Par Le Comité Citoyen Pour la Dignité Nationale
Soumis à AlterPresse le 19 octobre 2006
La Banque Centrale haïtienne, en 2006, a encore raté une belle occasion de mettre à l’honneur, à travers nos billets de banque, l’un des grands forgerons de l’Indépendance nationale : Jean-Jacques Dessalines.
Il est malheureux de constater que, d’année en année, la Banque le fait reculer d’un rang. En 2005, de nouveaux billets étaient mis en circulation où l’effigie du Premier Chef d’Etat haïtien et Général en Chef de l’Armée Indigène figurait au second rang, avec un billet de 250 gourdes.
Entre-temps, à la mi-octobre 2005, le gouvernement intérimaire annonce que l’année 2006 sera consacrée l’année Dessalines avec en perspective, un ensemble de manifestations à la charge de la Commission Présidentielle pour la Célébration du Bicentenaire.
Il est donc surprenant qu’en 2006, en plein bicentenaire de la disparition tragique de l’Empereur, assassiné en 1806, la Banque des Banques annonce la mise en circulation d’un nouveau billet de 1000 gourdes, cette fois, à l’effigie d’un autre chef d’Etat haïtien.
Par ailleurs, dans un pays où des générations de femmes esclaves et combattantes ont payé du prix du sang, leur participation à la guerre d’Indépendance, il est regrettable que la Banque Centrale assigne à l’unique héroine retenue sur les 7 billets, le plus faible montant, soit 10 gourdes.
Nous en appelons, donc, à la vigilance citoyenne et nous exhortons la Commission Nationale pour la commémoration de l’Année Dessalines à se responsabiliser, car, la Banque Centrale, elle aussi, à sa manière, devrait contribuer à rehausser la mémoire du Fondateur de la Nation, en ces temps où le bicolore bleu et rouge est en berne.
En ce sens, et selon les prescrits de la Constitution de 1987, prônant la participation et les pratiques démocratiques, nous réclamons des explications publiques de la Banque des Banques. En effet, sur quels critères, à la suite de quelles consultations citoyennes, sur quelles recommandations associatives, la Banque a-t-elle décidé qu’en cette année du Bicentenaire dessalinien, la place d’honneur devait revenir à un autre président ?
En conclusion , la Banque Centrale doit réparation à celui qui fut :
le Premier Empereur du Premier Etat libre des Caraïbes
le Pionnier - à travers les aides à Miranda- de l’Internationale de la Liberté dans les Amériques, 150 ans avant Che Guevara
Le Pionnier caraïbéen de la conception du Principe d’Universalité des Droits Humains, 140 ans avant l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme par les Nations-Unies ; tout homme esclave, dans n’importe quelle partie du monde, devenait libre, une fois foulée la terre d’Haïti.
Le Pionnier de l’Etat anti-raciste sans esclaves des Amériques, qui, avant les Etats-Unis d’Amérique du Nord, réunissait des Européens (Polonais) et des Africains (noirs et mulâtres) au sein d’une même patrie : Haïti
Le Justicier du Cacique Enriquillo, de la reine Anacaona et des tribus indigènes -décimées par la barbarie coloniale- qui restaura à cette terre sacrée, le nom millénaire d’Haïti choisi par les indigènes Taïnos, après 400 ans d’usage de l’appellation coloniale française dite "Saint-Domingue",
L’heureux époux de l’Impératrice Claire-Heureuse, pionnière caraïbéenne qui, plus de 140 ans avant l’adoption des Conventions Internationales de Genève sur les blessés de Guerre, pratiquait déjà le Droit Humanitaire International quand elle cachait les soldats blessés de l’armée coloniale française, pour leur prodiguer des soins avec autant de dévouement qu’elle le faisait pour les révolutionnaires indigènes blessés.
Bref, la Banque Centrale haïtienne doit restituer à l’Empereur, la place qui lui revient, autrement dit, la place d’honneur. Pourquoi pas un billet de 2000 (deux mille) gourdes à son effigie, au 18 novembre 2007 ? Simplement pour que les premiers ne restent pas les derniers…pour le respect de la vérité historique et pour le bon exemple aux jeunes générations.
Patriotiquement,
Port-au-Prince, 13 octobre 2006
Le Comité Citoyen Pour la Dignité Nationale :
Lisane André
Sinnomé Saint-Clair
Nilsa Chéry
Antonal Mortimé