Collaboration spéciale de Rodney Saint-Eloi
Montréal, 22 nov. 06 [AlterPresse] --- L’écrivain haitien Dany Laferrière a remporté le prestigieux Prix du Gouverneur général pour son premier titre-jeunesse Je suis fou de Vava, publié chez La Bagnole.
Le livre Je suis fou de Vava plonge les jeunes lecteurs dans ce que Laferrière sait si bien faire : raconter son enfance. Le personnage, on le connaît déjà. C’est Vieux Os. Il aime jouer avec les fourmis. Il passe l’après-midi sur la galerie avec sa grand-mère Da. Il écoute les moindres palpitations des habitants de Petit-Goave. Il surveille sa bicyclette rouge. Mais ce qu’il adore le plus, c’est Vava, cette fille, belle et luisante dans sa robe jaune qui fait chavirer son cœur. Quand on aime à dix ans, cela dure…. toute la vie.
Ce récit-jeunesse est la réécriture du roman L’odeur du café (1991) dans lequel l’auteur raconte son enfance.
Le livre est illustré par le jeune illustrateur québécois Frédéric Normandin. Luxe de détails, couleurs chatoyantes et surtout ces flamboyants en fleurs et ces paysages évocateurs aident à mieux comprendre le paradis rose de l’enfance de Laferrière.
Pour la catégorie jeunesse en langue française, 172 titres-jeunesse étaient en compétition dans la langue française.
Pour l’auteur Dany Laferrière, heureux et jovial à la manière de Vieux Os, à l’annonce du prix ce mardi à la Grande Bibliothèque de Montréal, « c’est une récompense à une enfance haïtienne dans une société québécoise qui ne fait pas souvent cas de ces images-là. Les gens peuvent raconter à leurs enfants qu’en Haït, il y eu des moments de bonheur simple de la vie quotidienne. Quand le Canada attribue son prix le plus prestigieux à un livre qui raconte l’enfance haïtienne, ce succès rejaillit sur Haïti tout entière. »
Selon une enseignante haïtienne vivant à Montréal, militant en faveur des enfants haïtiens marginalisés, « ce prix fait écho au combat pour la dignité de l’être haïtien, menacé ces jours-ci en territoire étranger. Il faut sur tous les plans poursuivre le combat qui consiste à montrer qu’il y a autre chose en Haïti que la violence port-au-princienne. Le prix est en ce sens un moment heureux pour la communauté haïtienne du Canada. »
Romancier, chroniqueur, scénariste, réalisateur, Dany Laferrière est né en 1953 à Petit-Goâve. Il vit à Montréal depuis juin 1976, il a publié en 1986 son premier roman Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, qui a eu tout de suite l’effet d’une bombe littéraire. Depuis, il a fait de l’écriture son unique combat. Il a obtenu plusieurs prix dont :
1991 Prix Carbet de la Caraïbe, pour L’Odeur du café
1993 Prix Edgar-l’Espérance, pour Le Goût des jeunes filles
2000 Prix Carbet des Lycéens, pour Le Cri des oiseaux fous
2002 Prix RFO du Livre, pour Cette Grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ?
Par ailleurs, a été attribué le Gouverneur Général pour la Traduction anglaise à Hugh Hazelton, le traducteur du recueil de poème Vetiver du poète d’origine haïtienne Joël Desrosiers.
De Petit-Goâve de Dany Laferrière à la ville des Cayes de Joël Desrosiers, qui sert de cadre au long poème épique de l’auteur de Vétiver, on assiste à l’affirmation de la présence haïtienne dans les littératures du Canada.
Les prix littéraires du Gouverneur général sont décernés chaque année aux meilleurs ouvrages de langue française et de langue anglaise dans chacune des sept catégories : roman, poésie, théâtre, jeunesse, illustration, traduction, essai. Doté d’une bourse de 15 000 dollars, chacun des lauréats recevra également un exemplaire de son œuvre reliée. Les éditeurs des livres gagnants recevront chacun la somme de 3000 dollars pour leurs activités de promotion ; les finalistes non lauréats, la somme de 1000 dollars. La valeur totale des Prix se chiffre donc à plus de 300 000 dollars.
Les prix seront remis par la gouverneure générale, Michaëlle Jean, le 13 décembre à Rideau Hall. [rse gp apr 22/11/2006 15:00]
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