P-au-P., 07 nov. 06 [AlterPresse] --- Le directeur de l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF) a annoncé (le 6 novembre) la mise en application, à partir de ce mardi (7 novembre) la mise en application en Haïti d’un nouvel instrument dans les dispositifs de lutte contre le blanchiment des capitaux.
Il s’agit en fait de l’adoption d’un nouveau logiciel (informatique) qui permettra dorénavant à l’UCREF de « recevoir de manière électronique des institutions financières les déclarations de provenance de fonds et de soupçons ».
Jean Yves Noël justifie l’adoption de ce système de saisie et de transmission d’informations par « la nécessité de mettre en place des outils efficaces de gestion dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des avoirs provenant du trafic illicite de la drogue et d’autres infractions graves.
Le chef de l’investigation financière haïtienne évoque aussi « la nécessité d’introduire une méthode et un mode opératoire transparent afin de rendre disponibles toutes les informations financières du système bancaire et de crédibiliser l’impartialité de la machine anti-corruption ».
Le numéro 1 de l’UCREF souligne enfin la volonté de mettre en place des moyens de contrôle et d’audit des transactions bancaires qui sollicitent des fonds importants.
Selon Jean Yves Noël, ce nouveau système pour les banques comporte des avantages à la fois pour les banques, les clients et l’UCREF.
La présidente de l’Association professionnelle des banques (APB), Gladys Coupet, abonde dans le même sens en évoquant notamment l’importance du nouveau logiciel dans « le traitement et la sécurisation des informations ». En effet, les banques ont désormais « la possibilité d’avoir une compilation de données de tout ce qui est transmis à l’UCREF et d’effectuer à l’occasion des requêtes y relatives, tout en minimisant considérablement les temps de recherche », fait valoir le chef de l’investigation financière haïtienne.
Ce projet de l’UCREF est financé par l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et exécuté par une entreprise haïtienne dénommée « SOLUTION S.A. », sous la conduite de « SRA International ».
Le directeur de l’USAID dit espérer que ce nouveau logiciel informatique permettra à l’Unité centrale des renseignements financiers d’ « exercer un meilleur contrôle sur les activités de blanchiment d’argent en Haïti ».
Paul Tuebner indique que « le gouvernement des Etats-Unis, à travers l’USAID, se réjouit de pouvoir apporter son support aux efforts du gouvernement haïtien à travers l’Unité centrale de renseignements financiers en vue de s’attaquer efficacement au phénomène du blanchiment d’argent ».
Le directeur de l’USAID se réjouit par ailleurs de l’appui du gouvernement américain au Ministère des finances « en vue de mettre sur pied un réseau informatique sans fil, devant permettre au gouvernement haïtien de gérer de manière intégrée les informations financières de l’Etat ». Un tel système favorisera, renchérit Paul Tuebner, « une gestion transparente des dépenses et recettes publiques.
Tuebner justifie également ces apports par le fait que « l’une des grandes contraintes à la stabilité, au progrès, et à la sécurité d’un peuple, réside en la faiblesse des gouvernements à trouver des solutions aux fléaux que constituent la corruption, le blanchiment d’argent, le trafic de la drogue et la pauvreté ».
Dans le classement mondial de l’ONG britannique « Tansparency International », publié à Berlin (Allemagne), le 6 novembre 2006, Haïti figure au bas du classement aux côtés de la Birmanie et de l’Irak. La corruption dans ces trois pays est perçue comme généralisée, souligne le rapport.
Référant à son récent livre « Haïti : la nation écartelée », l’économiste haïtien Fritz Déshommes, également vice-recteur de l’Université d’Etat d’Haïti, fait valoir que Haïti n’a pas la capacité matérielle de mériter le titre de « champion du monde de la corruption ». Pour lui, le classement est l’œuvre de « faiseurs d’images internationaux », même si, admet-il, que la corruption bat son plein en Haïti et qu’il faille la combattre avec la dernière rigueur. [vs apr 07/11/06 19:40]