P-au-P., 11 oct. 06 [AlterPresse] --- L’insécurité alimentaire, la violence et les désastres constituent des problèmes cruciaux en Haïti, selon ce que constate la directrice générale d’Oxfam Grande Bretagne, Barbara Stocking, qui effectue une tournée à travers plusieurs régions du pays du 7 au 13 octobre 2006.
La question de la sécurité alimentaire est un « vrai problème », déclare Barbara Stocking dans une interview accordée à AlterPresse, alors qu’elle se déplace dans les réions pour s’informer de l’impact des actions d’Oxfam en Haïti.
Les efforts pour palier à l’insécurité alimentaire donnent des résultats patents dans le cas de certaines productions, comme le café, le lait, tandis que les résultats sont moins visibles dans d’autres, comme le riz, souligne la directrice d’Oxfam GB.
« On peut voir » comment les producteurs de café haïtiens parviennent à faire valoir leurs produits à travers les circuits de commerce équitable, affirme Barbara Stocking. Au niveau du lait également, la production locale « fait la différence », signale-t-elle en prenant l’exemple d’une laiterie à Limonade (Nord). « Il y a un marché et grâce à cette activité, les producteurs envoient leurs enfants à l’école, se paient des soins de santé, etc », ajoute-t-elle.
La situation se révèle plus difficile dans le secteur du riz où, souligne Barbara Stocking, le marché est envahi par le riz produit aux États-Unis, laissant les producteurs locaux sans aucune perspective de maintenir et rentabiliser leur production.
Par rapport à cette problématique, « il ne s’agit plus de multiplier les petites expériences », soutient la directrice d’Oxfam GB, qui entend « appuyer un plaidoyer » en vue de mesures étatiques appropriées pour favoriser la production nationale.
A propos de la situation de violence notamment dans les quartiers populaires, Barbara Stocking constate à Carrefour Feuilles (périphérie sud) « un besoin de paix ». « Ce qui m’a frappé, c’est le niveau de rejet de la violence manifesté par les communautés locales », confie-t-elle, en ajoutant que « c’est très impressionnant ».
Oxfam est membre d’une plate-forme nationale de lutte contre la violence armée. « Les armes ne sont pas produites en Haiti », fait remarquer le numéro un d’Oxfam GB, qui prône la signature d’un traité international réglementant la circulation des armes. A cet effet une campagne mondiale est conduite, conjointement avec Amnesty International, pour porter les États à ratifier le document aux Nations Unies.
Cette question sera à l’ordre du jour des échanges entre Barbara Stocking et les dirigeants haitiens, notamment le président René Préval, qu’elle doit rencontrer le 12 octobre.
Oxfam GB est présent depuis 20 ans en Haiti et consacre annuellement un montant de 2 millions de livre pour appuyer diverses actions. Une des priorités actuelles concerne les catastrophes naturelles, qui sont « de plus en plus fréquentes et sévères » dans le pays, fait remarquer Barbara Stocking.
Dans le cadre de son programme, Oxfam GB a mis en place un projet de gestion des risques dans 22 quartiers urbains du Cap-Haïtien et 4 municipalités rurales du département du Nord. « C’est très important que la population soit engagée dans ces actions », estime Barbara Stocking, qui a participé ce 11 octobre à l’inauguration d’une exposition humanitaire au Cap-Haïtien à l’occasion de la Journée Mondiale de la Réduction des Catastrophes. [gp apr 11/10/2006 11:00]