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Haïti-Rep. Dominicaine : Cuisant problème d’absence de marché public à Anse-à-Pitres / Pedernales

P-au-P, 16 Oct. 06 [AlterPresse] --- La commune frontalière d’Anse-à-Pitres fait face à un grave problème d’absence de marché public, constatent des responsables d’organisations locales.

Marc Aurel Syvrain du Comité de Suivi pour la construction du marché d’Anse-à-Pitres estime que l’État haitien manque à ses devoirs en ne dotant pas cette région, située à la frontière haïtiano-dominicaine, d’un marché public.

En l’absence de cet espace d’échanges au niveau local, les commerçants et acheteurs haïtiens ont recours à un marché public bi-national, mis en place par l’État dominicain à Pedernales.

Sur ce centre d’affaires, informe Marc Aurel Syvrain, 450 marchands et marchandes d’Haïti ont été formellement pris en compte, en échange de 22 500 pesos qu’ils paient à l’État dominicain.

Ils s’acquittent, en outre, d’une taxe de 290 pesos par jour imposée par les percepteurs de contribution.

Par ailleurs, 300 petits marchands du secteur informel versent quotidiennement 15 pesos aux percepteurs dominicains. « Ils paient des taxes exorbitantes, leurs marchandises sont souvent volées, tandis que l’État haïtien demeure les bras croisés », dénonce Marc Aurel Syvrain.

Dans la même veine, Christa Jeudy Santana, responsable de la section finance au sein du Comité, fait part d’autres exactions dont font constamment l’objet les commerçantes et commerçants haïtiens de la part des civils et militaires dominicains.

« Ils nous giflent, nous arrêtent arbitrairement et nous contraignent à rester sous un soleil de plomb », raconte-elle, les yeux humectés de larmes.

Suivant ses propos, des marchands haïtiens appréhendés sont souvent convertis en jardinier par les militaires dominicains.

Depuis quelques temps, les habitants d’Anse-à-Pitres ont fait un premier pas et établi un espace de marché communautaire dans leur commune. Cependant, ce marché fonctionne dans la précarité. Pas de tentes, commerçantes et commerçants étalent leurs marchandises à même le sol.

Pourtant, désormais, les contributions des 450 commerçants qui occupent cet espace, « augmentent les recettes de l’État haïtien », soutient Christa Jeudy.

Les commerçants d’Anse-à-Pitres appellent à l’intervention urgente du gouvernement haïtien en vue de construire définitivement un marché public dans cette région contiguë à la frontière dominicaine.

« Nous réclamons de l’État haïtien la construction d’un marché public moderne qui desservira toute la population et nous appelons au contrôle des marchandises qui doivent traverser la frontière haïtiano-dominicaine », lance Marc Aurel Syvrain.

Le responsable communautaire invite les marchands des autres localités haïtiennes ayant frontière commune avec d’autres régions dominicaines de se rallier à ce mouvement en vue de contraindre l’État haïtien à assumer ses responsabilités. [do gp apr 16/10/2006 11 :00]