américains en échange de sa libération.
Incapable de trouver cette somme, sa mère, Maggy Dessources, affirme avoir versé 20 mille gourdes (38,25 gourdes pour un dollar américain) aux ravisseurs. Contre toute attente, le cadavre de cette jeune demoiselle mutilée a été retrouvé, le 16 novembre, abandonné sur la chaussée à Santo 3 (nord).
Étudiante en première année à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti, Farah Dessources est le produit d’un viol, si l’on en croit les propos de Maggy Dessources qui a été violée par un blanc alors qu’elle travaillait dans un hôtel.
Outre la mort tragique de Farah Dessources, d’autres cas d’enlèvement sont signalés à la capitale haïtienne où la population est depuis quelques semaines plongée dans la désolation.
Le 22 novembre 2006, un écolier de 14 ans a été libéré à la suite d’une opération policière contre un réseau de kidnappeurs. L’adolescent a été kidnappé à la rue Caravelle (nord-est de la capitale) par un groupe de preneurs d’otage, parmi eux une femme déportée.
La veille, cinq personnes qui se rendaient à Mirebalais (centre du pays) à bord d’un véhicule, ont été enlevées non loin de la Croix-des -Bouquets (nord-est). Ces personnes, dont un étranger, sont toujours aux mains de leurs ravisseurs, selon les informations dont dispose AlterPresse.
Parallèlement, une directrice d’école a été kidnappée en début de semaine à Fontamara 43 (banlieue sud) par des individus armés qui l’ont conduit dans une destination inconnue. A date, on ignore si cette femme a été libérée par ses ravisseurs.
C’est dans ce contexte d’insécurité généralisée que de nombreux secteurs, dont étudiants et écoliers, appellent au départ des soldats de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH).
Le 22 novembre 2006, des élèves du Lycée Toussaint Louverture appuyés par des étudiants de la Faculté des Sciences Humaines ont évoqué l’incapacité des troupes onusiennes à faire face au phénomène d’insécurité qui fait rage à Port-au-Prince.
Parallèlement, des élections locales, municipales et législatives complémentaires s’annoncent pour le 3 décembre 2006.
Un responsable de campagne de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) a été abattu de plusieurs balles, dans des circonstances non encore élucidées. à Delmas (une des municipalités de la zone métropolitaine de Port-au-Prince). L’OPL pointe du doigt des partisans de la plate-forme politique au pouvoir dans l’assassinat de son représentant. Certains candidats et responsables de partis politiques participant à ces joutes exigent de meilleures conditions de sécurité en vue de mener une campagne véritable auprès de leur électorat. [do rc apr 23/11/2006 9 :40]