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Haïti : Des lycéens manifestent contre la présence de soldats étrangers

P-au-P, 22 Nov. 06 [AlterPresse] --- Des élèves du Lycée Toussaint Louverture ont investi les rues de Port-au-Prince, ce 22 novembre 2006, pour exiger « la désoccupation du pays » par les militaires étrangers déployés dans le cadre de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH).

Les manifestants, qui ont parcouru plusieurs rues de la capitale, se sont dirigés vers la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) en vue d’obtenir le soutien des étudiants de cette entité de l’Université d’État d’Haïti (UEH).

Au moment où une délégation de lycéens quittait le siège du Lycée, la présence de soldats de la MINUSTAH a été remarquée dans le périmètre de cet établissement scolaire public.

« Nous ne voulons plus de militaires étrangers sur notre territoire », scandaient certains manifestants qui appellent les autorités haïtiennes à assumer leurs responsabilités en vue du recouvrement de la souveraineté du pays.

La manifestation apparemment improvisée des élèves du Lycée Toussaint fait suite à une visite du Ministre de l’Éducation nationale dans cet établissement. Des soldats onusiens qui étaient postés aux alentours du Lycée n’étaient pas bien vus par les élèves qui n’ont pas pris du temps pour gagner les rues.

Depuis le 24 octobre 2006, des manifestations en cascade d’étudiants et de secteurs organisés comme Jubilée Sud ont lieu à Port-au-Prince contre la présence des troupes onusiennes dans le pays.

Le 18 novembre 2006, à l’occasion de la commémoration du 203e anniversaire de la Bataille de Vertières ayant conduit à l’indépendance d’Haïti en 1804, trois casques bleus philippins ont été pris à partie par des étudiants de la Faculté des Sciences Humaines. Deux manifestants ont été blessés par balles d’un agent de sécurité d’une banque commerciale. Des pare-brise de véhicule de la MINUSTAH ont été cassés par des manifestants en colère.

Réagissant à ce mouvement de protestation anti-MINUSTAH, le chef civil de cette mission de l’ONU a indiqué que ces étudiants se laissent traverser par des idéologies. Edmond Mulet a fait savoir que ces étudiants sont minoritaires et ne dépassent pas le chiffre de 200.

De son côté, le gouvernement haïtien, par la voix du Premier Ministre Jacques Édouard Alexis, affirme être en train d’étudier une solution au problème de forces étrangères onusiennes sur le sol national.

« Nous sommes en train de travailler pour que nous arrivions à fêter Vertières dans des conditions qui ne soient pas des conditions où des forces internationales se retrouvent sur notre territoire », indiquait Jacques Édouard Alexis, interrogé par des journalistes, dont un reporter d’AlterPresse.

Depuis le 1er juin 2004, des casques bleus sont déployés en Haïti pour prendre le relais de l’opération de maintien de la paix entamée par une Force multinationale intérimaire en Haïti suite à la chute de l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide, le 29 février 2004.

Le 15 août 2006, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté la résolution 1702 prévoyant la mise en place d’une composante civile et d’une composante militaire de 7200 casques bleus.

La MINUSTAH a aujourd’hui une composante militaire de 6, 662 casques bleus issus de 19 pays membres de l’ONU. [do gp apr 22/11/2006 14 :00]