Des femmes haïtiennes : paysannes, écolières, militantes de promotion des droits de la femme, fonctionnaires, se sont réunies ce 12 octobre 2006 au siège du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes (MCFDF) pour discuter des conditions d’existence des femmes rurales haïtiennes.
P-au-P, 12 Oct. 06 [AlterPresse] --- Ce rassemblement organisé par le MCFDF visait, entre autres, à sensibiliser le gouvernement et l’ensemble de la population sur le rôle essentiel des femmes haïtiennes et à combattre les inégalités et préjugés à l’égard des femmes paysannes qui ont surtout besoin de l’aide de tous les secteurs.
Marie Laurence Jocelyn Lassègue, Ministre à la Condition Féminine s’interroge sur les conditions de vie des femmes haïtiennes, particulièrement les femmes paysannes qui font toutes sortes de travail en vue d’assurer l’avenir de leurs progénitures.
« Pourquoi les femmes agricultrices sont elles plus pauvres que les hommes, pourquoi ne trouvent-elles pas les moyens nécessaires à la production, pourquoi la journée de travail d’une femme coûte moins chère que celle d’un homme », se demande Marie Laurence Jocelyn Lassègue dans son message en prélude à la célébration de la Journée mondiale des femmes rurales, le 15 octobre 2006.
Selon la Ministre, les femmes rurales s’occupent de tout pour gagner leur vie et celle de leurs proches. Agriculture, élevage, artisanat, commerce, ce sont entre autres à toutes ces activités que les paysannes haïtiennes s’adonnent. Marie Laurence Lassègue est consciente et promet de sensibiliser les autres ministères sur le sort de cette catégorie de la société haitienne.
« Le Ministère à la Condition Féminine est déterminé à sensibiliser les autres institutions publiques en vue de se doter d’outils permettant de trouver des réponses régulières aux problèmes des femmes rurales », assure la titulaire du MCFDF.
Lassègue est d’avis que le travail des femmes rurales mérite d’être honoré. « Nous savons bien dans quelles conditions elles mènent ces activités (…) Et nous voulons travailler pour une société égalitaire, une société juste et équilibrée », indique la Ministre, visiblement touchée par les témoignages de certaines femmes rurales qui participaient à l’activité du 12 octobre.
La Ministre annonce la mise à exécution de programmes générateurs de revenus, de concert avec les autres instances de l’État, en vue de garantir l’autonomie financière des femmes rurales d’Haïti.
« Depuis la destruction de nos cochons créoles, les femmes paysannes n’ont pas de carnet de banque. Nos récoltes sont maigres, le riz de l’Artibonite n’est plus et nos marchés sont envahis par le riz importé », se désole une jeune femme venant de la région de l’Artibonite (Nord).
Cette femme, qui dirige une organisation dénommée « Komite Refleksyon Fanm Latibonit » (Comité de Réflexion des Femmes de l’Artibonite), préconise l’établissement de magasins communautaires dans les zones excentrées d’Haïti.
Madame Esaïe, une femme qui réside dans les hauteurs de Furcy (petite localité située non loin de Kenscoff à l’est de Port-au-Prince) a ébranlé l’assistance. Mère de 7 enfants, cette paysanne déclare s’adonner à toutes sortes d’activités pour assurer l’avenir de ses progénitures. Et comme d’autres femmes de sa localité, elle bénéficie d’un programme de crédit mis en œuvre par l’Institut Interaméricain de Coopération Agricole (IICA).
« Il n’y a pas de crédit sans intérêt. Malheureusement, il y a très peu de crédit dans le monde rural haïtien », souligne Rachèle Chéry fonctionnaire de l’IICA.
« Les femmes représentent le poumon de l’économie nationale, pourtant elles sont privées de tout : de centres de santé, de logements sociaux », estime Rachèle Chéry.
Un accent particulier a été mis sur la problématique de l’exode rural en Haïti. Selon Danielle Avin de la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), de plus en plus de femmes sont touchées par l’exode rural en Haïti.
En 2006, la Journée mondiale des femmes rurales est axée sur la mise en œuvre de stratégies qui permettront aux femmes rurales de devenir les leaders de demain. Cette journée est une initiative lancée lors de la quatrième Conférence des Nations unies sur les femmes à Beijing en 1995.
La femme rurale d’aujourd’hui, à l’instar de ses ancêtres, est un leader méconnu, un producteur alimentaire primaire, le pilier de sa famille, et un champion du développement durable, soutiennent les participants à cette rencontre. [do gp apr 12/10/2006 16:00]