P-au-P, 04 Nov. 06 [AlterPresse] --- L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) lance une nouvelle initiative visant à aider les gouvernements à combattre la corruption par une transparence accrue dans la réglementation et les achats de médicaments, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
« Des sommes colossales sont consacrées à l’achat de produits pharmaceutiques - jusqu’à US $50 milliards par an - et le marché est si important qu’il est devenu très exposé à la corruption », estime l’OMS dans un communiqué transmis à AlterPresse.
S’appuyant sur des estimations récentes, l’Organisation mondiale de la santé révèle que jusqu’à 25 % des médicaments achetés peuvent être perdus à cause d’actes frauduleux ou de malversations diverses.
Pour enrayer ce phénomène, qui affecte gravement le système sanitaire un peu partout dans le monde, l’OMS déclare mettre sur pied un groupe de spécialistes de la lutte anti-corruption et d’experts des médicaments, provenant d’organisations internationales et de différents pays, afin de promouvoir une plus grande transparence.
Une réunion de deux jours, destinée à fixer les stratégies et à mettre en place la nouvelle initiative, a eu lieu les 30 et 31 octobre 2006, au siège de l’OMS à Genève (Suisse). La première étape consiste à engager un groupe d’experts et de spécialistes indépendants.
Ensuite, l’Organisation réunira une base de données des meilleures pratiques et des expériences qui ont fait leurs preuves dans les pays, afin de promouvoir une bonne gouvernance dans le secteur pharmaceutique public.
« La corruption est un problème mondial qui touche les pays à revenu élevé comme les pays à faible revenu, et aucun ne doit être gêné d’aborder la question. Mais, les pays à faible revenu sont les plus vulnérables et ce sont eux que nous voulons aider, en premier, par la promotion de pratiques plus transparentes et plus économiques », dit le docteur Hans Hogerzeil, Directeur de Politique et normes pharmaceutiques à l’OMS.
L’agence onusienne souligne qu’avant de parvenir à ceux qui en ont besoin, les médicaments passent par plusieurs intermédiaires, au long d’une chaîne complexe de production et de distribution, ce qui en fait une cible privilégiée pour la corruption.
Il ressort, d’un récent rapport de Transparency International que, dans un pays, le montant perdu, du fait de la corruption et de la fraude en milieu hospitalier, équivaut aux deux tiers des médicaments achetés.
« C’est là une aberration, si l’on songe que les populations pauvres sont déjà confrontées à une forte charge de morbidité et à l’accès insuffisant aux médicaments. Les pays doivent affronter ce problème et veiller à ce que les ressources précieuses consacrées à la santé soient dépensées à bon escient », fait remarquer le docteur Howard Zucker, Sous-Directeur général de l’OMS, chargé de la Technologie de la santé et des produits pharmaceutiques.
Mis à part le gaspillage de ressources et le danger que la corruption constitue pour la vie des patients, l’OMS pense qu’elle permet aussi l’entrée, dans la chaîne pharmaceutique, de produits contrefaits et de qualité inférieure représentant une autre menace pour la santé des communautés.
Parallèlement, le Conseil exécutif de l’OMS se réunira, du 6 au 8 novembre 2006 au Siège de l’organisation, pour désigner une autre personne devant occuper le poste de Directeur général.
Le conseil exécutif de cette agence de l’ONU doit élire un nouveau directeur pour succéder au docteur Lee Jong-Wook, décédé le lundi 22 mai 2006 des suites d’une brève maladie. [do rc apr 04/11/2006 0:00]