P-au-P, 22 Nov. 06 [AlterPresse] --- La France a refusé, vendredi (17 novembre 2006), d’accueillir un trafiquant de drogue américain d’origine haïtienne suite à une demande formulée en ce sens par les autorités américaines, rapporte le quotidien Miami Herald.
Âgé aujourd’hui de 58 ans, Lionel Jean-Baptiste avait, en 1996, renoncé à sa nationalité haïtienne en acceptant de prendre la nationalité américaine. Six mois plus tard, il a été soupçonné de participation au trafic des stupéfiants. En janvier 1997, il avait plaidé coupable puis a été condamné à sept ans de prison. En 2002, il a été déchu de sa nationalité américaine.
Une première demande de déportation, formulée au début du mois de novembre auprès du Consulat général d’Haïti en Floride, a été refusée par le Consul d’Haïti, Ralph Latortue, qui brandissait la constitution haïtienne de 1987 pour rejeter cette demande.
« Selon notre constitution, il n’est pas autorisé à avoir un document haïtien. Dès qu’il a opté pour une autre nationalité, il a automatiquement perdu sa nationalité haïtienne », déclarait le diplomate haïtien.
Le gouvernement des Etats-Unis envisageait de faire des démarches auprès de son homologue haïtien en vue de faciliter l’expulsion de ce trafiquant de drogue. A date, AlterPresse ignore si de telles démarches ont été faites directement auprès de l’équipe de Jacques Édouard Alexis.
En tout cas, Lionel Jean-Baptiste a lui-même déclaré aux autorités de l’immigration américaine à Miami que « si Paris rejette cette requête, les Etats-Unis pourraient se tourner vers la République Dominicaine ».
Dans la lettre de demande d’expulsion au Consulat de France, les autorités américaines présentent Lionel Jean-Baptiste comme un citoyen français.
« Je suis tombé dans le désespoir quand j’ai reçu cette lettre mercredi », indique le principal intéressé.
En réaction à cette lettre, le Consulat français a affirmé que les autorités françaises n’ont « aucune preuve » que Lionel Jean-Baptiste soit un citoyen français. Par conséquent il ne peut pas l’accepter, a-t-il fait valoir.
Les fonctionnaires de l’immigration américaine ont à leur tour précisé que l’allusion à la citoyenneté française est une erreur dans la lettre.
La saga de ce citoyen sans patrie, propriétaire d’un grand restaurant à Miami, continue. Lionel Jean-Baptiste réfléchit actuellement derrière quatre murs, miné par le désespoir.
« Chaque jour, quand je me réveille, je me sens comme une personne qui vit dans l’enfer », dit le prisonnier au Miami Herald.
Lionel Jean-Baptiste était arrivé aux Etats-Unis d’Amérique en 1980 à bord d’une embarcation de fortune transportant 155 boat people en provenance d’Haïti. Il est le père de 5 enfants âgés de 11 à 38 ans. [do gp apr 22/11/2006 17:20]