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Haïti : Préval appelle à l’unité à l’occasion du bicentenaire de l’assassinat du fondateur de la nation

En présence des arrières petits fils de Jean Jacques Dessalines, de diplomates étrangers, d’écoliers, de paysans haïtiens, les activités commémorant le bicentenaire de l’assassinat du fondateur de la nation haïtienne ont pris fin à Marchand (Nord) par un message de fraternité du chef de l’État, René Préval.

Par Djems Olivier, Envoyé spécial

Marchand-Dessalines, 18 Oct. 06 [AlterPresse] --- Le président René Préval a appelé, le 17 octobre 2006, à l’unité de tous les Haïtiens en vue de recoudre le tissu social haitien déchiré par les luttes intestines et l’ambition du pouvoir.

« Peuple haïtien, il y a déjà 200 ans que nous menons une lutte intestine préjudiciable à l’économie du pays, lutte qui nous rend de plus en plus pauvres et qui détruit le rêve de tous les fils et filles du pays de génération en génération », déclare René Préval, à l’occasion du bicentenaire de l’assassinat de l’empereur Jean Jacques Dessalines, fondateur de la nation haïtienne.

A Marchand Dessalines, le chef de l’État haïtien a délivré son message en faveur de l’égalité et de la fraternité entre tous les fils du pays.

Membres du corps diplomatique et consulaire, grands commis de l’État, paysans, journalistes, policiers haïtiens et des Nations Unies, entre autres, étaient tous et toutes à l’écoute du président de la République.

En 10 minutes, René Préval a prononcé un discours en Créole (la langue de tous les Haïtiens) dans lequel il a invité le peuple haïtien à mettre de côté ses intérêts mesquins afin de contribuer à remettre le pays sur ses rails.

« Il est temps de mettre un terme à la politique partisane, au pouvoir personnel, à l’exclusion sociale et à la chasse aux sorcières (…) Nous devons lutter pour l’égalité et la fraternité, pour augmenter la production nationale, pour la multiplication des écoles », lance le chef de l’État.

« Nous devons lutter pour faire régner l’ordre en vue d’encourager l’investissement dans le pays (…) Lutter contre l’ignorance, lutter pour que tout le monde ait accès à la santé », poursuit le premier mandataire de la nation.

Selon René Préval, Dessalines a rempli sa mission en permettant aux anciens esclaves de la colonie de Saint Domingue d’accéder à la liberté. Deux cents ans après la mort de l’empereur, le chef de l’État croit important de « lutter pour l’égalité et la fraternité » en vue d’éradiquer la misère au sein des familles haïtiennes.

« Dessalines n’avait pas de partisans. Nos ancêtres étaient tout simplement partisans de la liberté. Peuple haïtien, nos ancêtres nous ont donnés la liberté en héritage (…) Un héritage pour toute l’humanité. Dessalines a (…) a rempli sa mission », soutient René Préval.

Sous un soleil de plomb, de nombreuses personnes, dont des écoliers, rassemblées sur la place Jacques 1er, écoutaient attentivement le message délivré par le président haïtien à l’occasion de ce grand événement historique.

« L’assassinat de l’empereur représente le premier événement tragique de notre histoire », selon l’historien Michel Hector, président de la commission du bicentenaire de l’assassinat de Jean Jacques Dessalines.

Le professeur Hector évoque quatre éléments qui constituent, selon lui, l’idéal dessalinien. Ce sont : l’unité, l’équité, la souveraineté et la solidarité.

Selon le président de la commission, Dessalines optait pour un État fondé sur l’unité et l’équité en vue d’arriver à un « État solide pour un pays souverain. »

Michel Hector estime que l’unité et l’équité que voulait Dessalines permettront de jeter les bases d’une vraie nation haïtienne. Le professeur d’université appelle les Haïtiens à suivre les traces de Dessalines en cultivant la paix, l’unité et la tolérance.

Des membres d’organisations paysannes ont eux aussi marqué leur présence. Certains d’entre ont brandi des pancartes sur lesquelles on a pu lire des messages favorables à la réforme agraire à la justice sociale.

« Nous sommes des bénéficiaires de la dernière réforme agraire effectuée par le président Préval lors de son premier mandat, les grandons ont accaparé les terres qui nous ont été distribuées », dit Louis Désir.

De l’estrade où il tenait ses propos de circonstance, René Préval semblait comprendre les griefs de ces paysans. « Les paysans doivent trouver le soutien de l’État, pour qu’ils soient en mesure de produire. Nous devons travailler pour bâtir une économie solide », indique le président haïtien.

Après avoir déposé une gerbe de fleurs aux pieds de la statue de Jean Jacques Dessalines érigée sur la place Jacques 1er, René Préval s’est fondu dans la foule. Le même scénario s’était produit dans la matinée au Pont-Rouge lorsque le président de la République s’infiltrait dans la foule, saluant quelques partisans et sympathisants.

La commémoration du bicentenaire de la mort de Dessalines a été l’occasion pour le maire de Marchand Dessalines d’expliquer au président Préval les problèmes auxquels fait face sa commune.

L’insécurité, le manque de moyens au commissariat de police et l’absence d’infrastructures routières sont quelques-uns des problèmes soulevés par Alex Alexandre.

Quelques minutes avant la célébration eucharistique qui a donné le coup d’envoi des activités commémoratives de ce 200e anniversaire, des employés de la mairie de Marchand Dessalines manifestaient sur les lieux réservés aux différentes cérémonies. Ils exigeaient le paiement de plusieurs mois d’arriérés de salaire.

Le 17 octobre 1806, Jean-Jacques Dessalines, un des généraux de la guerre de l’indépendance d’Haïti, périt dans une embuscade au Pont-Rouge à la sortie nord de Port-au-Prince en compagnie de son homme de confiance, Charlotin Marcadieux. Ses restes furent transférés au Cimetière intérieur Sainte-Anne. [do gp apr 18/10/2006 11 :00]