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La presse indépendante haitienne célèbre la journée latino-américaine de la presse dans la hantise de nouvelles secousses

Communiqué du GRALIP en date du 6 juin 2003

A l’occasion du 7 juin, journée latino-américaine de la presse, le Groupe de
Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (Gralip) salue le courage
et l’engagement patriotique des travailleuses et travailleurs de la presse
indépendante confrontés à d’énormes difficultés, naturelles ou provoquées,
dans l’accomplissement de leurs devoirs professionnels.

Le Gralip en profite pour souligner, à l’attention de tous, une accumulation
impressionnante, ces derniers jours, de faits et déclarations, en apparence
hétéroclites ; mais, s’inscrivant en réalité dans une logique de système,
farouchement hostile à la liberté d’expression et au pluralisme des idées en
Haïti.

En diagnostiquant les différents éléments qui sont intervenus, remettant en
question à chaque fois, une expression démocratique universellement
reconnue : la liberté de la presse, le Gralip constate que la presse
indépendante, du sommet à la base, de biais ou de front, est ciblée par des
groupes ou individus obscurs, animés à des degrés divers, d’une hostilité
vengeresse vis-à -vis des médias et journalistes indépendants, coupables à 
leurs yeux, de rester collés à une réalité qui contraste violemment avec
l’Haïti de rêve du discours officiel.

Le Gralip dénonce la tentative déloyale et illégale du juge d’instruction de
St-Marc, Bredi Fabien de convoquer le PDG de Radio Kiskeya, Sonny Bastien,
pour avoir interviewé le 24 avril 2002, le juge Kesner Noà« l, peu avant son
départ en avril, à cause d’énormes pressions politiques exercées sur le
magistrat en vue d’obtenir l’inculpation de l’ex-président militaire Prosper
Avril, dans le massacre de Piatre, en mars 1990.

Malgré l’annulation du mandat sur l’intervention de l’avocat du confrère,
l’inquiétude demeure sur la détermination acharnée du juge Fabien à exercer
des poursuites judiciaires contre un Journaliste jouissant de ses droits
citoyens et de ses prérogatives en matière d’information du public.

D’autre part, le mercredi 21 mai 2003, le Directeur de l’information de
Radio Kiskeya, Marvel Dandin, s’est fait insulter jusque dans sa vie privée
par certains auditeurs hyperagressifs qui participaient à une émission de
lignes ouvertes ’’ dim’ ma di’w’’.

L’un d’eux a même évoqué l’éventualité de la suspension forcée de
l’émission, espace dédié à l’éducation populaire, pour cause de
’’déséquilibre politique’’.

Dans la même veine, le correspondant de Radio Kiskeya à Jérémie,
Charles-Emile Joassaint, le plus ancien membre du réseau de correspondant de
la station, a été contraint de se mettre à couvert, suite à des menaces de
mort dont il a fait l’objet. En effet, des individus, identifiés comme des
membres d’organisations dites populaires, ont remis le 12 mai 2003, à 
Charles-Emile Joassaint, une lettre dans laquelle un ultimatum de huit jours
lui a été donné pour revoir sa position sur l’affaire Liliane Pierre-Paul,
la Directrice de la programmation de Radio Kiskeya, à qui, une lettre
accompagnée d’une balle a été adressée le 30 avril 2003.

Le correspondant a été pourchassé et sa résidence à Jérémie, attaquée à 
coups de pierres, puis privée d’électricité.

A souligner également, le cas du reporter de Radio Nationale d’Haïti, Ronald
Jean-Baptiste, destinataire d’un courrier rempli de menaces assorties d’une
cartouche.

Parallèlement, le Gralip observe avec inquiétude , la lente progression ou
l’état stationnaire des dossiers de Jean Dominique et de Brignol Lindor
respectivement devant la cour d’appel et la cour de cassation.

Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse est aussi
préoccupé par la réorientation politique de TELEMAX,
annoncée en fanfare, à travers l’assemblée des actionnaires par les
nouveaux patrons de la chaine. Sans aucune prétention d’ingérence dans la
vie interne de TELEMAX, station commerciale régie par la législation sur les
entreprises privées, le Gralip rappelle le caractère imprescriptible de la
responsabilité des médias vis-à -vis de la communauté, du droit à 
l’information, du public et tient à manifester sa solidarité à l’équipe de
TELEMAX déboussolée par les nouvelles directives visant à faire de la
chaine, une télévision totalement récréative.

A l’occasion de la journée latino-américaine de la presse, le Groupe de
Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse, soucieux face aux grands
vices et petites vertus des dirigeants politiques actuels, les met en garde
contre toute tentation pernicieuse, à partitr en guerre contre la presse
indépendante, au mépris de la constitution, des conventions internationales
et des fondamentaux d’une société démocratique, inclusive et plurielle.

Pour le GRALIP,

Vario Sérant, Coordonnateur principal

Stéphane Pierre Paul, Assistant Coordonateur

Ronald Colbert, Administrateur